Jean-Luc Mélenchon sur RTL le 21/02/2011
Introduction
L’entretien eu lieu dans l’émission L’invité de RTL le 21 février 2011. Cette discussion a été houleuse, en
effet, plus qu’une interview, la
rencontre s’est très vite muée en débat outrepassant les normes classiques de
l’entretien radiophonique. M. Mélenchon, très à l’aise dans cet exercice, a
démontré son autorité en prenant le rôle de M. Apathie en tant que journaliste.
Il s’est effectivement autorisé à le prendre à parti et à lui poser des
questions.
Nous étudions ci dessous les actes et paroles qui ont conduit les deux protagonistes à faire preuve de moquerie et d’ironie l’un envers l’autre, les conduisant à passer d’une simple conversation à une dispute. Les mauvaises relations induites par cette entrevue entraînèrent Jean-Luc Mélenchon à refuser de participer de nouveau à cette émission, ou au Grand Journal de Canal +, pour peu que M. Apathie soit le journaliste l’interviewant. Cet entretien est donc la seule rencontre existante entre ce journaliste et ce candidat.
Nous étudions ci dessous les actes et paroles qui ont conduit les deux protagonistes à faire preuve de moquerie et d’ironie l’un envers l’autre, les conduisant à passer d’une simple conversation à une dispute. Les mauvaises relations induites par cette entrevue entraînèrent Jean-Luc Mélenchon à refuser de participer de nouveau à cette émission, ou au Grand Journal de Canal +, pour peu que M. Apathie soit le journaliste l’interviewant. Cet entretien est donc la seule rencontre existante entre ce journaliste et ce candidat.
I. Contexte
L’émission L’invité de RTL est une entrevue
quotidienne suivie par deux millions d’auditeurs qui a lieu à 7h50. Ce
programme propose une interview, dirigée par Jean- Michel Apathie, où un invité
politique ou une personnalité importante s’exprime sur des sujets actuels. Jean Michel
Apathie est un journaliste chroniqueur travaillant pour RTL depuis 2003 et
travaillant pour le Grand Journal de Canal + depuis 2006. Il a eu une carrière
exemplaire en gagnant des nombreux prix comme le prix Roland
Dorgelès, décerné à des journalistes pour leur attachement à la qualité de la langue française ainsi que le prix Phillippe-Caloni
du meilleur intervieweur. Il fut partisan du parti socialiste de 1982 à 1986,
lorsque le parti était au pouvoir.
II. Analyse
Le
programme présenté, L’invité de RTL,
étant une émission de débat politique sérieuse et n’ayant pas d’attrait
particulier pour la polémique, il est donc étonnant que les deux protagonistes
aient fini par manquer de sang froid. Afin de comprendre comment l’interview[1] a
basculé d’un simple débat politique constitué d’échange d’opinion à une
dispute, il est important de se pencher sur les détails de celle-ci. Le rôle
que jouent les deux intervenants, leurs temps de paroles et les relations
qu’ils entretiennent sont autant d’indices pouvant nous permettre de comprendre
pourquoi la situation s’est envenimée.
Jean-Michel
Apathie
|
Jean-Luc
Mélenchon
|
|
Domaine de pratique Social
|
Actualité, Interview Radiophonique
|
|
Principes
|
Dire la vérité, être sérieux, débattre de la réalité
|
|
Visées discursives
|
Faire en sorte que M. Mélenchon réponde à ses
questions, le provoquer en étant
ironique
|
Parler et montrer son intérêt pour l’actualité, prouver au
journaliste qu’il a tord en répondant à ses attaques
|
Finalités
|
L’interviewer, faire de l’audience
|
Se faire élire et convaincre le public
|
Orientations discursives
|
Discours hétérocentré interrogatif
|
Discours hétérocentré explicatif et orienté autour d’une
réflexion sur Dominique Strauss-Kahn, puis de Cuba
|
Rôles
|
Journaliste critique et impertinent
|
Candidat à la présidentielle
|
Problématisation de l’animateur
|
Qu’avez vous pensé de l’intervention de Dominique
Strauss-Kahn hier soir sur France2 ?
Maintenez-vous que Cuba n’est pas une dictature ?
|
|
Temps de parole
|
Interventions nombreuses mais courtes
|
Interventions très longues
|
Prise de parole
|
Autorisé et prenant
|
Prenant
|
Nombre de prises de parole
|
32
|
26
|
Relation verticale
|
En théorie M. Apathie devrait avoir plus de pouvoir que M.
Mélenchon mais en pratique ils sont équivalents, M. Mélenchon ayant même
parfois le dessus
|
|
Relation horizontale
|
Très Distante
|
|
Type de relation
|
Confrontation
|
|
Type d’intervention
(logos/pathos/ethos)
|
Logos
|
Logos / pathos
|
Actes informatifs autonomes :
assertions"
|
Assertions présentes
|
|
"Actes sollicitants :
questions/réponses"
|
J.M Apathie questionne J.L. Mélenchon la plupart du temps
mais la situation s’inverse parfois, l’invité posant parfois des questions au
journaliste
|
|
"Actes sollicitants :
demande de validation/validation + accord/désaccord"
|
Les protagonistes
ne cherchent pas à obtenir la validation de l’autre. Ils sont le plus
souvent en désaccord.
|
|
"Actes traitant d'info. déjà
émises :
validation, réception, itération,
accord, désaccord"
|
Itération des questions : « Peut-être vous
étiez-vous assoupi ? »
|
Itération sur l’opinion de la femme de Dominique Strauss-Kahn
qui est trop souvent demandée.
|
Actes gérant la rencontre + prise de
contact
|
Cordial au premier abord, M. Apathie tente de reprendre le
contrôle de la conversation, une fois que celle-ci a dérivé, en changeant de
sujet.
|
|
Interventions problématisées
directrices
|
M. Apathie propose de traiter de Dominique Strauss-Kahn,
des pays communistes et Cuba.
|
|
Interventions problématisées de
relance par reprise
|
M. Apathie relance parfois quelques questions.
|
M. Mélenchon a toujours le temps pour finir ses phrases.
|
Interventions problématisées de relance
par adjonction
|
Absentes du débat
|
|
Interventions problématisées de relance
par changement de focalisation
|
M. Apathie tente de le ramener dans le sujet.
|
Le changement de focalisation est une technique très
utilisée par M. Mélenchon.
|
Interventions réactives
|
Interventions directives
|
Interventions réactives
|
Interventions continuatives
|
L’interview étant décousue, les deux protagonistes se font
couper la parole et reprennent leur phrase.
|
|
Interventions saltatoires
|
Absentes dans le discours de J.M. Apathie
|
Interventions transgressives, M. Mélenchon ignore les
propositions de M. Apathie.
|
Interventions non problématisées
|
Absentes du débat
|
|
actes de parole dominants de la sphère
de l'information
|
Apport d’information sur le sujet du G20 et les pays
émergents.
|
Son discours sur Dominique Strauss-Kahn, le G20, l’Irlande
et l ‘Islande font partie de la sphère informationnelle
|
Actes de parole dominants de la sphère
de l'évaluation
|
M. Apathie émet des jugements de valeurs sur certains
pays.
|
M. Mélenchon émet un jugement de valeur sur la non-dictature
que serait Cuba selon lui.
|
actes de parole dominants de la sphère
de l'interaction
|
Blâmes et accusations sont émis par les deux protagonistes
sur l’un et l’autre et sur des sujets d’actualité.
|
|
Actes de parole dominants de la sphère
contractuelle
|
Malgré les efforts de M. Apathie, il n’y a aucune
régulation des tours de parole. M. Mélenchon monopolise la parole.
|
|
actes de parole dominants de la sphère
actionnelle
|
J.M. Apathie condamne l’embargo sur Cuba fait par les
américains à la demande de J.L. Mélenchon qui lui aussi la condamne.
|
|
Synthèse (grands points à retenir)
|
Interview désordonnée et chaotique. M. Mélenchon ne répond
pas directement aux questions de M. Apathie et monopolise le temps de parole.
La tension monte rapidement et les répliques ironiques et accusatrices
fusent.
|
II. Commentaire
L’interview
étudiée ci-dessus est un contrat d’information et d’explication passé entre
deux protagonistes : Jean-Luc Mélenchon, en tant que candidat du Front de
Gauche à la présidentielle et Jean-Michel Apathie, journaliste et chroniqueur
pour RTL dans son émission L’invité de
RTL. Il s’agit ici d’une interview radiophonique portant sur le thème de
l’actualité.
Principes :
L’un des principes
présents dans cette émission quotidienne est la vérité, les invités doivent donner leur point de vue sur des évènements
réels en se justifiant et en faisant
appel à des faits précis. Ils doivent donc faire preuve de sérieux lorsqu’ils débattent durant cette interview politique.
Visées discursives :
Jean-Michel
Apathie veut faire en sorte que Jean-Luc Mélenchon réponde honnêtement à ses
questions pour connaître son point de vue sur le thème abordé. En tant que
présentateur de son émission, il utilise une attitude ironique et provocatrice
pour provoquer une réaction déterminée chez l’interviewé.
M. Mélenchon,
quant à lui, souhaite promouvoir et faire connaître son parti, le Front de Gauche
en se définissant comme son leader. Il montre son intérêt pour l’actualité et
veut prouver qu’il se tient au courant de ce qu’il se passe dans le monde afin
de convaincre le public qu’il a les qualités d’un bon chef d’état. Il cherche
également à mettre à jour les limites des journalistes, et pas seulement celles
de M. Apathie, en tentant de leur démontrer qu’ils peuvent avoir tord et que
leurs questions ne sont parfois pas dignes d’intérêt.
Finalités :
Le réel objectif
recherché par les participants est d’une part l’audience pour M. Apathie qui
doit rendre son émission attractive et intéressante afin que les auditeurs
adhèrent à son programme et le suive quotidiennement. Pour ce faire, il
interroge une personnalité politique et doit prouver sa compétence à aborder ce
type de sujet avec aisance.
D’autre part,
Jean-Luc Mélenchon a pour finalité de se faire élire, ou du moins de récolter
le plus de voix possibles, lors des élections présidentielles qui auront lieu un
an plus tard. Il cherche donc à convaincre le public de ses compétences et du
bien fondé de ses idées et de celles de son parti politique.
Orientations discursives :
Tous ces points
nous amènent à analyser l’orientation
discursive des participants. Pour M. Apathie, le discours hétérocentré
interrogatif est utilisé, plus explicitement, il s’adresse à M. Mélenchon pour
l’interroger sur l’actualité et ses opinions. M. Mélenchon utilise un discours
hétérocentré explicatif, pour exprimer son point de vue de manière claire et
précise.
Rôles :
Chaque protagoniste a
un rôle précis auquel il se tient, M. Apathie se veut être un journaliste
critique et légèrement impertinent. M. Mélenchon, lui, représente le Front de
Gauche à la présidentielle, et est l’invité de cette émission. Il se pose comme
expert de l’actualité politique en cours. A un moment donné de l’interview, J.M.
Apathie sous-entend que J.L. Mélenchon est communiste et tente de lui appliquer
cette étiquette, ce que M. Mélenchon n’approuve ni ne réfute à aucun moment.
Problématisation de l’animateur :
La première
question posée par Apathie concerne l’intervention de Dominique Strauss-Kahn
qui s’était déroulé la veille sur la chaîne de télévision France 2. Puis, le
débat s’oriente vers la question de Cuba et des pays sous le régime d’une
dictature. Ces questions sont de l’ordre de l’actualité et demandent une
réponse d’opinion à M. Mélenchon qui les trouve sans grand intérêt. Son
agacement envers celles-ci et son refus d’y répondre directement sont deux
facteurs clés de la mauvaise tournure qu’a pris cet entretien.
Temps, manière et nombre de prise de parole :
Alors que la
rencontre débute selon un schéma classique, le journaliste pose des questions
et l’invité y répond, cette tendance s’inverse rapidement. La prise de parole
n’est pas équitable au sein des participants et n’est pas du tout organisée.
Jean-Luc Mélenchon, en tant que « prenant », monopolise le temps de
parole durant les sept minutes que durent l’interview, sans se soucier
réellement des questions que lui pose M. Apathie, qui est pourtant
« autorisé » mais également « prenant » En effet, le nombre
de prise de parole est approximativement égal, de 32 pour M. Apathie et 26 pour
M. Mélenchon, sachant que les interventions de M. Apathie sont succinctes
contrairement à celles de M. Mélenchon qui accapare le temps qui lui est
imparti, ne laissant que quelques secondes en moyennes entre deux prises de
paroles.
Relation verticale/horizontale :
La relation entre
Jean-Luc Mélenchon et Jean-Michel Apathie défie toutes les conventions établies
lors d’une interview. En effet, alors que leur relation devrait être cordiale
et basée autour d’une discussion politique sérieuse, les choses s’enveniment
très rapidement. La relation horizontale
y est à la base en accord avec une relation entre journaliste et homme
politique. Cependant, au fil du temps, les relations se dégradent et s’éloignent de plus en plus des normes en
vigueur.
Pour ce qui est de la relation verticale, celle-ci est
confuse car M. Apathie devrait être le meneur de la conversation tandis que M.
Mélenchon devrait répondre à ses questions et suivre la ligne de l’interview
fixée par celui-ci. Toutefois, M. Mélenchon monopolise le temps de parole et
traite de sujets que n’a pas abordé M. Apathie. Parallèlement, il ne répond pas
directement aux questions qui lui sont posées, s’autorisant même à interroger
le journaliste. En bref, la relation verticale entretenue lors de cette
entrevue est équivalente, Jean-Luc Mélenchon étant parfois supérieure au
journaliste.
Type de relation
La relation
verticale étant spéciale et hors des conventions, la tension augmente
rapidement. Les deux protagonistes tentent chacun d’avoir le dernier mot et de
prouver à l’autre le bien-fondé de son raisonnement ainsi que l’étendue de ses
connaissances. La conversation d’abord cordiale vire rapidement en confrontation.
Type d’intervention
Les deux
intervenants conversent de sujets d’actualité, il y a donc forcément un étalage
de connaissance et donc du logos. Pourtant Jean-Luc Mélenchon intègrent du
pathos à son discours lorsqu’il se plaint de la « machine
médiatique » et en utilisant des expressions du type « Vous l’avez
bien dans l’os ».
Actes sollicitant
En ce qui concerne
les actes de questions/réponses, la majorité des questions est posée par le
journaliste ce qui est cohérent vu qu’il s’agit de sa fonction première.
Pourtant, la situation s’inverse parfois, notamment lorsque M. Mélenchon
questionne M. Apathie sur ses opinions et valeurs politiques.
Les participants ne
cherchent à aucun moment la validation de l’autre. Etant souvent en désaccord,
ils cherchent davantage à dérouler leur point de vue, le développer plutôt que
de tenter de convaincre l’autre.
Actes traitant l’information
Des itérations sont
utilisées tout au long de l’interview. M. Apathie utilise des itérations de
questions pour souligner son ironie. Par sa répétition de « Peut-être vous
étiez vous assoupi ? », il montre son mépris envers Mr Mélenchon.
M. Mélenchon, quant
à lui, utilise des itérations pour se moquer du thème que veut traiter le
journaliste en répétant consécutivement que l’opinion de la femme de Dominique
Strauss-Kahn n’est pas intéressante.
Actes gérant la rencontre
Après les formules
de politesse d’usage, le débat devient houleux. J.M. Apathie qui ne contrôle plus
la conversation, change de sujet à plusieurs reprises puis y revient pour
justifier son choix. Il soupire et ricane pour montrer son désaccord et sa
lassitude du candidat à la présidentielle qui contourne ses questions pour ne
pas y répondre et aborder les sujets qui l’intéressent.
J.L. Mélenchon de
son côté ne supporte pas le ton que prend le journaliste et l’empêche à une
reprise de l’interrompre en lui faisant comprendre son agacement.
Intervention problématisée
Il existe plusieurs
sortes d’interventions problématisées.
L’intervention
directrice : M. Apathie en réalise à plusieurs reprises pour tenter de
garder un fil directeur pendant l’interview. Il tente, en effet, d’aborder
divers sujets pour connaître le point de vue de M. Mélenchon sur des sujets
comme l’intervention télévisuelle de Dominique Strauss-Kahn, les pays
communistes et Cuba.
L’intervention
problématisée de relance par reprise : M. Apathie, pour avoir une
réponse à ses questions, pose plusieurs fois la même question. M. Mélenchon,
quant à lui, n’utilise ce type d’intervention à aucun moment puisqu’il prend
toujours le temps de finir ses phrases, même lorsque M. Apathie tente de
l’interrompre.
L’intervention
problématisée de relance par changement de focalisation :
Très utilisée par J.L.
Mélenchon au cours de l’interview, cette technique lui permet de passer d’un
sujet à l’autre en utilisant le thème abordé précédemment comme fil conducteur.
Cela lui permet d’aborder les sujets qu’il souhaite et de laisser de côté la
question de départ auquel il n’a de toute évidence aucune envie de répondre. M.
Apathie, qui tente parfois de le ramener dans le droit chemin, a toutes les
peines du monde pour y arriver.
Interventions :
Les interventions de M. Mélenchon et
de M. Apathie diffèrent. Le journaliste a davantage d’interventions directives car il souhaite diriger cette interview
de façon claire et organisée. M. Mélenchon, lui, intervient dans le débat pour
répondre aux questions et exprimer son point de vue, ce sont donc des interventions réactives.
Les
interventions continuatives sont fréquentes dans le débat, les deux
protagonistes ne s’écoutant pas et M. Apathie se faisant souvent interrompre.
L’interview est décousue et désordonnée, chacun reprend donc à au moins une
reprise une phrase qu’il s’est fait couper.
M. Mélenchon, contrairement à M.
Apathie, utilise des interventions
saltatoires lorsqu’il ignore les propositions de M. Apathie, il s’agit
d’interventions transgressives.
Actes de parole dominants selon différentes sphère
Il
existe plusieurs actes de parole dominants selon des sphères précises comme on le
verra par la suite.
Tout d’abord au sein de la sphère de l’information M. Apathie apporte quelques informations au discours de M. Mélenchon sur le sujet du Dominique Strauss-Kahn, l’Irlande et l’Islande ainsi que sur le G 20.
Tout d’abord au sein de la sphère de l’information M. Apathie apporte quelques informations au discours de M. Mélenchon sur le sujet du Dominique Strauss-Kahn, l’Irlande et l’Islande ainsi que sur le G 20.
Au
sein de la sphère de l’évaluation, les deux protagonistes émettent des
jugements de valeur notamment sur les pays sous le régime de dictature comme
Cuba, la Chine ou le Qatar.
Blâmes
et accusations sont émis par les deux protagonistes sur l’un et l’autre ainsi
que sur des sujets d’actualité pendant toute l’interview. Ces actes de parole
font partie de la sphère de l’interaction.
Au
niveau de la sphère contractuelle, M. Mélenchon monopolise majoritairement
la parole. M. Apathie, bien que tentant de réguler la parole, « allez
y », n’arrive pas à la reprendre pour structurer la rencontre.
Enfin, au sein de
la sphère actionnelle, M. Apathie condamne, a la demande de M.
Mélenchon, l’embargo des Etas Unis sur Cuba.
III. Parallèle
a. Apathie et les autres candidats
Avec
chaque candidat, ce journaliste démarre l’interview de façon cordiale,
l’appelant par son nom et lui souhaitant « bonjour ». Cette entrée en
matière est la même pour tous et se veut sympathique dans un respect de la
courtoisie.
M. Apathie a été adhérent du parti socialiste durant plusieurs années. De ce fait, il a une tendance à se montrer plus conciliant envers les candidats de gauche. Pourtant, bien que Mélenchon soit le dirigeant du parti le Front de Gauche, M. Apathie se montre narquois et moqueur avec ce candidat.
M. Apathie a été adhérent du parti socialiste durant plusieurs années. De ce fait, il a une tendance à se montrer plus conciliant envers les candidats de gauche. Pourtant, bien que Mélenchon soit le dirigeant du parti le Front de Gauche, M. Apathie se montre narquois et moqueur avec ce candidat.
Pour
illustrer notre propos, l’interview avec le candidat représentant le parti socialiste à la
présidentielle, François Hollande, fut dénuée d’animosité. M. Apathie le
laissait, en effet, parler tout le temps qu’il souhaitait. M. Hollande a pu
expliquer son programme et ses idées sans se faire reprendre et couper par le journaliste.
Une
tactique souvent utilisée par ce M. Apathie est de poser des questions piège
pour tenter de déstabiliser les candidats. Dans le cas de Mélenchon, la
question posée fut : « C’était le 7 janvier dernier, avant la
révolte des peuples arabes, vous avez dit « Cuba n’est pas une
dictature ». Vous maintenez ce matin Jean-Luc Mélenchon ? ». La
réponse tranchante de M. Mélenchon ne se fit pas attendre : « Ce que
je maintiens c’est que vous l’avez bien dans l’os ! ». Cette tactique
des questions piège qui ne provoque pas systématiquement l’effet recherché,
c’est-à-dire mettre l’invité au pied du mur et l’agacer, fonctionne, dans cet
exemple, très bien.
Nous
pouvons aussi remarquer qu’avec la candidate du Front National, Marine Le Pen,
il se montre plus courtois et moins agacé qu’avec J.L. Mélenchon mais fidèle à
lui-même, c’est-à-dire incisif et tentant de déstabiliser son invitée.
b. Mélenchon et les autres émissions
Le
candidat du Front de Gauche, M. Mélenchon se montre cordial dans toutes les
autres émissions, il a une attitude qui ne varie pas beaucoup d’une interview à
l’autre. Voulant exprimer ses idées, ce candidat ne laisse
que très peu s’exprimer les journalistes. En effet, dans l’émission de Bourdin
sur RMC, tout comme avec M. Apathie, il se met au niveau du journaliste et lui pose
des questions
Jean-Luc Mélenchon a tendance à utiliser du pathos durant ces entrevues, en mettant en avant son combat pour la liberté et ses idées. D’autre part, il tente de sortir de l’image de jeune combattant communiste qui lui colle au peu depuis son début en politique.
Jean-Luc Mélenchon a tendance à utiliser du pathos durant ces entrevues, en mettant en avant son combat pour la liberté et ses idées. D’autre part, il tente de sortir de l’image de jeune combattant communiste qui lui colle au peu depuis son début en politique.
Conclusion
L’interview
se caractérise par son côté désordonné et chaotique. M. Mélenchon ne répond pas
directement aux questions de M. Apathie qui fait pourtant plusieurs
interventions directives pour reprendre le fil de l’interview. Ce dernier ne
peut donc pas jouer son rôle de journaliste, M. Mélenchon contestant ses
questions et ne le laissant pas diriger l’interview en l’interrompant et posant
parfois des questions. Ce débat s’est
donc rapidement transformé en polémique.
Par ses changements de focalisation,
M. Mélenchon monopolise le temps de parole tout en ne répondant pas aux
questions qui lui sont posées. La tension monte rapidement et les répliques
ironiques et accusatrices fusent.
De ce fait, la relation entre les deux
hommes devient de plus en plus épineuse au fil de leur conversation. Celle-ci
devient peu à peu une dispute, entrainant le refus de Mr Mélenchon à participer
de nouveaux à l’émission L’invité de RTL.
Annexes
Description détaillée de l’interview
de J.M. Apathie et J.L. Mélenchon
Qui ?
|
Dit quoi ?
|
Pendant combien de temps ?
|
Comment ?
|
Visée ?
|
A
|
Intervention D. Strauss-Kahn
|
3 secondes
0 :11 à 0 :14
|
neutre
|
questionner
|
M
|
Strauss-Kahn
|
0 :15 à 1 :21
|
narquois
|
Aborder un sujet précis
qu’il maîtrise
|
A
|
Rit, tente d’intervenir
|
0 :31
|
Reprendre le fil de
l’interview
|
|
A
|
Rectifie une info, invite
à poursuivre
|
0 :33 à 0 :35
|
||
A
|
Intervient, rectifie les
dires de M. Mélenchon
|
0 :50 à 1 :02
|
Veut apporter des
précisions, exprime son désaccord
|
Enrichir le débat, donner
son opinion
|
A
|
Apporte une précision
|
1 :20 à 1 :23
|
ironique
|
|
M
|
La Chine
|
1 :22 à 1 : 30
|
Exprime son désaccord avec
A
|
Montrer à M. Apathie qu’il
a tord
|
A
|
Rapporte une précision
|
1 :25
|
Insiste sur le fait que la
Chine soit communiste
|
Défendre son point de vue
|
A
|
La Chine est communiste
|
1 :30 à 1 :35
|
Raison logique, laisse M
gagner ce débat pour passer à autre chose
|
Défend son point de vue
|
M
|
La Chine est populaire
|
1 :32 à 1 :35
|
Agressif
|
Défend son point de vue
|
M
|
Défend le modèle Chinois,
condamne l’exportation
|
1 :36 à 1 :55
|
Explicatif, condamne
|
Défend son point de vue
|
A
|
Change de sujet, revient
au thème de départ, Strauss-Kahn
|
1 :55 à 1 :57
|
Plus lentement, reprend le
pouvoir
|
Changer de sujet
|
M
|
Cirque médiatique
|
1 :57 à 2 :11
|
Exprime son agacement
|
Décrédibiliser l’affaire
Strauss Kahn
|
A
|
Interroge
|
2 :11
|
Neutre
|
Veut obtenir des
précisions
|
M
|
Début de réponse
|
2 :12 à 2 :13
|
Débit plus lent
|
Cherche sa réponse
|
A
|
Répond à sa propre
question
|
2 :14 à 2 :18
|
Débit rapide
|
Réfute les dires de M
|
M
|
Répond à la question
|
2 :14 à 2 :15
|
||
M
|
Question de la candidature
non posée à Dominique Strauss-Kahn
|
2 :16 à 2 :31
|
Agacé
|
Se justifie
|
A
|
Question posée, M
inattentif
|
2 :21 à 2 :25
|
Parle plus fort, ironique
|
Ridiculiser et
décrédibiliser M. Mélenchon
|
A
|
Commence une explication
|
2 :28
|
Parle fort
|
|
A
|
Reprend son explication
|
2 :29 à 2 :37
|
Prouver la véracité des
ces dires
|
|
M
|
Va dans son sens puis le
critique
|
2 :35 à 2 :41
|
Ironique, agacé
|
Critiquer M. Apathie
|
A
|
Pose deux fois une
question
|
2 :38 à 2 :42
|
Débit rapide, ironique
|
Montrer le peu d’estime
qu’il accorde à ses dires
|
M
|
Critique de DSK, de l’Islande
et sa dette dû au FMI
|
2 :42 à 3 :38
|
En colère
|
Critiquer D. Strauss-Kahn
et sa politique au FMI
|
A
|
Questionne sur le sujet de
Dominique Strauss-Kahn
|
3 :38 à 3 :43
|
Question tournée vers une
réponse précise
|
Changer de sujet, relancer
le débat
|
M
|
Défend le Front de Gauche
|
3 :44 à 3 : 58
|
Neutre mais agacé
|
Se repositionne en tant
que leader du front de gauche
|
A
|
Soupire
|
3 :53
|
Montrer sa lassitude
|
|
A
|
Contredit M et rit
|
3 :57 à 3 :59
|
Ironique
|
Montrer son désaccord
|
M
|
Stop A dans ses dires,
parle de DSK et de l’opinion publique
|
3 :59 à 4 :21
|
Agacé
|
Montrer son désintérêt et son
agacement envers l’opinion de M. Strauss Kahn
|
A
|
Dominique Strauss-Kahn
|
4 :07 à 4 :10
|
calme
|
Tente de reprendre le
contrôle de la conversation
|
A
|
Propose un changement de sujet
|
4 :21 à 4 :24
|
agacé
|
Reprendre le contrôle de la conversation
|
M
|
Approuve
|
4 :24 à 4 :25
|
Agacé
|
Accepter
|
A
|
Questionne sur Cuba et les propos de M. Mélenchon
sur sa non dictature
|
4 :25 à 4 :32
|
Ironique
|
Poser une question pour provoquer
|
M
|
« Vous l’avez bien dans l’os. »
|
4 :32 à 4 :37
|
Se moquant
|
Provoquer
|
A
|
Questionne pour plus de précision
|
4 :37 à 4 :38
|
Etonné
|
Clarifier
|
M
|
Accuse les journalistes de lui « casser
les pieds »
|
4 :38 à 4 :51
|
Enervé
|
Montrer qu’il a raison
|
A
|
Tente plusieurs fois de l’interrompre et
revient sur Cuba
|
4 :51 à 5 :03
|
Agacé
|
Couper la parole et poser une question
provocatrice
|
M
|
Se défend
|
4 :56 à 5 :07
|
Railleur
|
Se sent accusé, tente de se défendre
|
A
|
M ne répond pas aux questions,
|
5 :11 à 5 :17
|
Ironique et se moquant
Parle plus fort
|
Accuse l’invité d’éluder les questions
|
M
|
Ricane
|
5 :17 à 5 :18
|
Ironique
|
Plus calme
|
A
|
Affirme
|
5 :18
|
Se moquant
|
|
M
|
Répond à la question, parle d’un autre sujet,
l’embargo sur Cuba
|
5 :18 à 5 :34
|
Toujours dans le thème mais pas dans le même
sujet
|
|
A
|
Est d’accord pour condamner l’embargo
|
5 :34 à 5 :35
|
Ironique
|
Va dans le sens de M. Mélenchon pour le provoquer
|
M
|
Continue à parler de Cuba
|
5 :17 à 5 :46
|
Agacé
|
Défendre son point de vue
|
A
|
Vous dites se que vous voulez
|
5 :46 à 5 :47
|
Montrant son désintérêt
|
Répondre à l’attaque
|
M
|
Pose une question à M. Apathie
|
5 secondes
5 :48 à 5 :53
|
Narquois, énervé
|
Connaître son opinion et pouvoir en débattre
|
A
|
M. Apathie y répond
|
5 :54 à 5 :55
|
Direct
|
Répondre la question
|
M
|
Contredit la réponse de M. Apathie
|
5 :56 à 6 :13
|
Ironique
|
Juger la réponse du journaliste et le
provoquer
|
A
|
Donne son opinion quant à cette interview
« découse »
|
6 :13 à 6 :17
|
Agacé
|
Répondre aux attaques
|
M
|
Condamne les questions qui lui son posées
|
6 :17 à 6 :52
|
Parle plus fort, fâché
|
Souligne la non pertinence des questions
d’Apathie
|
A
|
Pose une question sur le choix du thème
|
6 :51 à 6 :52
|
Plus calme
|
Tente de s’expliquer
|
M
|
Demande la réponse
|
6 :52 à 6 :53
|
Neutre
|
|
A
|
Reproche à Mélenchon de ne pas vouloir aborder
tous les sujets, seulement ceux qui l’intéresse
|
6 :54 à 7 :04
|
En rigolant
|
|
M
|
Se justifie sur les sujets abordés
|
7 :04 à 7 :16
|
Plus calme mais attaquant les questions du
journaliste
|
Donner son avis sur les questions du
journaliste
|
A
|
Fait une synthèse ironique de l’interview
|
7 :16 à 7 :18
|
Ironique
|
Donner son avis sur l’interview et critiquer
|
M
|
Remet la faute sur le journaliste
|
7 :19 à 7 :21
|
Attitude moqueuse
|
Attaquer de façon biaisée
|
A
|
Acquiesce pour mettre fin à l’interview
|
7:20 à
7:35
|
Narquois
|
Finir l’interview
|