L'objet d’étude est l’interview de François Bayrou par Jean-Jacques Bourdin, diffusée sur BFM TV et RMC 17 avril 2012 à 8h30.
Après une présentation succincte de l’émission Bourdin 2012, le dossier portera sur le séquençage global du débat avec une analyse permettant de repérer les thématiques majeures du débat. Cette analyse nous permettra d’identifier deux thématiques relatives à l’identité française. La première, présentant l’identité française vue sous un angle sociétal, et la seconde, présentant l’identité française vue sous un angle économique, feront l’objet d’une analyse discursive détaillée dans les seconde et troisième parties. Les résultats d’analyse nous permettront, dans une quatrième partie, de proposer un élargissement portant sur l’étude de la stratégie authentifiante de François Bayrou et de revenir sur les travaux du premier semestre quant à la définition du rôle de Bourdin.
L’émission Bourdin 2012
Elle a été lancée par
Jean-Jacques Bourdin en partenariat avec le journal Le Point en
février 2011, afin d’accueillir chaque matin les participants majeurs à la
campagne présidentielle. Le premier grand débat de cette émission a eu lieu le
14 février 2011, entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Deux semaines avant
le début des élections présidentielles, Jean-Jacques Bourdin a reçu sur le
plateau de BFM TV successivement chacun des dix candidats à la présidentielle.
Le premier candidat interviewé a été Jacques Cheminade le lundi 9 avril 2012, le
dernier étant Marine Le Pen le vendredi 20 avril 2012. Le débat avec François
Bayrou, quant à lui, a eu lieu en plein cœur de cette période, le mardi 17
avril 2012.
A l’issue de cette
série d’entretiens, Jean-Jacques Bourdin a été élu meilleur interviewer radio
de la campagne présidentielle 2012 par le site leparisien.fr, à la suite d’un sondage dont les résultats ont été publiés le
dimanche 6 mai. La victoire est sans appel puisque l’animateur a recueilli
42,33% des voix, devant le second Alain Duhamel qui a recueilli 14,14% des
suffrages. Cette donnée, quoiqu’anecdotique, témoigne de la pertinence des
entretiens et de la confiance accordée par les auditeurs à Jean-Jacques Bourdin.
1. Structuration globale de l’entretien
A. Séquençage de l’entretien
Pour rendre compte de la structuration du débat entre Bayrou et Bourdin, nous avons opté pour un séquençage chronologique. Nous avons divisé le débat en cinq parties basées sur les différents portraits synthétiques de Bayrou introduit par Bourdin tout au long de l’échange. La structure du débat n’est donc pas le fruit du hasard, elle est déterminée et orientée par Bourdin. Il s’agit ainsi de mettre en lumière les différentes thématiques abordées par les deux protagonistes et de voir leur importance en fonction du temps consacré à chacune d’entre elle.
Introduction du débat. Durée : 1 min
Bourdin introduit le débat en faisant allusion au « héros du Béarn » (en l’occurrence Bayrou), d’un jeu réalisé sur Internet par des supporters du candidat.Puis il demande à ce dernier de parler quelques mots en béarnais.
Bourdin introduit le débat en faisant allusion au « héros du Béarn » (en l’occurrence Bayrou), d’un jeu réalisé sur Internet par des supporters du candidat.Puis il demande à ce dernier de parler quelques mots en béarnais.
Il y a donc une double
référence à la campagne en cours du candidat et à ses origines, qui peuvent
renvoyer à sa double identité : l’homme et le politique.
L’homme et son enfance. Durée : 4 min 16
« Né à Bordière, Pyrénées Atlantiques, le 25 mai 1951, vos
parents étaient exploitants agricoles, modestes exploitants agricoles, le bac
lycée de Nay, la fac à Bordeaux, vous fréquentez à cette époque la
Communauté de l’Arche du poète et philosophe Lanza Del Vasto. »
Concernant l’enfance de Bayrou, Bourdin choisit
de mettre l’accent sur un point précis. Il l’interroge sur sa fréquentation de
la Communauté de l’Arche de Lanza Del Vasto, puis plus largement sur Gandhi et sa
philosophie.
Bayrou fait un lien avec la politique et la campagne en cours. Il oppose les mensonges des autres candidats à la vérité qu’il veut incarner.
Enfin, ils abordent également le thème de la violence dans la société et plus précisément du principe de non violence en tant que « levier de transformation de la société ».
Bayrou fait un lien avec la politique et la campagne en cours. Il oppose les mensonges des autres candidats à la vérité qu’il veut incarner.
Enfin, ils abordent également le thème de la violence dans la société et plus précisément du principe de non violence en tant que « levier de transformation de la société ».
2. L’homme aujourd’hui. Durée : 1 min 55
« Marié, 6 enfants, catholique pratiquant mais aussi
laïque convaincu. »
Dans cette partie, il est question de la loi de
1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat et de son actualité. Pour
Bayrou elle est un « pilier de la société », il défend le droit à la
croyance dans les limites de l’espace privé. Il défend également l’idée que les
lieux de cultes doivent être financés par les collectivités publiques car ils
font partie du patrimoine commun.
La problématique ici
est donc celle de la laïcité.
3. Sa vie politique. Durée :
2 min 15
« Votre vie politique : député à 34 ans, ministre à
41 ans dans le gouvernement d’Edouard Balladur », « Ministre de l’Education nationale
plusieurs fois »
Le thème abordé dans cette partie est celui du financement des campagnes présidentielles. Bourdin interroge d’abord Bayrou sur le financement de la campagne de Balladur en 1995, puis de celle de Sarkozy 2007 avant de l’interroger sur ses propres dépenses pour la campagne en cours.
Bayrou explique ensuite la nécessité, selon lui, de modifier la loi sur le financement des campagnes sur deux volets. Il s’agit d’ailleurs de l’une des mesures de son programme.
Le thème abordé dans cette partie est celui du financement des campagnes présidentielles. Bourdin interroge d’abord Bayrou sur le financement de la campagne de Balladur en 1995, puis de celle de Sarkozy 2007 avant de l’interroger sur ses propres dépenses pour la campagne en cours.
Bayrou explique ensuite la nécessité, selon lui, de modifier la loi sur le financement des campagnes sur deux volets. Il s’agit d’ailleurs de l’une des mesures de son programme.
4. Le politique. Durée :
12 min 20
« François Bayrou, centriste viscéral, président du CDS
d’abord puis de l’UDF, député européen, 2002 rupture avec la droite,
candidature à la présidentielle, 6,84% des voix, 2007 à nouveau candidat
18,57%, entre les deux tours en 2007 « non je ne voterai pas Nicolas
Sarkozy ».
Bourdin demande d’abord à Bayrou son avis sur un autre
candidat à l’élection : Nicolas Sarkozy et sa potentielle évolution entre
2007 et 2012.
Puis il le fait réagir sur une déclaration d’Alain
Juppé qui souhaiterait que Bayrou soit le 1er ministre de Sarkozy.
Bayrou révèle alors que plusieurs déclarations ont été faites de la part de
membres des deux camps (UMP et PS) puis les dénonce. Il dénonce également un
paysage politique composé de deux camps, chacun étant sous la pression d’un
extrême. Bourdin essaie de savoir si Bayrou accepterait d’être Premier ministre
mais ce dernier contourne la question.
Il dénonce ensuite une connivence entre les deux parties principaux et les médias qui chercheraient à gommer le premier tour de l’élection pour tromper l’opinion. Il se positionne comme étant « une autre choix » face aux mensonges des deux autres candidats.
Il dénonce ensuite une connivence entre les deux parties principaux et les médias qui chercheraient à gommer le premier tour de l’élection pour tromper l’opinion. Il se positionne comme étant « une autre choix » face aux mensonges des deux autres candidats.
Bourdin demande alors à Bayrou son avis sur François
Hollande en établissant une comparaison avec François Mitterrand au moment de
sa campagne de 1981. Cette rétrospective permet à Bayrou d’exposer
« sa » famille politique, avant de revenir sur François Hollande,
qu’il critique pour son « socialisme habituel », celui de la dépense.
Enfin, Bourdin interroge Bayrou sur la notion de « destin »
et sur le fait qu’il ait « toujours raison ».
En questionnant Bayrou sur la possibilité
d’être 1er ministre puis sur des sujets plus autocentrés, Bourdin
tente de savoir où ce dernier se situe par rapport aux autres candidats, quel
est son positionnement dans cette campagne et plus largement dans le paysage
politique français. Cependant, pour la première question le candidat ne fait
pas de réponse arrêtée, il reste très évasif sur le sujet et met les deux
partis principaux dans un même sac.
(Jingle)
5. Programme et propositions. Durée :
9 min 30
« On va entrer dans vos propositions François
Bayrou »
Plusieurs propositions de Bayrou sont abordées dans cette
partie autour des thématiques suivantes :
Les
mesures d’austérité en Europe et la problématique de relance de la consommation.
Pour Bayrou la solution est de rétablir la production en France afin de créer
des emplois. Il veut mettre en place un commissariat aux stratégies
industrielles pour réfléchir à des stratégies secteurs par secteurs. Il donne l’exemple
du secteur du bois.
Le gaspillage de l’Etat dans les dépenses publiques : Bayrou veut baisser les dépenses publiques en réduisant notamment le nombres d’élus et en rapprochant l’action des départements et des régions et en étalant leur programme pour réduire les dépenses des collectivités locales. Il propose également de geler les dépenses publiques pendant deux ans. Pour faire des économies, il souhaite par exemple réorganiser les urgences en créant un SAS d’examen.
Le gaspillage de l’Etat dans les dépenses publiques : Bayrou veut baisser les dépenses publiques en réduisant notamment le nombres d’élus et en rapprochant l’action des départements et des régions et en étalant leur programme pour réduire les dépenses des collectivités locales. Il propose également de geler les dépenses publiques pendant deux ans. Pour faire des économies, il souhaite par exemple réorganiser les urgences en créant un SAS d’examen.
Le
débat se termine sur une des mesures phare de Bayrou en matière de
production : privilégier les produits français.
B. Ancrage
de l’identité au sein de l’entretien
Si l’on
retire tout ce qui a trait à la politique pure au sein du débat, on constate
que certains éléments nous exposent la vision de la France de Bayrou. Deux
thématiques clefs ressortent : une sociétale, la « laïcité », et
une économique, le « produire français ». Ces deux sujets occupent respectivement
1 minutes 55 et 3 minutes dans l’ensemble de l’échange, ce qui paraît peu au vu
de la durée totale du débat (un peu moins de 5 minutes sur 31, la majorité du
temps étant accordée à des sujets politiques). Ils sont tous deux introduits
par Bourdin. Néanmoins on peut remarquer que le « produire français »
est abordé dans la dernière partie de l’entretien, celle de la présentation des
propositions de Bayrou. Elle s’inscrit donc clairement dans le programme que le
candidat défend tandis que le thème de la « laïcité » est abordé dans
la partie qui concerne l’homme et non plus le candidat. Il y a donc une
dimension plus personnelle dans le traitement de ce sujet.
Par
ailleurs, il apparaît que la vision de la France de Bayrou est dans le
traditionalisme (il défend la loi de 1905 et il est croyant pratiquant) et le
nationalisme (il évoque très peu l’Europe et l’international, et son programme
est foncièrement centré sur la France). Plus largement sa vision de la France
est presque « familiale », il fait de nombreuses métaphores autour de
cette notion de famille. Il compare « un pays » à « une
famille », et un « responsable publique » à « un père ou un
mère de famille ».
C. Introduction
à l’analyse discursive
Selon
Claude Chabrol et Alain Blanchet[1],
l'interaction est un processus « par lequel les acteurs sociaux se
constituent comme sujets, construisant leur identité par des jeux complexes, de
rôles et d’attentes réciproques, collaborent à la construction et au maintien
d’une réalité sociale commune ». Il faut donc d’analyser le discours
en tenant compte de la relation entre le cadre et l’énonciation. Cela permettra
d’analyser comment les interlocuteurs amènent les participant à coopérer d’une
manière en particulier.
Dans
ce cas, le choix de l’analyse sociodiscursive est pertinent car il permet
d’étudier des questions d’ordre sociologique, sémiologique et pragmatique.
Autrement dit, l’analyse sociodiscursive permet de traiter la forme de
l’énonciation, son rythme et les conditions de la relation.
Le
discours implique que l’on s’intéresse à l’espace de l’échange langagier qui
prend place dans des situations déterminées. Ici, il s’agit d’une entrevue
entre le journaliste Jean-Jacques Bourdin de la radio RMC et François Bayrou,
candidat MoDem à l’élection présidentielle de 2012. L’analyse déterminera donc
si les échanges langagiers entre les deux protagonistes sont en accord avec
le cadre de l’émission et leurs statuts respectifs.
2.
Dimension sociétale
de l’identité française : la laïcité
A. Extrait
-
BOURDIN - Est ce que la loi de
1905 est suffisante aujourd’hui ?
-
BAYROU- Oui.
-
BOURDIN- Elle est
suffisante ?
-
BAYROU- Elle est
suffisante. Je ne dis pas…
-
BOURDIN- Vous ne dites (???) pas
Aristide Briand et les socialistes
-
BAYROU- …Je ne dis pas
qu’il ne faille pas…
-
BOURDIN- Oui, oui.
-
BAYROU- Les radicaux
surtout à cet égard…
-
BOURDIN- Les radicaux, oui, les
radicaux socialistes…
-
BAYROU- Je ne dis pas
qu’il ne faille pas quelques adaptations
-
BOURDIN- Oui.
-
BAYROU- Mais c’est un
des piliers de la société dans laquelle nous vivons, c’est une loi
incroyablement moderne, contemporaine qui au fond une chose…
-
BOURDIN- Oui.
-
BAYROU- …Toute
simple : ce n’est pas parce que vous croyez à quelque chose de toutes vos
fibres que vous avez le droit de l’imposer aux autres.
-
BOURDIN- Oui.
-
BAYROU- Et donc vous
avez ce double visage, vous êtes libre de croire à ce que vous voulez croire,
et heureusement, je suis un croyant et je l’assume, heureusement vous avez le
droit de croire et de pratiquer la religion mais en même temps lorsque vous
êtes dans l’espace public…
-
BOURDIN- Oui.
-
BAYROU- …Dans l’espace
de la loi, alors ce n’est pas la foi qui dirige tout, c’est la délibération
collective, c’est la décision qu’on prend tous ensemble, citoyens du pays.
-
BOURDIN- Mais est ce que les
collectivités publiques doivent aujourd’hui financer les lieux de cultes ?
Doit-on les autoriser ?
-
BAYROU- Elles le font,
elles le font.
-
BOURDIN- Elles le font de manière
déguisée.
-
BAYROU- Elles le font
de manière… déguisée
-
BOURDIN- Faut-il revoir la loi
justement pour leur permettre ouvertement…
-
BAYROU - Elles le fait
et je pense que…
-
BOURDIN- …De les financer ?
-
BAYROU- …Ce n’est pas
absurde qu’elles le fassent, puisque comme vous le savez, les églises
appartiennent aux collectivités publiques et donc elles refont les toits, elles
refont les vitraux, elles s’occupent que ce soit en bon état parce que c’est un
patrimoine collectif et donc il n’est pas absurde qu’on donne un coup de main
aux fidèles pour construire à leur tour leur lieu de culte pourvu que ce lieu
de culte soit un lieu de pais, paisible dans lequel il n’y ai pas le germe
d’affrontement.
Le tableau d’analyse des données
de l’extrait sur la laïcité se trouve en Annexe 1.
B. Synthèse
des résultats
Guy
Lochard[2]
a déterminé les grands genres médiatiques en France aujourd’hui. Ici, il s’agit
du contrat d’information. Pour le journaliste, la finalité est de questionner
et d’informer sans donner son avis. Pour l’invité, elle est d’informer le
citoyen avec véracité. Jean-Jacques Bourdin endosse son rôle de journaliste,
puisqu’il interroge les auditeurs sur la position de François Bayrou quant à la
laïcité, afin de les éclairer :
-
« Est-ce
que la loi de 1905 est suffisante aujourd’hui ? »
-
« Mais
est-ce que les collectivités publiques doivent aujourd’hui financer les lieux
de culte ? Doit-on les autoriser ? »
Les
finalités sont ici in presentia,
puisqu’elles sont évidentes. La visée discursive de Bayrou est de faire adhérer
les auditeurs à sa position sur la laïcité. La visée discursive du candidat est
liée à la finalité, qui est de se faire élire. Pour Bourdin, la seule
différence entre visée discursive et finalité et que cette dernière requiert
aussi de faire de l’audience. Sinon, il s’agit dans les deux cas d’interroger
un candidat à l’élection présidentielle.
En
tant qu’émission politique, le principe pour chaque interlocuteur est d’être à
la fois sérieux et de dire la vérité.
Dans quelle mesure montrer qu’il
y a coopération entre les deux ?
Les
opérations discursives se déroulent en accord avec le contrat d’information
qui définit une interview. Le journaliste pose des questions hétérocentrées,
puisque le but est d’obtenir le point de vue du candidat. Ce dernier répond de
manière à la fois autocentrée et hétérocentrée, puisqu’il renseigne sur la
position qui lui est propre, mais aussi en rapport avec la représentation de la
laïcité dans la société. Cette partie doit donc inclure une part de discours
hétérocentré.
Les
relations verticales et horizontales sont équivalentes, assurant un échange
équilibré et coopératif. Sur treize tours de paroles, le journaliste dit six
fois « oui », validant ainsi les propos du politique. Chaque
interlocuteur parle exactement treize fois, avec des phrases plus courtes pour
Jean-Jacques Bourdin et plus longue pour François Bayrou. Cela est attendu dans
ce type d’échange, puisque François Bayrou est là pour expliciter une position.
Dans la sphère contractuelle, le rythme et le déroulement sont normaux.
Une
intervention problématisée directrice est présente, car les questions restent
dans le cadre de la problématique. Elles interrogent la suffisance de la loi de
1905 et sur la légitimité du financement des cultes, deux thèmes liés à la
laïcité. Les coupures de parole restent minimes.
Dans
les actes interlocutifs qui sollicitent des informations ou qui réagissent à
des sollicitations[3]
(question, réponse, demande de validation, accord, désaccord), on voit bien que
Jean-Jacques Bourdin conserve son pouvoir de poser les questions. Il endosse
donc bien son rôle de journaliste.
Les
troisièmes types d’actes interlocutifs, qui traitent les infos déjà émises,
sont minimes et ne reflètent pas la dynamique globale de l’échange.
Actes interlocutifs permettant de
défendre son point de vue
Les
actes de paroles (sphère de l’information, de
l’évaluation, actionnelle et contractuelle)[4]
montrent comment l’on peut se servir d’une émission médiatique pour agir sur
les électeurs.
La sphère de l’évaluation, dépeignant un jugement de valeur sur l’état des choses, est utilisée par François Bayrou pour encenser la loi de 1905. Elle représente pour lui « une loi incroyablement moderne, contemporaine », garante de liberté puisqu’avec elle, « vous êtes libres de croire ce que vous voulez croire, et heureusement ». Et comme les églises appartiennent aux collectivités locales, il « n’est pas absurde » qu’elles touchent des subventions. Concernant la loi en soi, François Bayrou émet des jugements de valeur positifs envers ce « pilier de la société », ce qui témoigne de son engagement républicain.
La sphère de l’évaluation, dépeignant un jugement de valeur sur l’état des choses, est utilisée par François Bayrou pour encenser la loi de 1905. Elle représente pour lui « une loi incroyablement moderne, contemporaine », garante de liberté puisqu’avec elle, « vous êtes libres de croire ce que vous voulez croire, et heureusement ». Et comme les églises appartiennent aux collectivités locales, il « n’est pas absurde » qu’elles touchent des subventions. Concernant la loi en soi, François Bayrou émet des jugements de valeur positifs envers ce « pilier de la société », ce qui témoigne de son engagement républicain.
Bourdin
utilise la sphère actionnelle pour pousser son invité à exprimer son engagement
en tant que candidat quant à la loi de 1905 et les subventions locales pour les
lieux de culte. Pour justifier sa position, Bayrou admet qu’ « il
faut quelques adaptations », mais évoque la norme comme quoi la loi de 1905 est « un des
piliers de la société dans laquelle nous vivons ». Concernant les
subventions locales aux lieux de culte, elles ne lui paraissent également
« pas absurde », puisque « les églises appartiennent aux
collectivités locales. Il fait donc partie de la norme de subventionner leur
rénovation pour préserver notre « patrimoine collectif ».
Ces
normes sont exprimées par l’ethos,
car la loi de 1905 permet d’être « libre de croire » à ce que l’on
veut sans l’imposer dans l’espace public. Il invoque également le pathos,
lorsqu’il déclare que « c’est la délibération collective, c’est la
décision qu’on prend tous ensemble, citoyens du pays », sur un ton
rassembleur. L’ethos et le pathos sont également applicables à la
phrase : « ce n’est pas parce que vous croyez à quelque chose de
toutes vos fibres que vous avez le droit de l’imposer aux autres ». L’ethos se retrouve dans l’égalité que
prône cette phrase, entre croyants et non croyants. Le pathos de retrouve dans l’expression « de toutes vos
fibres », qui évoque la fougue à l’égard d’une croyance.
3.
Dimension économique
de l’identité française
A.
Extrait
- Bourdin : Bien François Bayrou,
vous voulez inciter les consommateurs à privilégier les produits français…
-
Bayrou : Oui
-
Bourdin : C’est l’une de vos
grandes mesures euh comment faire pour que les produits français soient
meilleurs et moins chers que les autres ?
-
Bayrou : J’ai pas dit moins cher.
-
Bourdin : Ah bon
-
Bayrou : Parce qu’il y a un très grand nombre de français, plus
de 2/3 selon les sondages qui sont prêts à dépenser un petit peu plus, pourvu
que ça revienne à la France…
-
Bourdin : C’est parfois beaucoup
plus.
-
Bayrou : … Car quand vous dépensez 100 euros, pour un produit
français…
-
Bourdin : Oui
-
Bayrou : 50% vous revient, parce que vous êtes un assuré social
et que ces produits ont payé les charges sociales et donc remboursent la sécu.
Parce que vous êtes un retraité et que la CSG permet de payer les retraites,
parce que vous êtes un parent d’élève et que l’impôt des sociétés permettent de
payer les enseignants, et vous voyez qu'en fait, on ne réfléchit pas, surtout
entreprise d’Etat, surtout administration. Ecoutez, hier, on a annoncé que
France Télécom, je veux dire Orange, c’est-à-dire France Télécom, c’est-à-dire
l’Etat en grande partie, que cette entreprise supprimait la fabrication de
décodeurs en France et allait la transférer dans le Sud Est Asiatique. Est-ce
qu’ils réfléchissent un peu plus loin que le bout de leur nez ? Parce que
gagner 5% sur le prix du décodeur, si vous perdez toute l’activité du pays
alors que vous êtes euh représentants des citoyens, des consommateurs et de
l’Etat, c’est à courte vue, c’est absurde. J’ai dénoncé, vous le savez, le fait
que les cartes vitales de la sécu soient fabriquées en Inde. Si ils
réfléchissaient une seconde, ils se seraient aperçus qu’ils y perdent, parce
que la sécu c’est ceux qui précisément reçoivent les charges sociales sur le
travail fait chez nous et donc je suis pour qu’on réoriente les choses et qu’on
ait une autre vision et que tout le monde se sente responsable y compris les
consommateurs, de soutenir activités et productions en France.
-
Bourdin : François Bayrou était notre invité ce matin.
Bourdin : François Bayrou était notre invité ce matin.
Le tableau d’analyse des données
de l’extrait sur la laïcité se trouve en Annexe 2.
B.
Synthèse
des résultats
Qu'est-ce-que l'identité française pour
François Bayrou ?
François
Bayrou invité de Jean-Jacques Bourdin, s'exprime sur sa principale mesure
économique qui est de relancer la production française sur le territoire. Les
Français, selon lui, gagneraient davantage à consommer des produits « made
in France ». Même si le coût des produits seraient plus élevés, l'argent
serait réinjecté dans les caisses de l'Etat et profiterait à financer les
différentes aides sociales. A travers cette mesure qui est centrale dans son
programme, Bayrou s'impose comme un défenseur de la production française qu'il
veut réimpulser. Cette réforme économique est donc pertinente à analyser.
Quels sont les actes interlocutifs qu'il utilise pour défendre son point de vue ?
Pour
traiter ce sujet, Bayrou tente de convaincre les auditeurs avec un long
développement qui clôt l'échange entre le journaliste et l'homme politique.
Bourdin sollicite l'intervention de Bayrou avec une question. Il y répond
quasiment par un monologue. Bourdin ne réagit que trois fois, par des
interventions non problématisées « Ah bon », « Oui » et
« C'est parfois beaucoup plus ». Le candidat du Modem ne se laisse
pas perturber par ces allocutions et poursuit par des interventions
continuatives. Dans cet extrait, il n'est pas vraiment à l'écoute de son
interlocuteur et Bourdin ne fait rien pour exiger qu'il réponde à ses
questions. La relation verticale est égalitaire car Bourdin ne se positionne
pas comme supérieur à Bayrou. Il lui laisse la parole et ne le coupe pas mais
l'incite à poursuivre son propos par des « Oui ». La relation
horizontale quant à elle, est cordiale, respectueuse. Bourdin ne cherche pas à
piéger le candidat ni à entrer en confrontation avec lui. La tournure que prend
l'échange ressemble donc plus à un entretien qu'à un débat.
Comment se démarque t-il des
autres candidats ?
Le
candidat centriste, se positionne comme différents des deux candidats de la
majorité. Il ne veut se rapprocher ni de
la droite ni de la gauche pour asseoir l'unicité de son parti. Bourdin le
pousse à exprimer une affinité pour le candidat du PS ou le candidat du l'UMP,
mais Bayrou campe sur ses positions et ne laisse rien transparaître.
Dans quelles
mesures Jean-Jacques Bourdin est en coopération avec François Bayrou ?
Jean-Jacques
Bourdin n'adopte pas une posture contestataire face au candidat centriste. Il
pose sa question par une intervention problématisée directive et laisse le
candidat lui répondre sans contester son point de vue. Le journaliste ne montre
ni son accord, ni son désaccord ce qui n'est pas identique à la manière dont il
dirige les interviews habituellement. A aucun moment dans notre extrait, il ne
fait de relances ou de reprises sur les interventions de François Bayrou. Il ne
réitère pas sa question lorsque le candidat ne lui répond pas. A travers cet
extrait, on remarque que Bourdin ne tente pas de déstabiliser son invité, ni de
contester son programme. Il est presque passif et ne représente pas comme c'est
le cas d'habitude, la figure de la contestation.
4. Ouverture
Afin de proposer un
élargissement à cette analyse nous émettons le postulat que l’attitude de
Jean-Jacques Bourdin diffère suivant les candidats.
A. De l’attitude oppositionnelle…
Les résultats
d’analyse d'émissions de Jean-Jacques Bourdin des mois de décembre 2011 - janvier 2012 avaient démontré qu'il adoptait
une posture oppositionnelle et contestataire, peu importe l’affinité politique
de la personnalité qui se trouve face à lui.
Appuyons6nous, dans un
premier lieu, sur un extrait de l’intervention de Jean-Paul, auditeur de RMC,
auprès de Jean-Jacques Bourdin, dans l’émission du 3 janvier entre 9h et 10h.
- Jean-Paul : C’est
nous qui détenons notre destin et pas l’inverse et c’est pour ça que vous me
plaisez beaucoup dans vos propos, dans vos interventions parce que vous êtes
dans ce sens-là.
- Bourdin : J’aime
tous ceux et toutes celles qui témoignent sur l’antenne parce que vous êtes
comme vous êtes avec vos idées, avec vos partis pris et avec vos
explications […] je voudrais répondre à beaucoup d’auditeur,
ha il est plus à gauche, il est plus à droite quand il interview, là on est en
2012 et je serais toujours le même avec tous qu’il soit à droite à gauche ou
ailleurs et je poserais des questions dérangeantes à tous […] nous
resterons comme nous sommes !
Cette réponse de
Jean-Jacques Bourdin, associée aux résultats de l’analyse du débat avec Nadine
Morano, nous avait permis de définir Bourdin en tant que représentant de
l’opposition politique de la personnalité politique présente sur le plateau.
En effet nous avions
pu constater lors du premier semestre une rupture du contrat de communication,
défini par Patrick Charaudeau comme un contrat où « les partenaires d’un
acte de communication dans un cadre contractuel qui est le contexte de l’énonciation,
doivent respecter des conditions du contrat s’ils veulent aboutir à une
intercompréhension.
Cette rupture a été illustrée par la contestation de la place d’expert de Nadine Morano et la remise en question de son argumentaire. Le moment le plus emblématique de cette rupture étant la fameuse réplique de Jean-Jacques Bourdin « vous dites des bêtises Nadine Morano, vous ne maîtrisez pas sujet », à propos du montant de la TVA en Allemagne.
Cette rupture a été illustrée par la contestation de la place d’expert de Nadine Morano et la remise en question de son argumentaire. Le moment le plus emblématique de cette rupture étant la fameuse réplique de Jean-Jacques Bourdin « vous dites des bêtises Nadine Morano, vous ne maîtrisez pas sujet », à propos du montant de la TVA en Allemagne.
De la même manière, ce
débat avait permis de mettre en exergue une inégalité dans les relations
verticales, supposées être égalitaires. Ainsi Jean-Jacques Bourdin avait-il
contesté son rôle d’expert à Nadine Morano, en la prenant à revers sur la
majorité de ces arguments.
Nous avions ainsi pu
montrer qu’il y avait une rupture dans le contrat de communication dans la
mesure où Jean-Jacques Bourdin n’était pas dans une logique
d’intercompréhension mais se cantonnait à une posture oppositionnelle,
conformément aux propos tenus avec son auditeur, Jean-Paul.
B. … Au principe de coopération.
Or les résultats
d’analyse avec le candidat François Bayrou vont à l’encontre de la posture que
nous avions pu définir. Il ressort de notre étude que Jean-Jacques Bourdin
adopte une posture bien plus coopérative, si bien que l’on peut parler de
glissement du genre débat vers celui de l’interview ou de l’entretien.
Un des pivots de cette
réflexion vient du principe de « charité » de Davidson, évoqué par
Claude Chabrol dans l’article « Pour une psycho-socio-pragmatique de l’agir communicationnel »[5].
Ce principe de charité, défini par la maxime « fais en sorte de maximiser
les accords et minimiser les désaccords », force la coopération et est
observé durant tout l’entretien avec François Bayrou, à l’inverse du débat avec
Nadine Morano.
Cette coopération
repose sur un échange « affecté d’un crédit de vérité majoritaire »[6]
supposé engendrer un état de confiance mutuel et la non-remise en question des
propos d’autrui. Il est possible de démontrer cette coopération notamment dans
les réponses non problématisées formulées par Bourdin lorsque Bayrou défend ses
idées. Sur la question de la laïcité, nous avons relevé 6 occurrences sur 13
tours de parole d’une intervention non problématisée, simplement formulée par
un « oui » de la part de Jean-Jacques Bourdin, témoignant ainsi de sa
validation. Il est à noter que coupures de parole restent minimes, et
n’illustrent en aucun cas une posture oppositionnelle.
Sur la question de la
production française Bourdin introduit le sujet par une intervention
problématisée directive, et laisse le candidat expliciter son point de vue sans
aucune intervention, d’aucune sorte.
C. Une absence d’opposition
En dehors de laisser
entrevoir le possible décodage hégémonique du message de François Bayrou par
Jean-Jacques Bourdin, la quasi-passivité de l’animateur nous amène à nous
interroger sur la disparition de sa figure contestataire. La piste que nous
avons suivie est celle de la stratégie authentifiante de François Bayrou en
tant que candidat à la présidentielle.
Durant toute notre
analyse il nous a été possible de constater que l’animateur a, et ce à de très
nombreuses reprises, tenté de savoir si François Bayrou avait une affinité plus
prononcée avec Nicolas Sarkozy ou François Hollande, et plus avant avec l’UMP
ou le PS. Ces interventions ont pour but de tenter rapprocher le candidat
centriste d’un des deux partis majoritaire, or celui-ci s’est bien gardé de
défendre la moindre orientation, afin de renforcer l’unicité du MoDem et
de mettre en valeur une stratégie authentifiante n’établissant pas de lien
d’affinité direct avec aucun autre parti politique.
Cette donnée est
importante dans notre analyse puisque cette stratégie n’établit pas
d’adversaire direct à François Bayrou. De manière générale et au sein des 4
plus grands partis de France que sont l’UMP, le PS, le Front de Gauche et le
Front National, une relation antagoniste est à observer, ayant le centre pour
axe de symétrie puisque UMP et PS sont adversaires directs, tout comme le sont
le Front de Gauche et le Front National. A ces 4 partis majoritaires s’ajoute à
5ème, le MoDem, qui est un parti centriste. Cette posture politique
place le parti, ainsi que son représentant François Bayrou, devant l’absence
d’opposant direct. Or nous avons pu démontrer lors des travaux du premier
semestre que l’animateur Jean-Jacques Bourdin incarne de manière systématique
l’opposition face à ses interlocuteurs. François Bayrou n’ayant pas
d’adversaire direct de qui se démarquer sur le monde des idées, il force de
manière implicite la coopération de François Bourdin, puisque celui-ci n’a pas
d’antagonisme à incarner.
[1] Chabrol,
et al. « L’interaction et ses processus d’influence » Psychologie Française, Volume 44,
Presses Universitaires de Grenoble, 1999
[2] Lochard, Guy. « Genres
rédactionnels et appréhension de l'événement médiatique. Vers un déclin des
‘modes configurants’» Réseaux, volume 14 n°76, PRES Université
Paris-Est, 1996, pp. 83-102.
[3] Croll,
Anne. « La construction de l’information dans les conversations
médiatiques » Revue de psychologie Française .Tome 38-2, Paris, 1993, pp. 125-145
[4] Ibid
[5] Chabrol,
Claude. « Pour une psycho-socio-pragmatique de l’agir
communicationnel » Cahiers de Linguistique
Française n°26, GRPC Université Paris
III – La Sorbonne Nouvelle
[6] Ibid
____________________________________________
Analyse de la thématique Laïcité :
Analyse de la thématique "produire français" :
____________________________________________
Analyse de la thématique Laïcité :
|
BOURDIN
|
BAYROU
|
Rôle
|
Journaliste, animateur
|
Candidat MoDem à l’élection
présidentielle
|
Problématisation
de l’animateur
/
Réponse de l’interviewé
|
« Est-ce que la loi de
1905 est suffisante aujourd’hui ? »
« Mais
est-ce que les collectivités publiques doivent aujourd’hui financer les lieux
de culte ? Doit-on les autoriser ? »
« Faut-il
revoir la loi justement pour leur permettre ouvertement […] de les
financer ? »
|
|
Visées
discursives
|
Interroger, éclairer les
auditeurs sur la position de François Bayrou quant à la laïcité
|
Faire adhérer les auditeurs à
son point de vue
|
Finalités
|
Faire de l’audience, interroger
un candidat à la présidentielle
|
Se faire élire président
|
Orientations
discursives
Egocentré/hétérocentré
|
Discours hétérocentré
|
Discours autocentré et
hétérocentré : parle de la laïcité dans la société et de s’identifie en
tant que personne dans sa prise de position
|
Orientations
discursives
Narratif/Explicatif
|
|
Explicatif : explique en
quoi la loi sur la laïcité est le
« pilier de la société »
|
Principes
|
Emission politique, sérieux,
réalité, vérité
|
Emission politique, sérieux,
réalité, vérité
|
Relations
horizontales
|
Cordiales et respectueuses
|
Cordiales et respectueuses
|
Relations
verticales
|
Equivalentes
|
Equivalentes
|
Coopératif
ou conflictuel
|
Coopératif
|
Coopératif
|
Temps
de parole
|
Nombre d’interventions
équivalentes. Interventions plus courtes
|
Nombre d’interventions
équivalentes. Interventions plus longues
|
Nombre
de prises de parole
|
Treize
|
Treize
|
Type
de prise de parole : prenant, sollicité, autorisé
|
Prenant
|
Sollicité
|
Dimensions
dominantes du discours : ethos, pathos, logos
|
Ethos
|
Ethos, pathos
|
Actes
informatifs autonomes : assertions
|
Non
|
Non
|
Actes
sollicitants : Q/R
|
Questionne et coupe à trois
reprises :
-
« Vous
ne dites pas, Aristide Briand et les socialistes »
-
« Les
radicaux, oui les radicaux socialistes »
-
« De
les financer ? »
|
Répond et coupe une fois (et se
fait couper par le tour de parole de Bourdin suivant) :
-
Elles
le font et je pense que…
|
Actes
sollicitants : demande de validation/validation + accords/désaccords
|
Valide six fois « oui »
Pas de désaccords
|
Valide les questions à 2
reprises :
-
« Elle
est suffisante. Je ne dis pas… »
-
« Elles
le font de manière…déguisée »
Pas de désaccords
|
Actes
traitant d’informations déjà émises : validation, réception, itération,
accords, désaccords
|
Une itération :
-
« Mais
est-ce que les collectivités publiques doivent aujourd’hui financer les lieux
de culte ? Doit-on les autoriser ? »
-
« Faut-il
revoir la loi justement pour leur permettre ouvertement […] de les
financer ? »
|
Non
|
Actes
gérant la rencontre + prise de contact
|
Pas de rapport de force ni de
contradiction
|
Pas de rapport de force ni de
contradiction
|
Interventions
problématisées directrices
|
Non. Les questions restent dans
le cadre de la problématique : la laïcité
-
La
loi de 1905 est-elle suffisante ?
-
Doit-on
financer les lieux de culte ?
|
Position de suiveur
|
Interventions
problématisées par reprise
|
Non
|
Non
|
Interventions
par adjonction
|
Non
|
Non
|
Interventions
par changement de focalisation
|
Non
|
Non
|
Interventions
réactives
|
Non
|
Non
|
Interventions
continuatives
|
Non
|
Une fois :
-
« Elles
le font et je ne pense pas… »
|
Interventions
saltatoires
|
Non
|
Non
|
Interventions
non problématisées
|
Non
|
Non
|
Actes
de parole dominants de la sphère de l’information
|
Oui
-
Les
radicaux socialistes approuvent des adaptations de la loi de 1905
-
Les
collectivités locales financent les lieux de culte de manière déguisées
|
Idem
|
Actes
de paroles dominants de la sphère de l’évaluation
|
Non, il pose des questions
|
Oui, trois fois
|
Actes
de paroles dominants de la sphère de l’interaction
|
Non
|
Non
|
Actes
de paroles dominants de la sphère contractuelle
|
Rythme et déroulement normal
|
Rythme et déroulement
normal
|
Actes
de paroles dominants de la sphère actionnelle
|
-
La
loi de 1905 est-elle suffisante ? (ce qui interroge sur une éventuelle
modification)
-
Doit-on
financer les lieux de culte ?
|
-
« il
faut quelques adaptations […] Mais c’est un des piliers de la société
dans laquelle nous vivons »
-
Les
églises appartiennent aux collectivités locales, il est donc normal que l’on
les subventionne en partie, pour préserver notre « patrimoine
collectif »
|
Analyse de la thématique "produire français" :
|
Bourdin
|
Bayrou
|
Rôles
|
Journaliste, interviewer
|
Homme politique, candidat à la
présidentielle de 2012
|
Problématisation
de l'animateur
|
Vous voulez inciter les
consommateurs à privilégier les produits français ?
Comment faire pour que les produits français soient
meilleurs et moins chers que les autres ?
|
|
Visées
discursives
|
Interroger, éclairer les
auditeurs.
|
Convaincre, persuader,
défendre son programme politique.
|
Finalités
|
Faire de l'audience, informer
les auditeurs sur le programme de Bayrou.
|
Avoir une visibilité
médiatique, faire adhérer les auditeurs à son point de vue, gagner des voix
parmi les Français.
|
Orientations
discursives : autocentré ou hétérocentré
|
Hétérocentré
|
Autocentré sur un fond
hétérocentré
|
Orientations
discursives : narrative ou explicative
|
|
Explicative avec beaucoup de
« parce que », « car ».
|
Principes
|
Réalité, vérité, sérieux
|
Réalité, vérité, sérieux
|
Relations
horizontales
|
Cordiales, respectueuses
|
|
Relations
verticales
|
Équivalent
|
|
Coopératif
ou conflictuel
|
Coopératif
|
Coopératif
|
Temps
de parole
|
Interventions courtes
|
Interventions longues
|
Nombre
de prises de parole
|
5
|
4
|
Types
de prises de parole : prenant, sollicité, autorisé
|
Prenant
|
Sollicité
|
Dimensions
dominantes du discours : ethos, logos, pathos ?
|
Logos
|
Logos
|
Actes
informatifs autonomes : assertions
|
Non
|
Non
|
Actes
sollicitant : questions / réponses
|
Bourdin pose des questions au
candidat
|
Bayrou se contente de répondre
aux questions du journaliste
|
Actes
sollicitant : demande de validation /
validation + accord / désaccord
|
Bourdin utilise un
« oui » non pour valider le propos du candidat mais pour l'inciter
à développer.
|
Bayrou valide la question de
Bourdin lorsqu'il présente sa mesure sur la production française
|
Actes
traitant d'info déjà émises : validation, réception, itération, accord,
désaccord
|
Pas d'itérations, Bourdin
n'insiste pas particulièrement sur une mesure du candidat. Il ne montre pas
de désaccord.
|
Pas d'itération de la part de
Bayrou. Il débite son discours sans être interrompu par l'animateur.
|
Actes
gérants la rencontre + prise de contact
|
Pour amener le sujet de la
production française, Bourdin pose une question qui ouvre une nouvelle
thématique
|
|
Interventions
problématisées directrices
|
Bourdin lance les sujets.
|
Avec une position de suiveur,
Bayrou répond simplement aux questions
|
Interventions
problématisées de relance par reprise
|
Pas de relance sur le sujet de
la production française pour Bourdin
|
Pas de relance de la part de
Bayrou
|
Interventions
problématisées de relance par
adjonction
|
Pas de relance, Bourdin
n'ajoute aucun élément à sa question initiale
|
Pas de relance car Bayrou est
suiveur
|
Interventions
problématisées de relance par
changement de focalisation
|
Non
|
Non
|
Interventions
réactives
|
Bourdin a quelques
interventions réactives « Ah bon », « C'est parfois beaucoup
plus »
|
Bayrou réagit à la question de
Bourdin en le contestant « J'ai pas moins cher »
|
Interventions
continuatives
|
Non
|
Bayrou continue de présenter
sa mesure sans se soucier des réactions de Bourdin
|
Interventions
saltatoires
|
Non, Bourdin n'est pas dans la
confrontation
|
Non
|
Interventions
non problématisées
|
Beaucoup d'interventions non
problématisées qui scandent les interventions du candidat (++)
|
Interventions essentiellement
non problématisées. Bayrou répond aux questions. (++)
|
Actes
de parole dominant de la sphère de l'info
|
Beaucoup d'actes de paroles
purement informatifs. (++)
|
Bayrou donne des informations,
en expliquant son programme. (+)
|
Actes
de parole dominant de la sphère de l'évaluation
|
Pas de jugement de valeur de
la part de Bourdin (-)
|
Jugement de valeurs
« C'est absurde », « qu'ils réfléchissent un peu plus loin que
le bout de leur nez » (++)
|
Actes
de parole dominant de la sphère de l'interaction
|
Pas de jugement de valeur (-)
|
Refuse ce que Bourdin lui dit
« J'ai pas dit moins cher » (+)
|
Actes
de parole dominant de la sphère contractuelle
|
Bourdin laisse le candidat
s'exprimer longuement et ne le coupe que par des « oui », « ah
bon » sans vraiment problématiser ses interventions
|
Bayrou prend pleinement la
place qui lui est laissée par Bourdin dans cet échange.
|
Actes
de parole dominant de la sphère actionnelle
|
Pas de volonté de pousser le
candidat à agir (-)
|
Pas de volonté de faire faire
quelque chose (-)
|
Transcription
d’entretien BAYROU / BOURDIN
Bourdin
2012 – RMC-BFM TV
17 avril 2012
Jean-Jacques
Bourdin est retranscrit en noir, François Bayrou en orange.
-
J-5,
premier tour de la présidentielle dans 5 jours et nous poursuivons nos
entretien d’embauche sur BFM TV et RMC, ce matin François Bayrou, bonjour.
-
Bonjour.
-
Demain
Nicolas Sarkozy, jeudi François Hollande et vendredi Marine Le Pen. Je reçois le héros du Béarn hein ?... Vous
êtes allé sur internet ?
-
Non.
-
Vous
n’êtes pas au courant ?
-
Non.
-
Vous
n’êtes pas au courant, c’est un jeu sur internet, dans lequel le héros, vous en
l’occurrence, vous n’avez pas vu ça ?
-
Non je n’ai pas vu ca,
vous voyez…
-
Ca
m’étonne, ce sont des supporters qui ont mis ça en ligne…
-
Vous voyez que vous
êtes le pénibiliste ( ?) de l’information européen.
-
Vous
en l’occurrence vous aller délivrer votre pays aimé des ténèbres du Sarkollande.
Ca vous va ça non ?
-
Bah c’est très bien.
-
Ca,
ça vous va, bon…
-
C’est juste, intuitif
et sympathique.
-
Est
ce que vous parlez encore le béarnais ?
-
Absolument.
-
Quelques
mots tiens en béarnais.
-
« Qué voletz qué
diser »
-
« Qu’est
ce que vous voulez que je vous dise »
-
« BLABLABLABLA (phrase
en béarnais incompréhensible)»
-
Bon
d’accord, bon bref j’ai rien compris.
-
« Je suis ce
matin a votre micro et je suis heureux d’être la ! »
-
Bon
bah très bien. Né a Bordière, Pyrénées atlantiques, le 25 mai 1951, vos parents
étaient exploitant agricoles, modestes exploitants agricoles, le bac lycée de
Nay, la fac à Bordeaux, vous fréquentez a cette époque la communauté de
l’arche du poète et philosophe Lanza Del Vasto, parlez de cet homme.
-
Oh c’était fascinant
euh… j’avais 17 ans…
-
Oui
-
Et lui c’était un
personnage rayonnant, solaire, une stature, une puissance de pensée et
d’expression, une merveilleuse langue française et il avait été le disciple
direct de Gandhi.
-
Gandhi,
oui
-
C’est a dire que…
-
Oui
-
je l’ai…
-
Apôtre
de la non violence
-
… découvert par un
livre, qui a l’époque, après guerre, a eu un immense succès, qui s’appelait
« pèlerinage aux sources », et c’est quelqu’un qui défendait l’idée
que pour extraire la violence de la société, il faillait l’extraire de soi
même. Et…
-
Philosophe
de la relation
-
Philosophe de…
Philosophe de l’idéal et de l’intégrité. C’était très exigent puisqu’à la
communauté de l’arche, on ne pouvais prendre les décisions importantes qu’à
l’unanimité pour que chacun sache qu’à lui tout seul…
-
Oui
-
Il pesait autant que
les autres. Et euh… donc c’était très très idéaliste...
-
Oui
-
Mais c’était très bon
et je n’ai rien renié du principe fondamentale de ce temps…
-
Le…
-
Le principe
fondamental, pour moi, qui sépare en deux les hommes politiques, et dans cette
élection de la même manière, c’est ceux qui pensent que la fin justifie les
moyens d’un coté. La fin justifie les moyens, on peut tout faire, on peut
mentir, on peut raconter des histoires, on peut, on peut… dissimuler
l’essentiel pourvu qu’on gagne quelques points dans les sondages…
-
Mais
les autres mentent et pas vous…
-
… J’ai presque fini.
-
Oui.
-
Et les seconds…
-
Oui.
-
Selon la phrase de
Gandhi, c’est ceux qui pensent que la fin EST dans les moyens come l’arbre est
dans la graine et qu’il n’y a pas de rupture entre les moyens que vous utilisez
pour être élu et le but que vous voulez atteindre. C’est la même chose, si vous
acceptez des moyens déguelasses, le but sera déguelasse et donc oui, en effet,
ça m’a servit de principe de vie. Vous dites est ce que, est ce que…
-
Est
ce que la non violence est un levier de transformation la société ?
-
Vous aviez… Vous aviez
posé une question…
-
Oui,
j’ai posé une question…
-
Et je réponds à la
question…
-
Est
ce que les autres mentent, est ce qu’on ment beaucoup dans cette
campagne ?
-
Mais on ne fait que
ça, et vous le savait très bien, tous les observateurs le savent, toutes la
presse internationale l’écrit, tous ceux qui regarde la France avec
stupéfaction dans cette campagne électorale et la plupart des électeurs savent
qu’on leur raconte des histoires, savent que ceux qui leur font des promesses
alléchantes leur mentent, savent qu’au fond il va falloir consentir des efforts,
il va falloir qu’on se groupe pour sortir le pays de l’incroyable situation, de
l’extrême difficulté dans laquelle il se trouve…
-
On
va y revenir…
-
Et je ne mens pas
-
Bon
on va y revenir, vous ne mentez pas…
-
Mon contrat avec les
Français…
-
Oui
-
…C’est de leur dire la
vérité.
-
Et
bien nous y reviendrons tout à l’heure mais euh... François Bayrou, je vais
vous poser une question, est ce que la non violence est un levier de
transformation de la société ?
-
Oui.
-
Oui.
-
C’est très exigent…
-
Oui
-
C’est très difficile,
ce n’est pas la même non violence avec les mêmes moyens…
-
Parce
que notre société devient de plus en plus violente, François Bayrou
-
…Que chez Gandhi et
qu’en Inde mais selon moi le rôle principal d’un responsable publique et si
j’osais je dirais aussi le rôle principal d’un père de famille ou d’une mère de
famille parce que pour moi c’est a peu près la même chose, c’est que aussi
différents que soient les gens qui forment le pays, aussi que soient les
enfants assis autour de la table ou, ou vos euh… proches, frères, sœurs,
parents assis autour de la table, aussi différents qu’ils soient vous devez les
faire vivre ensemble et leur proposer un volonté commune, un, un… quelque chose
qui les portent en avant, qui les fassent vivre et relever les défis de leur
temps.
-
Marié,
6 enfants, catholique pratiquant mais aussi laïque convaincu.
-
Oui, oui exact
-
Est
ce que la loi de 1905 est suffisante aujourd’hui ?
-
Oui.
-
Elle
est suffisante ?
-
Elle est suffisante.
Je ne dis pas…
-
Vous
ne dites pas Aristide Briand et les socialistes
-
…Je ne dis pas qu’il
ne faille pas…
-
Oui,
oui.
-
Les radicaux surtout à
cet égard…
-
Les
radicaux, oui, les radicaux socialistes…
-
Je ne dit pas qu’il
faille pas quelques adaptations
-
Oui.
-
Mais c’est un des
piliers de la société dans laquelle nous vivons, c’est une loi incroyablement
moderne, contemporaine qui au fond une chose…
-
Oui.
-
…Toute simple :
c’est pas parce que vous croyez à quelques chose de toutes vos fibres que vous
avez le droit de l’imposer aux autres.
-
Oui.
-
Et donc vous avez ce
double visage, vous êtes libre de croire a ce que vous voulez croire, et
heureusement, je suis un croyant et je l’assume, heureusement vous avez le
droit de croire et de pratiquer la religion mais en même temps lorsque vous
êtes dans l’espace publique…
-
Oui.
-
…Dans l’espace de la
loi, alors ce n’est pas la foi qui dirige tout, c’est la délibération
collective, c’est la décision qu’on prend tous ensemble, citoyens du pays.
-
Mais
est ce que les collectivité publique doivent aujourd’hui financer les lieux de
cultes ? Doit on les autoriser ?
-
Elles le font, elles
le font.
-
Elles
le font de manière déguisée.
-
Elles le font de
manière… déguisée
-
Faut
il revoir la loi justement pour leur permettre ouvertement…
-
Elle le font et je
pense que…
-
…De
les financer ?
-
…Ce n’est pas absurde
qu’elles le fassent, puisque comme vous le savez, les églises appartiennent aux
collectivités publiques et donc elles refont les toits, elles refont les
vitraux, elles s’occupent que ce soit en bon état parce que c’est un patrimoine
collectif et donc il n’est pas absurde qu’on donne un coup de main aux fidèles
pour construire à leur tour leur lieu de culte pourvu que ce lieu de culte soit
un lieu de paix, paisible dans lequel il n’y ai pas le germe d’affrontement.
-
Bien
votre vie politique : député à 34 ans, ministre à 41 ans dans le
gouvernement d’Edouard Balladur, tiens, tiens, a propos d’Edouard Balladur,
avez vous des doutes sur l’origine du financement de sa campagne de 1995 ?
-
C’est pas a moi de
m’exprimer sur le sujet. En… En 95 je n’ai jamais eu d’idée de cet ordre. Et
puis…
-
Et
sur celle de Nicolas Sarkozy en 2007 ?
-
Euh vous savez que je
me suis exprimé sur tous ces sujets en 10 ans, il va falloir changer les règles
de financement de campagne parce que le soupçon…
-
Oui.
-
…Sur la manière dont
sont financé ces campagne électorales, pas seulement celles la
-
Oui.
-
Vous vous souvenez
qu’en 95 ET la campagne de Balladur ET la campagne de Chirac aurait mérité
selon le conseil constitutionnel …
-
Aurait
mérité oui.
-
… et puis même d’être
sanctionné, et puis on ne l’a pas fait parce qu’il ne fallait pas faire de
vague, Rolland Dumas avait la responsabilité du conseil constitutionnel et tout
ça était géré de manière, on va dire euh… bienveillante excessivement…
-
Bien.
-
…Et donc pour moi il
faut changer la loi sur deux points
-
Oui.
-
Le premier point c’est
qu’il faut empêchera qu’on dépense les millions et les millions qu’on est en
train de dépenser, on l’a encore vu dimanche sur ces affaires-là, en louant des
trains, des euh, des bus, des wagons spéciaux, tout le monde euh dépense à
carnet de chèque ouvert. Pas nous. Parce qu’on n’a pas les moyens, on se
contente de ce qu’on a …
-
Vous
avez dépensé combien dans cette campagne ?
-
Allez euh… moins que
le plafond remboursé, voilà
-
oui.
-
Donc on va être à peu
près à ce niveau-là.
-
Bon
-
Et euh… et je dis que
ça suffit amplement pour faire campagne, parce que les médias que vous
représentez sont ouverts et donc on peut s’exprimer, surtout quand on est un
candidat reconnu, connu par les français. Premièrement limiter les dépenses,
deuxièmement arrêter ces financements qui sont une atteinte au principe d’égalité,
qui font que, on donne à des réseaux financièrement à l’aise, le droit de
soutenir et l’Etat rembourse. Alors euh, euh, franchement que ce soit le
contribuable qui vienne au secours des réseaux les plus euh… financièrement
importants…
-
Solides
et importants
-
Il y a quelque chose
qui ne va pas dans cette affaire.
-
Bien,
François Bayrou euh…
-
ET, et…
-
Oui
-
Et la moralisation de
la vie publique dont je considère qu’elle est un chapitre essentiel passe en
particulier ou aussi par ce…
-
D’ailleurs
ce sera une des première mesure si vous êtes élu président de la république.
-
Exactement.
-
Bien
François Bayrou, centriste viscéral, président du CDS d’abord puis de l’UDF,
député européen, 2002 rupture avec la droite, candidature à la présidentielle,
6,84% des voix, 2007 à nouveau candidat 18,57%, entre les deux tours en 2007
« non je ne voterai pas Nicolas Sarkozy ». Est ce que vous pensez que
le Nicolas Sarkozy de 2012 ressemble au Nicolas Sarkozy de 2007 ? Est ce
que vous préférez le Nicolas Sarkozy de 2012, François Bayrou ?
-
Ah c’est une question
très difficile.
-
Et
oui.
-
Parce que c’est une
question philosophique au fond
-
Oui
-
Est ce que les hommes
peuvent changer ?
-
Oui.
-
Alors je vais dire un
peu. Je pense que les hommes peuvent se euh se… se… modifier à la marge…
-
Ouais
-
Gommer un certain de
leur excès, moi-même peut être ça m’est arrivé alors je le, je pense que Nicolas
Sarkozy, oui, a un peu changé.
-
En
bien ?
-
Est ce que ca suffit
pour changer euh…
-
En
bien ?
-
Oh il s’est, je trouve
un tout petit peu amélioré.
-
Il
s’est amélioré par rapport à Nicolas Sarkozy de 2007
-
Oui, oui parce qu’il
est moins provocateur, vous voyez…
-
Oui.
-
Il a été d’une
certaine manière dompté dans un certain nombre de ses excès par la vie,
cependant, pour que vous ne me fassiez pas dire ce que je n’ai pas dit…
-
On
va ne parler.
-
Cependant est-ce que ça
suffit pour changer sa manière de gouverner, sa manière de voir le pouvoir, sa
manière de voir la société, ses principes et ses valeurs ET son approche
politique euh vraiment je ne le crois pas, pour l’instant.
-
Vous
ne le croyez pas ?
-
Je ne vois pas, je ne
vois pas de changement fondamental dans sa manière de voir la politique.
-
Bien
François Bayrou, ministre de l’éducation national plusieurs fois, plusieurs
fois, Edouard Balladur et puis Alain Juppé, votre ami Alain Juppé, vous êtes
très proche d’Alain Juppé ?
-
En tout cas on a
beaucoup d’estime, J’AI beaucoup…
-
Oui
-
…d’estime pour lui, je
pense que c’est réciproque.
-
Alain
Juppé qui souhaite que vous soyez le premier ministre…
-
Oui ça c’est une…
-
De
Nicolas Sarkozy, vous l’avez entendu, vous l’avez lu. C’est une quoi ?
-
Ca c’est une
déclaration électorale.
-
C’est
une déclaration électorale ?
-
C’est à dire que…
-
Il
vous en a parlé en privé ?
-
Non.
-
Il
vous en a parlé en privé non ?
-
Il y a…
-
Oui
-
…Un certain nombre de
déclaration qui ont été multiplié d’ailleurs par les deux camps euh…
-
Qui,
Qui chez François Hollande ? On vous a fait…
-
Lui-même, Monsieur…
-
On
vous a fait des appels du pied ?
-
… Leroux, Monsieur
Moscovici enfin…
-
Qui
vous ont appelé ?
-
Qui ont dans la presse
euh…
-
Oui
-
…Dans les agences, à
l’agence France Presse, déclaré que vraiment j’étais très proche d’eux, très
bien, un type tout à fait exceptionnel,
-
Oui
-
En tout cas (rires)
estimable donc il y a eu des messages des deux cotés. J’y vois deux choses, je
ne suis pas naïf, je vois les arrières pensées électorales et sur les arrières
pensées électorales, sur la manière de préparer des évolutions, tout le monde
sait que je ne mange pas de ce pain là. Et deuxièmement, j’y vois autre chose,
j’y vois la préoccupation qu’un nombre de responsable commence à avoir à
l’esprit de ce qu’il y a de malsain dans une vie politique de deux camps l’un
contre l’autre et chacun des deux camps sous la pression d’un extrême. Et ca,
il n’y a pas de pire danger pour un pays en crise que d’être sous la pression
des extrêmes. Vous connaissez l’histoire, jamais dans l’histoire un pays n’a
trouvé un avenir heureux si les extrêmes le mènent ou font pression sur lui,
le, le, le, la raison et la volonté, le courage dans un peuple c’est
précisément d’écarter les extrêmes pour suivre la voie équilibrée qui est la
seule qui permette de s’en sortir…
-
Vous
accepteriez…
-
.. dans une famille…
-
Et
dans l’autre
-
…comme dans un pays.
-
Est
ce vous accepteriez d’être premier ministre ?
-
On ne peut être
premier ministre…
-
De
l’un ou de l’autre.
-
On ne peut être le
premier ministre de qui que ce soit…
-
Oui
-
Que si on est
profondément en phase avec ce que euh peut apporter euh l’élection du président
de la république…et je ne…
-
Et
Vous l’êtes ? avec les deux candidats ?
-
Evidemment vous savez
bien que je ne le suis pas, donc…
-
Ni
avec l’un ni avec l’autre ?
-
Je mène une campagne
électorale dont tout le but est de faire…
-
Et
vous aimeriez être premier ministre ?
-
On fait son devoir,
dans la vie on…
-
Franchement,
soyons directs, franchement.
-
Dans sa vie…
-
Oui
-
Dans une vie d’homme
telle que je conçois cette vie d’homme…
-
Oui
-
Lorsqu’il y a un
devoir devant soi on le rempli, mais évidemment…
-
Donc
oui.
-
…vous voyez bien que
les conditions ne sont nullement remplies pour cela alors prenons cette
élection au sérieux, avec gravité. Dans cette élection tous les effort des deux
parties principaux depuis des mois ont été gommés avec le premier tour et ceux
qui nous écoutent, ils savent exactement à quel point ça les met en colère, ça
les met en rogne, ça les met en révolte, parce qu’il y a 60% des Français,
60%, Jean Jacques Bourdin, qui refuse le
deuxième tour Sarkozy/Hollande, qui disent « non ça nous va pas, c’est pas
ce qu’on voudrait » cela vous devez leur donner leur place et les faire
entendre.
-
De
la même manière… et c’est ce qu’ils font… ici
-
Ceux-là, ceux-là,
ceux-là, il faut qu’ils se fassent entendre parce que c’est le moyen d’éviter
cette perpétuelle main mise des réseaux…
-
C’est
à vous de vous faire entendre François Bayrou !
-
Ben je, je m’y
efforce.
-
Bon,
bon !
-
Des réseaux…
-
Oui
-
Les plus puissants du
pays…
-
Oui
-
Sur…euh la politique
et l’information, la haute administration…
-
Mais
quoi il y a connivence entre les médias…
-
Il y a…
-
Il
y a la connivence entre les médias les deux principaux candidats
-
…une entente…
-
Oui
-
…implicite…
-
Oui
-
…Entre Sarkozy et
Hollande, l’UMP et le parti socialiste pour que le premier tour soit gommé et
qu’on aille directement au deuxième tour, et qu’au fond les français, par
lassitude, en baissant les bras, disent « allez après tout on va voter
pour un de ces deux là puisqu’il n’y a pas d’autres choix » OR il y a un
autre choix, et non seulement il y a un autre choix disponible mais il y a un
autre choix qui doit être pour les français…
-
On
va parler de votre… « choix »
-
…qui doit être pour
les Français…
-
et
de vos propositions.
-
Pour les Français une
expression que nul n’arrêtera parce que les Français savent très bien, et ont
par dessus la tête de cette réalité, QU’ON LEUR MENT…
-
Bien,
François Bayrou…
-
… qu’il n’existe,
écoutez moi bien
-
Oui.
-
Il n’existe aucune chance,
aucune, de voir se réaliser les promesses par milliard et par milliard que
Nicolas Sarkozy et François Hollande ont multiplié pendant cette campagne
électoral et dont ils n’ont pas le premier centime. Et bien les menteurs, les
affabulateurs, les vendeurs d’illusion, les truqueurs de la réalité du pays, il
faut les renvoyer chez eux. Il faut que le peuple Français, Le peuple des
citoyens…
-
Mais
vous ne pouvez pas vous « acoquiner », pardonner moi l’expression,
elle est volontairement utilisé avec un menteur, un truqueur après…
-
Je vous dis…
-
…l’élection…
-
Je vous dis que je
vous livrerai, je livre…
-
Jamais,
oui…
-
…La bataille du
premier tour…
-
…Mais
On est d’accord…
-
…Pour changer, pour
changer le second tour
-
…Mais
donc ça veut dire qu’au second tour vous ne pourrez jamais, jamais rejoindre
l’un ou l’autre
-
Je prends mes
responsabilités…
-
Oui
-
… en toutes
circonstances de la vie, je suis quelqu’un qui n’élude pas ses responsabilités.
-
Bien,
François Bayrou euh dites moi, François Hollande, un mot encore, est ce qu’il
ressemble, le François Hollande de 2012 au François Mitterrand de 1981 ?
-
Pas du tout.
-
Pas
du tout, alors.
-
C’est pas la même
situation du tout, euh c’est d’ailleurs…
-
Bon,
parce que certains l’ont dit.
-
C’est d’ailleurs une
faute historique. Franchement quand vous y réfléchissez, quand vous mettez les
choses sur la table, calmement,
-
Oui.
-
C’est une faute
historique de présenter l’élection de
2012 comme l’élection de 1981. En 1981, on avait eu un très long temps,
plusieurs décennies, avec la droite seulement au pouvoir, plusieurs décennies.
Cette fois ci on a eu des alternances et on sait très bien que le parti
socialiste n’a pas fait mieux que ses adversaires d’aujourd’hui, ni dans la
majorité, ni dans l’opposition puisqu’il a sans cesse poussé à des dérives
encore plus accentuer. On était un pays en déficit et le parti socialiste a
constamment demandé qu’on dépense plus. Vous le savez très bien. Deuxièmement,
en 81, le pays avait beaucoup de réserves, Valery Giscard D’Estaing et Raymond
Barre avaient laissé un pays sans dettes. Vous avez demandé...
-
Tiens,
on vous compare à Raymond Barre, au passage, souvent.
-
Oui ben c’est
quelqu’un que j’ai beaucoup aimé. Barre, Mendes-France, Giscard à sa manière,
Delors, Rocard voilà ma famille politique. Cette famille politique est celle
qui aurait dû diriger la France. Jacques Delors est probablement une des
expressions les plus proche de ce que j’ai cherché tout au long de ma vie mais
euh euh euh, Barre, Giscard, Rocard aussi. Et donc cette famille politique
aurait dû gouverner la France mais elle s’est divisée et chacune des moitiés a
été minoritaire dans son camp. Alors, je reviens une seconde à 81.
-
Allez.
-
En 81 le pays n’avait
pas de dettes, le pays était libre de pouvoir emprunter donc on pouvait
dépenser à carnet de chèque ouvert. Ca n’a pas réussi longtemps puisque comme
vous le savez, ça a été une catastrophe très très vite et pourtant l’euro
n’existait pas, l’union européenne n’existait pas et…
-
Et
la rigueur est revenue
-
…les agences de
notations, comme on dit, n’existaient pas. Mais 2012, nous n’avons pas de marge
de manœuvre, nous n’avons pas d’argent à dépenser, nous allons au contraire
devoir économiser pour rétablir les équilibres, c’est le projet que je porte
devant les français, il s’appelle « courage », il s’appelle
« effort ».
-
Bien,
euh…
-
Et ceux qui ne parlent
pas de courage, ni d’effort dans cette élection, trahissent l’intérêt national.
-
Vous
dites souvent, je vous cite « je suis plus proche humainement de François
Hollande mais programme… quand je regarde les programmes je suis plus proche de
Nicolas Sarkozy »
-
Oui alors cette
phrase…
-
C’est
vrai çà ou pas ? Elle est à vous ?
-
…Elle a été citée dans
un article
-
Oui,
c’est vrai ou pas ca ?
-
Non ça n’est…
-
Bon.
-
Cà n’est pas une
phrase que j’ai prononcé dans aucune manière, Il y a, je
-
Oui
-
Bon allez, ne, ne…
-
Oui,
oui soyons clairs
-
Soyons clairs
-
Allez.
-
Je connais François
Hollande très bien…
-
Oui
-
J’ai beaucoup,
beaucoup parlé avec lui
-
Oui
-
Mais le François
Hollande que je vois dans cette période ne ressemble pas au François Hollande
avec qui je parlais à cette époque et qui était sur une ligne, qui était une
ligne euh que je sentais, que je croyais euh, proche de la mienne
-
Oui
-
Nous nous entendions
sur l’essentiel, qui était de remettre le pays sur ses pieds, or depuis, ça
c’est passé au milieu des primaires
-
Oui
-
Tout à coup il s’est
mis à basculer dans un socialisme habituel qui est le socialisme de la dépense,
or le socialisme de la dépense aujourd’hui est le pire des services que l’on
puisse rendre au pays. Ce qu’il faut aujourd’hui c’est bâtir, un projet de
production, vous entendez ? PRODUCTION pour qui y ait des emplois, pour
qu’il y ait des ressources…
-
On
va en parler, on va entrer dans le détail. Un dernier mot, est ce que vous êtes
persuadé que vous avez un destin ? parce que…
-
Je pense que tout le
monde à un destin
-
Ouais
-
Je pense que vous en avez un,
-
Ouais
-
Euh Je pense qu’une
jeune femme qui élève ses enfants toute seule dans une cité, euh et c’est
difficile, elle a un destin, je pense que euh un créateur, un écrivain, un
artiste, a un destin. Vous vous avez inventé euh une nouvelle façon euh de
faire de la radio et de l’information, vous avez un destin et j’en ai un aussi
comme tout les autres.
-
Bien,
François Bayrou…
-
Et c’est, et c’est...
-
Oui
-
Je vous l’accorde,
important pour moi de penser que une vie sert à quelque chose, que une vie …
-
Alors
certain disent…
-
…ça n’est une carrière...
-
Oui
-
Ca n’est pas des
avantages que ça n’est pas euh des galons sur les épaules et les signes
extérieurs du pouvoir, une vie ça a du sens
-
Et
certains disent, la consignent avec François Bayrou : « j’ai
toujours raison », vous avez toujours raison ?
-
J’ai assez souvent
raison, j’ai euh si…
-
Vous
êtes têtu ? têtu ? Obstiné ?
-
… vous regardez, si
vous remonter en arrière
-
Oui
-
En pensant à la dette,
en pensant à l’explosion du chômage par effondrement de la production, aux affaires qui se sont
multipliés, j’ai mené tous ces combats et souvent seul contre tous : la
privatisation des autoroutes, je me suis battu contre, seul contre tous. Et
bien je pense que sur ces euh, sur ces grands enjeux du pays j’avais vu juste,
alors je dis pas que j’avais raison sur tout mais en tout cas, le, le, les
choix profonds que j’ai fait pour le pays, sont cela même euh qui se sont
relevé après être de, de très importants enjeux.
-
Bien,
on va entrer dans vos propositions dans deux minutes François Bayrou, à tout de
suite, vous êtes sur RMC et BFM TV.
-
(Jingle)
-
François
Bayrou est notre invité ce matin François Bayrou, à Londres, le Financial Times
estime que les mesures d’austérité prises partout en Europe sont injuste mais
aussi contre productive, vous êtes d’accords ou pas ?
-
Euh, l’austérité si
c’est la remise en ordre des comptes, le mot n’est pas adapté, dans une famille
en surendettement, lorsque vous voulez sortir du surendettement, c’est une
libération que de ne pas dépenser plus que ce que vous recevez. La France est
le pays d’Europe qui paie le plus d’impôts et cependant c’est celle qui a le
déficit le plus important. Si vous voulez rebâtir la… confiance, c’est un mot
magique, confiance dans un pays, vous êtes obligés de remettre les finances
publiques…
-
Oui
mais…
-
…en ordre si vous
continuez à dépenser plus qu’il ne rentre dans vos caisses vous allez en faillite
-
Relance
de la consommation, on entend ça maintenant…
-
C’est une…
-
…partout
en Europe.
-
C’est une
plaisanterie…
-
Ah
bon ?
-
De garçons de bain
-
Mais
même Nicolas Sarkozy qui promet de revoir le rôle de la BCE… la banque centrale
européenne
-
Franchement, Nicolas
Sarkozy, il lui arrive aussi souvent de dire des choses qui ne sont pas
exactes. Moi je vous dis…
-
Oui
-
La relance par la
consommation…
-
Oui
-
Dans un pays dont les
frontières ouvertes, c’est une excellente relance pour la Chine, pour
l’Allemagne, pour les pays qui nous fournissent les biens que nous ne
produisons plus et donc la première des choses à faire, c’est de remettre le
pays en état de production je…
-
Donc
rigueur, rigueur, rigueur
-
Non ! Non
-
Non ?
alors quoi ?
-
Vous ne m’avez pas
entendu
-
Si
je vous ai entendu
-
Je vous dis :
emploi, emploi, emploi et production, production, production et pour les
finances publique, une règles simple, nous ne dépenserons pas, l’année
prochaine en 2013 et l’année qui vient en 2014, plus que nous avons dépensé
cette année et qui est déjà beaucoup, qui est déjà énorme…
-
Bien
-
…Parce qu’en France,
il y a
-
Oui
-
Et vous le savez parce
que vous…
-
Oui
-
… auditeurs vous
appelle pour vous le dire,
-
Oui
-
il y a des gaspillages
énormes, l’argent ne va pas ou il devrait aller, on n’a pas les soutiens…
-
Mais
le gaspillage par exemple, tiens, gaspillage de l’Etat, trop d’élus
-
Trop d’élus, et c’est
pourquoi
-
On
supprime les départements…
-
Et c’est pourquoi je
suis pour baisser le nombre de parlementaires…
-
Oui
à 400
-
… à l’Assemblée
Nationale et au Sénat…
-
Passer
à 400
-
…Et de les descendre à
400 ce qui suffira ce qui suffira bien, et au contraire…
-
Mais
trop de strates
-
Et au contraire fera
qu’ils auront plus…
-
François
Bayrou
-
Trop de strates vous
avez raison, trop de dépenses des collectivité locales…
-
Alors
vous supprimez quoi ? Vous supprimez les départements ? les
communautés de commune, vous supprimez quoi ?
-
Ne soyez pas un esprit
simpliste
-
Mais
je ne suis pas simpliste
-
Si
-
Non
-
Moi je vous dis…
-
Oui
-
…Il faut rapprocher
l’action des départements et des régions
-
Oui
-
Il faut qu’il y ait
des élus peu nombreux mais justement élu, il faut que, qu’on ne continu pas à
recruter dans les collectivités locales comme on l’a fait déraisonnablement, il
faut qu’on étale les programmes. Après tout en quoi est-ce catastrophique,
serais-ce catastrophique que les programmes des collectivités locales les ronds
points, les salles polyvalentes…
-
Oui
-
…les piscines prévues
pour deux ans soient réalisées en trois ans, franchement en quoi…
-
Bon,
on étale les dépenses
-
On étale les dépenses
et ceci nous ferait économiser plusieurs milliards par an vous voyez ?
-
Oui,
mais vous proposez…
-
Non, attendez,
attendez, attendez
-
Oui,
oui allez y
-
Je vais essayer de
défendre une idée devant vous : ce dont on a besoin dans la politique
française c’est moins d’experts employant des mots compliqués que du retour, du
bon sens élémentaires qui est celui de l’artisan qui fait son boulot et qui
équilibre ses comptes, du commerçant qui fait son boulot et qui…
-
Oui
-
…équilibre ses
comptes, et des familles qui ont besoin d’équilibrer leurs comptes pour ne pas
être…
-
Mais
vous avez besoin d’expert, vous voulez créer un commissariat, j’ai vu, aux
stratégies industrielles
-
Oui c’est l’ancien
commissariat au plan
-
Oui
-
Pourquoi, parce que
si…
-
Pour
réfléchir à la stratégie…
-
Non, oui à la
stratégie filière par filière euh, euh vous savez dans notre pays on a perdu la
bataille dans un très grand nombre d’activité : dans le textile on a perdu
la bataille, dans le bois et la forêt on a perdu la bataille, dans euh, dans
euh le tourisme, on n’a pas gagné la bataille comme il aurait fallu la gagner,
il y a dans ces secteurs…
-
Donc
ces stratèges vont réfléchir…c’est ça ?
-
Il y a dans ces
secteurs 1 200 000 emplois. Non c’est pas, c’est pas des stratèges qui vont
réfléchir.
-
Oui
-
On va mettre autour de
la table les seuls experts qui à mes yeux représentent quelque choses, ceux qui
ont l’expérience, c’est à dire euh les petites et moyennes entreprise du
secteur euh, des commerciaux du secteur, les banquiers pour les soutenir, les
collectivités locales dont c’est le boulot et l’Etat pour faire marcher euh
ensemble. On a besoin d’écouter le terrain qu’on n’a pas écouté.
-
Bien
-
Je vous raconte une
histoire…
-
Très
vite, très vite François Bayrou parce que j’ai plein de questions et il reste 5
minutes.
-
Parce qu’on a fait
croire…
-
Oui
-
Que c’était la Chine,
l’Inde qui nous ont empêché de nous développer. Regardez ce qu’il se passe en
Allemagne, en Suisse, aux Pays Bas. A notre frontière, de pays qui ont, pour
l’Allemagne, la même monnaie que la nôtre, les mêmes règles européennes que la
nôtre, le même coup du travail que le nôtre et même légèrement supérieur euh
euh en Suisse un coût du travail nettement supérieur mais ils produisent et ils
exportent et ils créent des emplois et il y a 200 000 frontaliers qui
traversent la frontière pour aller travailler en Suisse, ça ne vous perturbe
pas ? Et bien moi je vous dis vous regardez la filière bois, nous avons 16
milliards d’hectares de bois, la plus grande forêt…
-
Et
les Suisses franchissent la frontière de l’autre coté pour aller se loger en
France oui…
-
Nous avons la plus
grande forêt…
-
Oui
-
De ce secteur, de
l’Europe…
-
Oui
-
Avec cette forêt là on
a 400 000 emplois, les allemands ont une forêt 30% plus petite, ils ont 800 000
emplois dans la forêt, vous ne trouvez pas qu’il y a quelque chose qui ne
marche pas ?
-
Alors
euh…
-
Il y a partout des
gisements d’emplois par centaine de milliers pourvus qu’on joue les cartes de
la France avec un regard nouveau, or le PS et L’UMP, les hauts fonctionnaires
qui sont avec eux ce n’est pas un regard nouveau.
-
Alors
vous proposez un gel des dépenses publiques pendant deux ans, oui mais il faut
se rappeler quand même que 80% des dépenses publiques sont les salaires et des
prestations sociales…
-
Oui mais salaires, prestations sociales…
-
…alors
qu’est ce qu’on fait ?
-
…on peut les organiser
différemment…
-
Ah
bon.
-
On peut servir mieux
en faisant des économies.
-
Mais
on gèle quand même…
-
Geler…
-
…salaires
et prestations sociales
-
Non, non, non, non parce que je pense
qu’il faut laisser respirer les salaires, je…
-
Oui
-
Je fais une différence
-
Oui
-
Mais vous dites prestations sociales…
-
Oui
-
J’ai proposé 4 ou 5 mesures…
-
Oui
-
…Très importantes. Une d’entres
elles : réorganiser les urgences, pour que avant d’entrer aux urgence de
l’hôpital, ce que font 15 millions de Français par ans et puis maintenant on y
va de première intention, il y ai…
-
Parce
qu’on ne trouve pas de médecin
-
Un SAS, une salle d’examen…
-
Ou
alors pourquoi on y va ?
-
Il y ait une salle d’examen…
-
Oui
-
Avec des médecins libéraux qui seront là
pour dire ça c’est une angine et OK on soigne, ça c’est une petite blessure, OK
on soigne, ce que les médecins appellent de la bobologie. Ah là attention il y
a un risque cardiaque on fait entrer aux urgences. On estime qu’il y a entre 50
et 60% des visites aux urgences qui sont de ces pathologies banales. Or les
urgences à l’hôpital, la visite est facturée 250 euros, dans le système que je
propose elle est facturé 60 euros vous économiserez presque 200 euros par
personne sur 8 millions de personnes ça fait presque 2 milliards d’économisés
pour la sécu, et pas en soignant moins, Jean Jacques Bourdin, je vous conjure
de vous mettre en tête cette idée qu’avec l’argent que nous dépensons nous
pouvons servir mieux les Français sans dépenser plus. Et tous ceux qui nous
écoutent ont observé un jour ou l’autre des gaspillages surtout si ils sont à
l’intérieur d’administrations de la sécu où du système de santé et nous allons
les associer a cet effort pour ne pas dépenser plus en servant mieux.
-
Bien
François Bayrou, vous voulez inciter les consommateurs à privilégier les
produits français…
-
Oui
-
C’est
l’une de vos grande mesure euh comment faire pour que les produits français
soient meilleurs et moins chers que les autres ?
-
J’ai pas dit moins
cher.
-
Ah
bon
-
Parce qu’il y a un
très grand nombre des français, plus de 2/3 selon les sondages qui sont prêts a
dépenser un petit peu plus pourvu que ça revienne à la France…
-
C’est
parfois beaucoup plus.
-
Car quand vous
dépensez 100, pour un produit français…
-
Oui
-
50% vous revient parce
que vous êtes un assuré social et que ces produits ont payé les charges
sociales et donc remboursent sécu, parce que vous êtes un retraité et que la
CSG permet de payer les retraites, parce que vous êtes un parent d’élève et que
l’impôt des société permettent de payer les enseignants, et vous voyez qu’en
fait, on ne réfléchit pas, surtout entreprise d’Etat, surtout d’administration.
Ecoutez, hier, on a annoncé que France Télécom, je veux dire Orange, c’est à
dire France Télécom, c’est à dire l’Etat en grande partie, que cette entreprise
allait supprimer la fabrication de décodeurs en France et allait la transférer
dans le Sud Est Asiatique. Est ce qu’ils réfléchissent un peu plus loin que le
bout de leur nez ? Parce que gagner 5% sur le prix du décodeur, si vous
perdez toute l’activité du pays alors que vous êtes euh représentant des
citoyens, des consommateurs et de l’Etat, c’est à courte vue, c’est absurde.
J’ai dénoncé, vous le savez, le fait que les cartes vitales de la sécu soient
fabriquées en Inde. Si ils réfléchissaient une seconde, ils se seraient aperçus
qu’ils y perdent, parce que la sécu c’est ceux qui précisément reçoivent les
charges sociales sur le travail fait chez nous et donc je suis pour qu’on
réoriente les choses et qu’on ait une autre vision et que tout le monde se
sente responsable y compris les consommateurs, de soutenir activité et
production en France.
-
François
Bayrou était notre invité ce matin
-
Merci
-
Nicolas
Sarkozy sera la demain matin, François Hollande sera la jeudi matin et Marine Le
Pen vendredi matin. Merci