Jean-Michel Apathie et Jean-Luc Melenchon


Jean-Luc Mélenchon sur RTL le 21/02/2011

Introduction

L’entretien eu lieu dans l’émission L’invité de RTL le 21 février 2011. Cette discussion a été houleuse, en effet, plus qu’une interview,  la rencontre s’est très vite muée en débat outrepassant les normes classiques de l’entretien radiophonique. M. Mélenchon, très à l’aise dans cet exercice, a démontré son autorité en prenant le rôle de M. Apathie en tant que journaliste. Il s’est effectivement autorisé à le prendre à parti et à lui poser des questions.

Nous étudions ci dessous les actes et paroles qui ont conduit les deux protagonistes à faire preuve de moquerie et d’ironie l’un envers l’autre, les conduisant à passer d’une simple conversation à une dispute. Les mauvaises relations induites par cette entrevue entraînèrent Jean-Luc Mélenchon à refuser de participer de nouveau à cette émission, ou au Grand Journal de Canal +, pour peu que M. Apathie soit le journaliste l’interviewant. Cet entretien est donc la seule rencontre existante entre ce journaliste et ce candidat.

I. Contexte

L’émission L’invité de RTL est une entrevue quotidienne suivie par deux millions d’auditeurs qui a lieu à 7h50. Ce programme propose une interview, dirigée par Jean- Michel Apathie, où un invité politique ou une personnalité importante s’exprime sur des sujets actuels. Jean Michel Apathie est un journaliste chroniqueur travaillant pour RTL depuis 2003 et travaillant pour le Grand Journal de Canal + depuis 2006. Il a eu une carrière exemplaire en gagnant des nombreux prix comme le prix Roland Dorgelès, décerné à des journalistes pour leur attachement à la qualité de la langue française ainsi que le prix Phillippe-Caloni du meilleur intervieweur. Il fut partisan du parti socialiste de 1982 à 1986, lorsque le parti était au pouvoir.


II. Analyse

Le programme présenté, L’invité de RTL, étant une émission de débat politique sérieuse et n’ayant pas d’attrait particulier pour la polémique, il est donc étonnant que les deux protagonistes aient fini par manquer de sang froid. Afin de comprendre comment l’interview[1] a basculé d’un simple débat politique constitué d’échange d’opinion à une dispute, il est important de se pencher sur les détails de celle-ci. Le rôle que jouent les deux intervenants, leurs temps de paroles et les relations qu’ils entretiennent sont autant d’indices pouvant nous permettre de comprendre pourquoi la situation s’est envenimée.

Jean-Michel Apathie
Jean-Luc Mélenchon
Domaine de pratique Social
Actualité, Interview Radiophonique
Principes
Dire la vérité, être sérieux, débattre de la réalité
Visées discursives
Faire en sorte que M. Mélenchon réponde à ses questions,  le provoquer en étant ironique
Parler et montrer son intérêt pour l’actualité, prouver au journaliste qu’il a tord en répondant à ses attaques
Finalités
L’interviewer, faire de l’audience
Se faire élire et convaincre le public
Orientations discursives
Discours hétérocentré interrogatif
Discours hétérocentré explicatif et orienté autour d’une réflexion sur Dominique Strauss-Kahn, puis de Cuba
Rôles
Journaliste critique et impertinent
Candidat à la présidentielle
Problématisation de l’animateur
Qu’avez vous pensé de l’intervention de Dominique Strauss-Kahn hier soir sur France2 ?
Maintenez-vous que Cuba n’est pas une dictature ?
Temps de parole
Interventions nombreuses mais courtes
Interventions très longues
Prise de parole
Autorisé et prenant
Prenant
Nombre de prises de parole
32
26
Relation verticale
En théorie M. Apathie devrait avoir plus de pouvoir que M. Mélenchon mais en pratique ils sont équivalents, M. Mélenchon ayant même parfois le dessus
Relation horizontale
Très Distante
Type de relation
Confrontation
Type d’intervention (logos/pathos/ethos)
Logos
Logos / pathos
Actes informatifs autonomes : assertions"
Assertions présentes
"Actes sollicitants :
questions/réponses"
J.M Apathie questionne J.L. Mélenchon la plupart du temps mais la situation s’inverse parfois, l’invité posant parfois des questions au journaliste
"Actes sollicitants :
demande de validation/validation + accord/désaccord"
Les protagonistes  ne cherchent pas à obtenir la validation de l’autre. Ils sont le plus souvent en désaccord.
"Actes traitant d'info. déjà émises :
validation, réception, itération, accord, désaccord"
Itération des questions : « Peut-être vous étiez-vous assoupi ? »
Itération sur l’opinion de la femme de Dominique Strauss-Kahn qui est trop souvent demandée.
Actes gérant la rencontre + prise de contact
Cordial au premier abord, M. Apathie tente de reprendre le contrôle de la conversation, une fois que celle-ci a dérivé, en changeant de sujet.
Interventions problématisées directrices
M. Apathie propose de traiter de Dominique Strauss-Kahn, des pays communistes et Cuba.
Interventions problématisées de relance par reprise
M. Apathie relance parfois quelques questions.
M. Mélenchon a toujours le temps pour finir ses phrases.
Interventions problématisées de relance par adjonction
Absentes du débat
Interventions problématisées de relance par changement de focalisation
M. Apathie tente de le ramener dans le sujet.
Le changement de focalisation est une technique très utilisée par M. Mélenchon.
Interventions réactives
Interventions directives
Interventions réactives
Interventions continuatives
L’interview étant décousue, les deux protagonistes se font couper la parole et reprennent leur phrase.
Interventions saltatoires
Absentes dans le discours de J.M. Apathie
Interventions transgressives, M. Mélenchon ignore les propositions de M. Apathie.
Interventions non problématisées
Absentes du débat
actes de parole dominants de la sphère de l'information
Apport d’information sur le sujet du G20 et les pays émergents.
Son discours sur Dominique Strauss-Kahn, le G20, l’Irlande et l ‘Islande font partie de la sphère informationnelle
Actes de parole dominants de la sphère de l'évaluation
M. Apathie émet des jugements de valeurs sur certains pays.
M. Mélenchon émet un jugement de valeur sur la non-dictature que serait Cuba selon lui.
actes de parole dominants de la sphère de l'interaction
Blâmes et accusations sont émis par les deux protagonistes sur l’un et l’autre et sur des sujets d’actualité.
Actes de parole dominants de la sphère contractuelle
Malgré les efforts de M. Apathie, il n’y a aucune régulation des tours de parole. M. Mélenchon monopolise la parole.
actes de parole dominants de la sphère actionnelle
J.M. Apathie condamne l’embargo sur Cuba fait par les américains à la demande de J.L. Mélenchon qui lui aussi la condamne.
Synthèse (grands points à retenir)
Interview désordonnée et chaotique. M. Mélenchon ne répond pas directement aux questions de M. Apathie et monopolise le temps de parole. La tension monte rapidement et les répliques ironiques et accusatrices fusent.

II. Commentaire

L’interview étudiée ci-dessus est un contrat d’information et d’explication passé entre deux protagonistes : Jean-Luc Mélenchon, en tant que candidat du Front de Gauche à la présidentielle et Jean-Michel Apathie, journaliste et chroniqueur pour RTL dans son émission L’invité de RTL. Il s’agit ici d’une interview radiophonique portant sur le thème de l’actualité.

Principes :

L’un des principes présents dans cette émission quotidienne est la vérité, les invités doivent donner leur point de vue sur des évènements réels en se justifiant et en faisant appel à des faits précis. Ils doivent donc faire preuve de sérieux lorsqu’ils débattent durant cette interview politique.

Visées discursives :

Jean-Michel Apathie veut faire en sorte que Jean-Luc Mélenchon réponde honnêtement à ses questions pour connaître son point de vue sur le thème abordé. En tant que présentateur de son émission, il utilise une attitude ironique et provocatrice pour provoquer une réaction déterminée chez l’interviewé.
M. Mélenchon, quant à lui, souhaite promouvoir et faire connaître son parti, le Front de Gauche en se définissant comme son leader. Il montre son intérêt pour l’actualité et veut prouver qu’il se tient au courant de ce qu’il se passe dans le monde afin de convaincre le public qu’il a les qualités d’un bon chef d’état. Il cherche également à mettre à jour les limites des journalistes, et pas seulement celles de M. Apathie, en tentant de leur démontrer qu’ils peuvent avoir tord et que leurs questions ne sont parfois pas dignes d’intérêt.

Finalités :

Le réel objectif recherché par les participants est d’une part l’audience pour M. Apathie qui doit rendre son émission attractive et intéressante afin que les auditeurs adhèrent à son programme et le suive quotidiennement. Pour ce faire, il interroge une personnalité politique et doit prouver sa compétence à aborder ce type de sujet avec aisance.
D’autre part, Jean-Luc Mélenchon a pour finalité de se faire élire, ou du moins de récolter le plus de voix possibles, lors des élections présidentielles qui auront lieu un an plus tard. Il cherche donc à convaincre le public de ses compétences et du bien fondé de ses idées et de celles de son parti politique.

Orientations discursives :

Tous ces points nous amènent à analyser l’orientation discursive des participants. Pour M. Apathie, le discours hétérocentré interrogatif est utilisé, plus explicitement, il s’adresse à M. Mélenchon pour l’interroger sur l’actualité et ses opinions. M. Mélenchon utilise un discours hétérocentré explicatif, pour exprimer son point de vue de manière claire et précise.

Rôles :

Chaque protagoniste a un rôle précis auquel il se tient, M. Apathie se veut être un journaliste critique et légèrement impertinent. M. Mélenchon, lui, représente le Front de Gauche à la présidentielle, et est l’invité de cette émission. Il se pose comme expert de l’actualité politique en cours. A un moment donné de l’interview, J.M. Apathie sous-entend que J.L. Mélenchon est communiste et tente de lui appliquer cette étiquette, ce que M. Mélenchon n’approuve ni ne réfute à aucun moment.

Problématisation de l’animateur :

La première question posée par Apathie concerne l’intervention de Dominique Strauss-Kahn qui s’était déroulé la veille sur la chaîne de télévision France 2. Puis, le débat s’oriente vers la question de Cuba et des pays sous le régime d’une dictature. Ces questions sont de l’ordre de l’actualité et demandent une réponse d’opinion à M. Mélenchon qui les trouve sans grand intérêt. Son agacement envers celles-ci et son refus d’y répondre directement sont deux facteurs clés de la mauvaise tournure qu’a pris cet entretien.

Temps, manière et nombre de prise de parole :

Alors que la rencontre débute selon un schéma classique, le journaliste pose des questions et l’invité y répond, cette tendance s’inverse rapidement. La prise de parole n’est pas équitable au sein des participants et n’est pas du tout organisée. Jean-Luc Mélenchon, en tant que « prenant », monopolise le temps de parole durant les sept minutes que durent l’interview, sans se soucier réellement des questions que lui pose M. Apathie, qui est pourtant « autorisé » mais également « prenant » En effet, le nombre de prise de parole est approximativement égal, de 32 pour M. Apathie et 26 pour M. Mélenchon, sachant que les interventions de M. Apathie sont succinctes contrairement à celles de M. Mélenchon qui accapare le temps qui lui est imparti, ne laissant que quelques secondes en moyennes entre deux prises de paroles.

Relation verticale/horizontale :

La relation entre Jean-Luc Mélenchon et Jean-Michel Apathie défie toutes les conventions établies lors d’une interview. En effet, alors que leur relation devrait être cordiale et basée autour d’une discussion politique sérieuse, les choses s’enveniment très rapidement. La relation horizontale y est à la base en accord avec une relation entre journaliste et homme politique. Cependant, au fil du temps, les relations se dégradent et  s’éloignent de plus en plus des normes en vigueur.
Pour ce qui est de la relation verticale, celle-ci est confuse car M. Apathie devrait être le meneur de la conversation tandis que M. Mélenchon devrait répondre à ses questions et suivre la ligne de l’interview fixée par celui-ci. Toutefois, M. Mélenchon monopolise le temps de parole et traite de sujets que n’a pas abordé M. Apathie. Parallèlement, il ne répond pas directement aux questions qui lui sont posées, s’autorisant même à interroger le journaliste. En bref, la relation verticale entretenue lors de cette entrevue est équivalente, Jean-Luc Mélenchon étant parfois supérieure au journaliste.

Type de relation

La relation verticale étant spéciale et hors des conventions, la tension augmente rapidement. Les deux protagonistes tentent chacun d’avoir le dernier mot et de prouver à l’autre le bien-fondé de son raisonnement ainsi que l’étendue de ses connaissances. La conversation d’abord cordiale vire rapidement en confrontation.

Type d’intervention

Les deux intervenants conversent de sujets d’actualité, il y a donc forcément un étalage de connaissance et donc du logos. Pourtant Jean-Luc Mélenchon intègrent du pathos à son discours lorsqu’il se plaint de la « machine médiatique » et en utilisant des expressions du type « Vous l’avez bien dans l’os ».

Actes sollicitant

En ce qui concerne les actes de questions/réponses, la majorité des questions est posée par le journaliste ce qui est cohérent vu qu’il s’agit de sa fonction première. Pourtant, la situation s’inverse parfois, notamment lorsque M. Mélenchon questionne M. Apathie sur ses opinions et valeurs politiques.
Les participants ne cherchent à aucun moment la validation de l’autre. Etant souvent en désaccord, ils cherchent davantage à dérouler leur point de vue, le développer plutôt que de tenter de convaincre l’autre.

Actes traitant l’information

Des itérations sont utilisées tout au long de l’interview. M. Apathie utilise des itérations de questions pour souligner son ironie. Par sa répétition de « Peut-être vous étiez vous assoupi ? », il montre son mépris envers Mr Mélenchon.
M. Mélenchon, quant à lui, utilise des itérations pour se moquer du thème que veut traiter le journaliste en répétant consécutivement que l’opinion de la femme de Dominique Strauss-Kahn n’est pas intéressante.

Actes gérant la rencontre

Après les formules de politesse d’usage, le débat devient houleux. J.M. Apathie qui ne contrôle plus la conversation, change de sujet à plusieurs reprises puis y revient pour justifier son choix. Il soupire et ricane pour montrer son désaccord et sa lassitude du candidat à la présidentielle qui contourne ses questions pour ne pas y répondre et aborder les sujets qui l’intéressent.
J.L. Mélenchon de son côté ne supporte pas le ton que prend le journaliste et l’empêche à une reprise de l’interrompre en lui faisant comprendre son agacement.

Intervention problématisée

Il existe plusieurs sortes d’interventions problématisées.
L’intervention directrice : M. Apathie en réalise à plusieurs reprises pour tenter de garder un fil directeur pendant l’interview. Il tente, en effet, d’aborder divers sujets pour connaître le point de vue de M. Mélenchon sur des sujets comme l’intervention télévisuelle de Dominique Strauss-Kahn, les pays communistes et Cuba.
L’intervention problématisée de relance par reprise : M. Apathie, pour avoir une réponse à ses questions, pose plusieurs fois la même question. M. Mélenchon, quant à lui, n’utilise ce type d’intervention à aucun moment puisqu’il prend toujours le temps de finir ses phrases, même lorsque M. Apathie tente de l’interrompre.
L’intervention problématisée de relance par changement de focalisation :
Très utilisée par J.L. Mélenchon au cours de l’interview, cette technique lui permet de passer d’un sujet à l’autre en utilisant le thème abordé précédemment comme fil conducteur. Cela lui permet d’aborder les sujets qu’il souhaite et de laisser de côté la question de départ auquel il n’a de toute évidence aucune envie de répondre. M. Apathie, qui tente parfois de le ramener dans le droit chemin, a toutes les peines du monde pour y arriver.

Interventions :

Les interventions de M. Mélenchon et de M. Apathie diffèrent. Le journaliste a davantage d’interventions directives car il souhaite diriger cette interview de façon claire et organisée. M. Mélenchon, lui, intervient dans le débat pour répondre aux questions et exprimer son point de vue, ce sont donc des interventions réactives.
Les interventions continuatives sont fréquentes dans le débat, les deux protagonistes ne s’écoutant pas et M. Apathie se faisant souvent interrompre. L’interview est décousue et désordonnée, chacun reprend donc à au moins une reprise une phrase qu’il s’est fait couper.
M. Mélenchon, contrairement à M. Apathie, utilise des interventions saltatoires lorsqu’il ignore les propositions de M. Apathie, il s’agit d’interventions transgressives.

Actes de parole dominants selon différentes sphère

 Il existe plusieurs actes de parole dominants selon des sphères précises comme on le verra par la suite.
Tout d’abord au sein de la sphère de l’information M. Apathie apporte quelques informations au discours de M. Mélenchon sur le sujet du Dominique Strauss-Kahn, l’Irlande et l’Islande ainsi que sur le G 20.
Au sein de la sphère de l’évaluation, les deux protagonistes émettent des jugements de valeur notamment sur les pays sous le régime de dictature comme Cuba, la Chine ou le Qatar.
Blâmes et accusations sont émis par les deux protagonistes sur l’un et l’autre ainsi que sur des sujets d’actualité pendant toute l’interview. Ces actes de parole font partie de la sphère de l’interaction.
Au niveau de la sphère contractuelle, M. Mélenchon monopolise majoritairement la parole. M. Apathie, bien que tentant de réguler la parole, « allez y », n’arrive pas à la reprendre pour structurer la rencontre.
Enfin, au sein de la sphère actionnelle, M. Apathie condamne, a la demande de M. Mélenchon, l’embargo des Etas Unis sur Cuba.

III.  Parallèle

a. Apathie et les autres candidats

Avec chaque candidat, ce journaliste démarre l’interview de façon cordiale, l’appelant par son nom et lui souhaitant « bonjour ». Cette entrée en matière est la même pour tous et se veut sympathique dans un respect de la courtoisie.
M. Apathie a été adhérent du parti socialiste durant plusieurs années. De ce fait, il a une tendance à se montrer plus conciliant envers les candidats de gauche. Pourtant, bien que Mélenchon soit le dirigeant du parti le Front de Gauche, M. Apathie se montre narquois et moqueur avec ce candidat.
Pour illustrer notre propos, l’interview avec le candidat représentant le parti socialiste à la présidentielle, François Hollande, fut dénuée d’animosité. M. Apathie le laissait, en effet, parler tout le temps qu’il souhaitait. M. Hollande a pu expliquer son programme et ses idées sans se faire reprendre et couper par le journaliste.
Une tactique souvent utilisée par ce M. Apathie est de poser des questions piège pour tenter de déstabiliser les candidats. Dans le cas de Mélenchon, la question posée fut : «  C’était le 7 janvier dernier, avant la révolte des peuples arabes, vous avez dit « Cuba n’est pas une dictature ». Vous maintenez ce matin Jean-Luc Mélenchon ? ». La réponse tranchante de M. Mélenchon ne se fit pas attendre : « Ce que je maintiens c’est que vous l’avez bien dans l’os ! ». Cette tactique des questions piège qui ne provoque pas systématiquement l’effet recherché, c’est-à-dire mettre l’invité au pied du mur et l’agacer, fonctionne, dans cet exemple, très bien.
Nous pouvons aussi remarquer qu’avec la candidate du Front National, Marine Le Pen, il se montre plus courtois et moins agacé qu’avec J.L. Mélenchon mais fidèle à lui-même, c’est-à-dire incisif et tentant de déstabiliser son invitée.  

b. Mélenchon et les autres émissions

Le candidat du Front de Gauche, M. Mélenchon se montre cordial dans toutes les autres émissions, il a une attitude qui ne varie pas beaucoup d’une interview à l’autre. Voulant exprimer ses idées, ce candidat ne laisse que très peu s’exprimer les journalistes. En effet, dans l’émission de Bourdin sur RMC, tout comme avec M. Apathie, il se met au niveau du journaliste et lui pose des questions
Jean-Luc Mélenchon a tendance à utiliser du pathos durant ces entrevues,  en mettant en avant son combat pour la liberté et ses idées. D’autre part, il tente de sortir de l’image de jeune combattant communiste qui lui colle au peu depuis son début en politique.

Conclusion

L’interview se caractérise par son côté désordonné et chaotique. M. Mélenchon ne répond pas directement aux questions de M. Apathie qui fait pourtant plusieurs interventions directives pour reprendre le fil de l’interview. Ce dernier ne peut donc pas jouer son rôle de journaliste, M. Mélenchon contestant ses questions et ne le laissant pas diriger l’interview en l’interrompant et posant parfois des questions.  Ce débat s’est donc rapidement transformé en polémique.
Par ses changements de focalisation, M. Mélenchon monopolise le temps de parole tout en ne répondant pas aux questions qui lui sont posées. La tension monte rapidement et les répliques ironiques et accusatrices fusent.
De ce fait, la relation entre les deux hommes devient de plus en plus épineuse au fil de leur conversation. Celle-ci devient peu à peu une dispute, entrainant le refus de Mr Mélenchon à participer de nouveaux à l’émission L’invité de RTL.

Annexes

Description détaillée de l’interview de J.M. Apathie et J.L. Mélenchon

Qui ?
Dit quoi ?
Pendant combien de temps ?
Comment ?
Visée ?
A
Intervention D. Strauss-Kahn
3 secondes
0 :11 à 0 :14
neutre
questionner
M
Strauss-Kahn
0 :15 à 1 :21
narquois
Aborder un sujet précis qu’il maîtrise
A
Rit, tente d’intervenir
0 :31

Reprendre le fil de l’interview
A
Rectifie une info, invite à poursuivre
0 :33 à 0 :35


A
Intervient, rectifie les dires de M. Mélenchon
0 :50 à 1 :02
Veut apporter des précisions, exprime son désaccord
Enrichir le débat, donner son opinion
A
Apporte une précision
1 :20 à 1 :23
ironique

M
La Chine
1 :22 à 1 : 30
Exprime son désaccord avec A
Montrer à M. Apathie qu’il a tord
A
Rapporte une précision
1 :25
Insiste sur le fait que la Chine soit communiste
Défendre son point de vue
A
La Chine est communiste
1 :30 à 1 :35
Raison logique, laisse M gagner ce débat pour passer à autre chose
Défend son point de vue
M
La Chine est populaire
1 :32 à 1 :35
Agressif
Défend son point de vue
M
Défend le modèle Chinois, condamne l’exportation
1 :36 à 1 :55
Explicatif, condamne
Défend son point de vue
A
Change de sujet, revient au thème de départ, Strauss-Kahn
1 :55 à 1 :57
Plus lentement, reprend le pouvoir
Changer de sujet
M
Cirque médiatique
1 :57 à 2 :11
Exprime son agacement
Décrédibiliser l’affaire Strauss Kahn
A
Interroge
2 :11
Neutre
Veut obtenir des précisions
M
Début de réponse
2 :12 à 2 :13
Débit plus lent
Cherche sa réponse
A
Répond à sa propre question
2 :14 à 2 :18 
Débit rapide
Réfute les dires de M
M
Répond à la question
2 :14 à 2 :15


M
Question de la candidature non posée à Dominique Strauss-Kahn
2 :16 à 2 :31
Agacé
Se justifie
A
Question posée, M inattentif
2 :21 à 2 :25
Parle plus fort, ironique
Ridiculiser et décrédibiliser M. Mélenchon
A
Commence une explication
2 :28
Parle fort

A
Reprend son explication
2 :29 à 2 :37

Prouver la véracité des ces dires
M
Va dans son sens puis le critique
2 :35 à 2 :41
Ironique, agacé
Critiquer M. Apathie
A
Pose deux fois une question
2 :38 à 2 :42
Débit rapide, ironique
Montrer le peu d’estime qu’il accorde à ses dires
M
Critique de DSK, de l’Islande et sa dette dû au FMI
2 :42 à 3 :38
En colère
Critiquer D. Strauss-Kahn et sa politique au FMI
A
Questionne sur le sujet de Dominique Strauss-Kahn
3 :38 à 3 :43
Question tournée vers une réponse précise
Changer de sujet, relancer le débat
M
Défend le Front de Gauche
3 :44 à 3 : 58
Neutre mais agacé
Se repositionne en tant que leader du front de gauche
A
Soupire
3 :53

Montrer sa lassitude
A
Contredit M et rit
3 :57 à 3 :59
Ironique
Montrer son désaccord
M
Stop A dans ses dires, parle de DSK et de l’opinion publique
3 :59 à 4 :21
Agacé
Montrer son désintérêt et son agacement envers l’opinion de M. Strauss Kahn
A
Dominique Strauss-Kahn
4 :07 à 4 :10
calme
Tente de reprendre le contrôle de la conversation
A
Propose un changement de sujet
4 :21 à 4 :24
agacé
Reprendre le contrôle de la conversation
M
Approuve
4 :24 à 4 :25
Agacé
Accepter
A
Questionne sur Cuba et les propos de M. Mélenchon sur sa non dictature
4 :25 à 4 :32
Ironique
Poser une question pour provoquer
M
 « Vous l’avez bien dans l’os. »
4 :32 à 4 :37
Se moquant
Provoquer
A
Questionne pour plus de précision
4 :37 à 4 :38
Etonné
Clarifier
M
Accuse les journalistes de lui « casser les pieds »
4 :38 à 4 :51
Enervé
Montrer qu’il a raison
A
Tente plusieurs fois de l’interrompre et revient sur Cuba
4 :51 à 5 :03
Agacé
Couper la parole et poser une question provocatrice
M
Se défend  
4 :56 à 5 :07
Railleur
Se sent accusé, tente de se défendre
A
M ne répond pas aux questions,
5 :11 à 5 :17
Ironique et se moquant
Parle plus fort
Accuse l’invité d’éluder les questions
M
Ricane
5 :17 à 5 :18
Ironique
Plus calme
A
Affirme
5 :18
Se moquant

M
Répond à la question, parle d’un autre sujet, l’embargo sur Cuba
5 :18 à 5 :34

Toujours dans le thème mais pas dans le même sujet
A
Est d’accord pour condamner l’embargo
5 :34 à 5 :35
Ironique
Va dans le sens de M. Mélenchon pour le provoquer
M
Continue à parler de Cuba
5 :17 à 5 :46
Agacé
Défendre son point de vue
A
Vous dites se que vous voulez
5 :46 à 5 :47
Montrant son désintérêt
Répondre à l’attaque
M
Pose une question à M. Apathie
5 secondes
5 :48 à 5 :53
Narquois, énervé
Connaître son opinion et pouvoir en débattre
A
M. Apathie y répond
5 :54 à 5 :55
Direct
Répondre la question
M
Contredit la réponse de M. Apathie
5 :56 à 6 :13
Ironique
Juger la réponse du journaliste et le provoquer
A
Donne son opinion quant à cette interview « découse »
6 :13 à 6 :17
Agacé
Répondre aux attaques
M
Condamne les questions qui lui son posées
6 :17 à 6 :52
Parle plus fort, fâché
Souligne la non pertinence des questions d’Apathie
A
Pose une question sur le choix du thème
6 :51 à 6 :52
Plus calme
Tente de s’expliquer
M
Demande la réponse
6 :52 à 6 :53
Neutre

A
Reproche à Mélenchon de ne pas vouloir aborder tous les sujets, seulement ceux qui l’intéresse
6 :54 à 7 :04
En rigolant

M
Se justifie sur les sujets abordés
7 :04 à 7 :16
Plus calme mais attaquant les questions du journaliste
Donner son avis sur les questions du journaliste
A
Fait une synthèse ironique de l’interview
7 :16 à 7 :18
Ironique
Donner son avis sur l’interview et critiquer
M
Remet la faute sur le journaliste
7 :19 à 7 :21
Attitude moqueuse
Attaquer de façon biaisée
A
Acquiesce pour mettre fin à l’interview
 7:20 à 7:35
Narquois
Finir l’interview




[1] Annexe