Bourdin,
un super animateur ?
Comparativement aux programmes des radios
majeures dans la tranche horaire 6h-10h, l’émission de Jean-Jacques Bourdin,
« Bourdin 2012 » est la seule à être diffusée pendant 4 heures sans
interruption et en direct. Menée de long en large par l’animateur phare de la
chaîne, l’émission est tout de même ponctuée par les interventions de quelques
chroniqueurs. Bourdin apparaît cependant comme étant l’élément principal de
l’émission. Il est présent, attentif et réactif à tous les instants. Lors de
l’interview de l’invité politique du jour, il mène seul le débat. On peut alors
mettre en avant deux attitudes prises par l’animateur, en fonction du fait qu’il
s’adresse à ses auditeurs ou qu’il soit dans le contexte de l’interview
politique, en même temps diffusée à la télévision sur la chaîne du groupe, BFM
TV.
La
position qu’il adopte face à Nadine Morano pousse encore plus loin cette notion
d’ambivalence, et c’est cette position qu’il faudra prendre en compte si l’on
veut conseiller un candidat politique quant à la posture à adopter chez
Bourdin. Nous reviendrons sur ce point dans notre dernière partie. Ainsi Jean-Jacques Bourdin peut être
qualifié de « Super animateur », se comportant tantôt d’une certaine
manière, tantôt d’une autre, dans le souci de rester toujours crédible pour ses
auditeurs. Il endosse plusieurs rôles dans une émission de 4h qui porte son
nom. De plus, le nom « Bourdin 2012 » l’inscrit d’emblée comme acteur
essentiel de la prochaine campagne présidentielle.
Analyses commentées
Nous
avons trouvé intéressant, dans le cadre d’une analyse destinée à construire la
feuille de route d’un candidat politique, d’analyser deux extraits : le
premier étant une interview/débat avec Nadine Morano, et le second un court
extrait d’un appel d’auditeur/témoin, dans lequel Bourdin se justifie sur ses
positions vis-à-vis des sujets d’actualité et des politiques.
L’intérêt présenté par ces extraits
réside, d’une part, dans l’analyse d’une confrontation directe avec une
personnalité de la scène politique, et d’autre part dans l’analyse de la prise
de parole de Bourdin sur ses positions et attitudes.
Un candidat politique pourra à la fois
tirer enseignements de la confrontation avec Nadine Morano, en saisissant les
tenants et aboutissants d’une telle confrontation, et également se saisir des
justifications de Jean-Jacques Bourdin quant à son rôle d’animateur agitateur.
Jean-Jacques Bourdin face à Nadine Morano
Extrait de BFM TV du 5 janvier 2012, de 0,10 jusqu’à 6,30
A. Grille d’analyse
Bourdin 2012
|
Jean-Jacques Bourdin
|
Nadine Morano
|
Domaine de pratique social
|
Magazine d’actualité, émission d’actualité politique sous
forme d’interview
|
|
Principes
|
Réalité, Vérité, sérieux
|
|
Finalités
|
Faire de l’audience, faire connaître aux auditeurs les positions des
politiques pour 2012, connaître la vérité
|
Etre exposé médiatiquement ;
Défendre les opinions du parti politique auquel elle appartient, défendre
les positions de l’UMP. Promotion de son actualité politique (sommet social
le 19 janvier)
|
Visées discursives
|
Faire parler son invité
|
convaincre
|
Orientation discursives
|
Hétéro-centré
|
Hétéro-centré, explicatif
|
Rôle
|
Journaliste, interviewer
|
Femme politique, ministre, expert dans son domaine
|
Nombre de tour de parole
|
Nombreux (+++) , courts
|
Nombreux (++), longs
|
Temps de parole
|
Court (2,26)
|
Long (4,34)
|
Type de prise de parole
|
prenant
|
sollicitée
|
Type d’intervention
|
directive
|
réactive
|
Actes interlocutifs
|
Pose des questions, fait des critiques et des accusations
|
Répond aux questions, donne son avis
|
Relation Verticale
|
Relation quasiment égalitaire, rapport de force entre les deux
personnes
|
|
Relation Horizontale
|
Position égalitaire : Bourdin casse les codes de la
communication. « Vous dites des bêtises, vous ne maitriser pas le
sujet » lance-t-il à son invité.
|
B. Analyse commentée
Rôles :
Jean-Jacques Bourdin est journaliste : il incarne, dans cette position, une figure professionnel qui connaît son
sujet, et qui a pour but d’apporter du savoir à ses auditeurs/ téléspectateurs.
Il adopte donc un discours hétéro centré puisque toutes ses questions
concernent uniquement l’actualité politique en générale et l’actualité
politique de l’invité.
Nadine Morano est l’interviewée. Invité en tant que femme politique (ministre de l’apprentissage) elle se
place dans une position d’expert dans son domaine. Elle se doit de répondre aux
questions du journaliste, et de montrer qu’elle maitrise son sujet.
Principes :
Il s’agit d’une émission d’actualité
politique sous forme d’interview. Ceci implique des principes de réalité, de
vérité et de sérieux. En effet, Jean-Jacques Bourdin s’appuie sur l’actualité
pour ses questions, il doit donc être dans la réalité pour rendre crédible son
émission. Nadine Morano, quant à elle, de par son statut, se doit de dire la
vérité, au risque de ne plus être crédible et encore plus avant de décrédibiliser
le parti politique auquel elle appartient. Les deux protagonistes se doivent
donc d’adopter un comportement sérieux, conformément à ces principes.
Finalités :
Jean-Jacques Bourdin a pour finalité première de captiver ses auditeurs/ téléspectateur
pour faire de l’audience. Afin de remplir ses principes, il fait tout pour
avoir les réponses qu’il attend à ses questions. On constate en effet, qu’il
répète souvent « quel est votre avis »(…) « Mais quelle est
votre vis Nadine Morano »? (trouver la séquence) Car en tant que
journaliste, et au-delà du fait de faire de l’audience, Jean-Jacques Bourdin a
aussi pour finalité de « faire savoir » à ses auditeurs/
téléspectateurs : à cet égard, la forme de l’émission en interview est
très approprié pour rendre le débat explicite.
Nadine Morano, en tant qu’invité politique du parti UMP, a plusieurs finalités. Ainsi,
être exposée médiatiquement lui permet de vivre à travers les médias et donc de
pouvoir « toucher » des auditeurs/téléspectateurs durant son
discours. Par ailleurs, en tant que représentante de l’UMP, elle est aussi
présente pour défendre les idées de son parti.
Prenons l’exemple de François Hollande
et du terme de « sale mec » qu’il a employé à propos de Nicolas
Sarkozy. Bourdin veut à tout prix avoir son avis. Une troisième finalité qu’il
est intéressant d’évoquer, concerne son actualité politique. Ceci n’est pas
présent dans l’extrait choisi mais la deuxième parti de l’interview est consacré
à l’actualité politique de Nadine Morano. C’est donc l’occasion pour la
ministre de l’apprentissage de faire savoir ce qu’elle entreprend de faire dans
les prochaines semaines.
Visées :
Jean-Jacques Bourdin : en tant que journaliste, se doit de faire parler son invitée. Il pose des
questions auxquelles il veut des réponses précises. (il insiste régulièrement
pour avoir l’avis de Nadine Morano : « Que pensez-vous de
… » ; « Mais qu’en pensez-vous Nadine Morano ?!»). Il
n’hésite pas à la relancer sur les questions auxquelles il veut à tout prix
avoir une réponse, notamment sur la hausse de la TVA.
Nadine Morano est présente pour convaincre. Elle doit mettre en avant ses connaissances
de l’actualité politique pour convaincre les auditeurs/téléspectateurs mais
aussi pour convaincre Jean-Jacques Bourdin.
Cependant à plusieurs reprises elle
semble échouer. Bourdin en profite pour la déstabiliser, et la relancer à
nouveau sur les questions qui intéressent les auditeurs. Il est très important
de noter que Bourdin relance systématiquement Nadine Morano sur les questions
centrales qui peuvent préocupper les auditeurs, notamment celles de la hausse
de la TVA.
Orientations discursives :
Jean-Jacques Bourdin tient un discours hétéro centré explicatif. Son interview se fonde sur une
actualité politique (et non sur sa personne) qu’il veut décrypter avec son
invité pour en informer les auditeurs/ téléspectateurs.
Nadine Morano tient un discours à la fois hétéro centré explicatif dans l’extrait que
nous avons analysé, puis autocentré en seconde partie.
Types de tour de parole/ temps de parole :
Jean-Jacques Bourdin prends la parole en premier comme le suggère son rôle d’interviewer. Il
pose les questions à Nadine Morano, il adopte donc une position d’intervention
directive. Nadine Morano quant à elle, répond aux questions de Jean-Jacques
Bourdin, sans jamais asserter. Elle adopte donc une position d’intervention
réactive sans jamais changer de sujet.
Le temps de parole est, en toute
logique, largement en faveur de l’invité :
BOURDIN 2012
|
Jean-Jacques Bourdin
|
Nadine Morano
|
Total
|
Temps de parole
|
2,26
|
4,34
|
6,20 minutes
|
Nombre d’intervention
|
60
|
40
|
On observe néanmoins que le journaliste
intervient plus souvent que son invité. Cela se concrétise par de nombreuses
réflexions de Jean-Jacques Bourdin sur les réponses de Nadine Morano. Il la
coupe régulièrement. Voici un exemple :
5’22 :
- Nadine Morano :
« Prenons un salaire et une tranche
de cents euro sur le salaire, (elle fait une liaison qui n’existe
pas)
les charges sont… »
- Jean-Jacques Bourdin la coupe :
« Cent euros, cent euros…
- Nadine Morano :
« Oui, pardon, cent euro sur le salaire, oui, pardon,
pardon pour cette liaison… »
- Jean-Jacques Bourdin
« Non non ce n’est pas grave ça
arrive »
Le journaliste n’hésite pas à reprendre
Nadine Morano sur ce problème de liaison. Il prend alors une position particulière
sur l’invité.
Types de relations :
Horizontale :
Sans être intime ou convivial, leur
relation semble tout de même familière. Ceci est particulièrement dû au
tempérament de Jean-Jacques Bourdin qui n’hésite pas à « titiller »
son invité pour obtenir les réponses qu’il attend à ses questions.
Verticale :
Jean-Jacques Bourdin se met sur un pied
d’égalité avec son invité. Même si Nadine Morano a un temps de parole
largement supérieur au journaliste, de nombreuses séquences montrent même une
sorte de basculement des rôles :
6’04- 6’30 :
- Jean-Jacques Bourdin :
« A combien est la TVA en Allemagne ? »
- Nadine Morano :
« Mais la TVA en Allemagne est plus élevée que la nôtre »
- Jean-Jacques Bourdin :
Elle est à combien ?
- Nadine Morano :
Elle a trois points supérieurs à la notre
- Jean-Jacques Bourdin :
« Mais vous dites des bêtises, elle est de 19 points en
Allemagne »
- Nadine Morano :
« Oui elle est de 19 points »
- Jean-Jacques Bourdin :
« La nôtre est de 19,6 »
- Nadine Morano :
« Oui, oui »
- Jean-Jacques Bourdin :
« Mais vous dites des bêtises
Nadine Morano, vous ne maitrisez pas le sujet »
Le contrat de communication
Cet extrait montre que Jean-Jacques
Bourdin adopte une position plus haute que son invité. En effet, dire
« vous ne maîtriser pas le sujet » sous-entends que lui le connaît
mieux qu’elle, qui est censée être l’expert en ce domaine. Ceci nous amène à
nous demander si le contrat de communication dans l’émission « Bourdin
2012 » n’est pas rompu ?
Pour répondre à cette question nous nous appuierons sur la notion de
situation de communication, définie par Patrick Charaudeau. Une situation de
communication implique un échange entre au moins deux personnes. Il y a
donc interaction. Selon Patrick Charaudeau, un contrat de communication se
définit comme un contrat où « les partenaires d’un acte de communication
dans un cadre contractuel qui est le contexte de l’énonciation, doivent
respecter des conditions du contrat s’ils veulent aboutir à une
intercompréhension ».
Jean-Jacques Bourdin ne respecte pas la place d’expert de Nadine Morano, et
la remet en question. De ce point de vue le contrat semble rompu.
Connaissant le contexte dans lequel se déroule l’émission, il semble alors
pertinent de revenir sur les rôles endossés par les deux protagonistes et sur
leur acceptation de la norme.
Revenons sur ce contexte.
A la fois diffusé sur RMC et sur BFM TV, nous sommes entrés dans la
campagne présidentielle. Les invités de Jean-Jacques Bourdin sont donc dans une
position de défense et de justification des idées et valeurs des partis qu’ils
représentent.
Le ton n’est pas vraiment
protocolaire : Jean-Jacques Bourdin s’adresse à Nadine Morano comme s’il
savait plus de chose qu’elle, n’hésitant pas à le lui faire savoir. Peut-on
alors affirmer que le contrat de communication est rompu ? Il l’est, si
l’on considère que Jean-Jacques Bourdin n’est pas dans le logique
d’intercompréhension, mais réponds de manière oppositionnelle afin de tester
Mme Morano.
2.
Jean-Paul présente ses vœux à Jean-Jacques Bourdin
Extrait du podcast RMC du 3 janvier, créneau 9h/10h de 33,16min à 34,57min
A.
Grille d’analyse
Jean-Jacques Bourdin | Jean-Paul auditeur | |
Domaine de pratique social |
Magazine
d’actualité, émission d’actualité politique sous forme d’interview
|
|
Principes | Réalité, Vérité, sérieux | |
Finalités | Faire de l’audience, faire savoir, connaître la vérité | Passer à la radio ?/ dire ce qu’il pense de l’émission |
Visées discursives | Ecouter et répondre à son auditeur, expliquer sa façon de travailler | Donner son avis sur Sea France |
Orientation discursives | Hétéro centré | hétérocentré |
Rôle | Journaliste, interviewer | Auditeur, fidèle de RMC |
Nombre de tour de parole | Moyens, courts | Nombreux, longs |
Temps de parole | Long (1,13) | Moyen (0,27) |
Type de prise de parole | prenant | sollicité |
Type d’intervention | directive | réactive |
Actes interlocutifs | Pose des questions | donne son avis |
Relation Verticale |
Distanciée
|
|
Relation Horizontale | Relativement proche malgré le vovoiement |
B.
Analyse commentée
Analyse commentée
Cet extrait concerne la prise de parole d’un auditeur, Jean-Paul,
à l’antenne de RMC, pour s’exprimer sur un sujet particulier. L’intérêt porte
ici sur ce qu’il se passe avant qu’il ne commence à dire son point de
vue :
Rôles :
Jean-Paul, auditeur, appel dans le but de donner son avis sur la situation de
« sea France ». Mais il débute en expliquant pourquoi il aime
et est fidèle à cette émission. En effet, il commence par dire à Jean-Jacques
Bourdin « on se retrouve après 7 années ». Il instaure là une relation
de « vieux copains » qui se sont perdu de vue sans jamais s’oublier.
Il donne alors lui-même le rôle de représentant du peuple qu’incarne
l’animateur de RMC à ses yeux : (à propos des présidentielles)
« C’est nous qui détenons notre destin et pas l’inverse
et c’est pour ça que vous me plaisez beaucoup dans vos propos, dans vos
interventions parce que vous êtes dans ce sens-là. »
Jean-Jacques Bourdin dans cette situation, semble porter plusieurs rôle en même
temps : il est de prime abord dans son rôle d’animateur de radio qui
accueille un invité à l’antenne. Mais comme nous l’avons vu, l’auditeur lui
donne la posture de représentant du peuple que l’animateur accepte quand il
dit « J’aime tous ceux et toutes celles qui témoignent sur
l’antenne parce que vous êtes comme vous êtes avec vos idées, avec vos partis
pris et avec vos explications » et « je voudrais répondre à
beaucoup d’auditeur, ha il est plus à gauche, il est plus à droite quand il
interview, là on est en 2012 et je serais toujours le même avec tous qu’il soit
à droite à gauche ou ailleurs et je poserais des questions dérangeantes à tous
(…) nous resterons comme nous sommes ! » On peut donc inclure un
autre rôle à son statut, celui d’agitateur.
Principes :
Il s’agit d’une émission d’actualité
politique où les auditeurs passent à l’antenne les uns après les autres pour
donner leur avis sur un sujet faisant l’actualité. Ceci implique des principes
de réalité, de vérité et de sérieux. Le témoignage de l’auditeur n’a aucun sens
s’il est fictif dans ce contexte. Qui plus est Bourdin est là pour écouter les
propos de ses auditeurs, donnant rarement son avis.
Finalités :
Au-delà de la simple mais
nécessaire finalité de faire de l’audience, Jean-Jacques Bourdin est
avant tout là pour écouter et faire écouter ses auditeurs à tous les autres. Il
est à cet égard très à l’écoute de ceux qui passent à l’antenne, les laissant
développer leur sujet et donner leur avis sans les interrompre ni les couper.
Il est au contraire très respectueux de l’avis de ses invités téléphoniques (le
but étant de donner envie à d’autres auditeurs d’appeler pour faire partager
leur point de vue).
Jean-Paul, l’auditeur en ligne, appel donc avec la finalité première de
pouvoir s’exprimer sur un sujet précis à savoir « Sea France ».
Néanmoins, cet appel prend une autre tournure lorsqu’il commence à s’exprimer
en remerciant de prime abord Jean-Jacques Bourdin et son équipe pour le travail
qu’ils font. On peut alors émettre l’hypothèse que Jean-Paul appel aussi dans le
but de montrer qu’il est fidèle à cette émission et qu’il compte le rester.
Visées :
On voit donc les visées de
Jean-Jacques Bourdin sont de faire parler d’écouter son auditeur, tandis que ce
dernier a pour but de s’exprimer à l’antenne et de donner son avis.
Orientation discursives :
·
Le niveau discursif
Auditeur :
hétéro centré, il remercie Jean-Jacques Bourdin et cite certaines de ses
qualités qui sont, selon son point de vue, indispensables au bon métier
d’animateur radio.
Jean-Jacques Bourdin :
autocentré centré explicatif autocentré dans le sens où il profite de
l’intervention de Jean-Jacques pour expliquer sa façon de faire « n’en
déplaise à certains ! »
·
Types de tour de parole/ temps de
parole
Jean-Jacques Bourdin donne la
parole à son auditeur. Il ne sait pas ce qu’il va dire et ne cherche pas à le
presser dans son propos. L’extrait que nous avons choisi est particulier
puisqu’il se passe avant que l’auditeur, Jean-Paul, ne donne son avis sur le
sujet pour lequel il appel. Nous vu qu’il remercie Jean-Jacques Bourdin
d’ « être ce qu’il est ». L’animateur en profite alors pour
s’exprimer à son tour en « justifiant ? » sa façon de travailler
notamment face aux invités politiques. Ceci est représenté par le temps de
parole largement en faveur de Jean-Jacques Bourdin pour cette courte séquence.
On peut imaginer qu’il n’a pas souvent l’occasion de dire son point de
vue :
BOURDIN 2012 | Jean-Jacques Bourdin | auditeur | Total |
Temps de parole | 1min13 | 27 secondes | 1 min 40 |
Nombre d’intervention | 9 | 5 | 14 |
·
Types de relations
Horizontale : Le ton est
amical. De vieux amis de longues dates comme mis en avant plus haut.
Verticale : position
égalitaire. Le rôle d’expert politique de jean-jacques bourdin n’apparaît à
aucun moment dans cet extrait, une sorte de respect mutuel s’installe.
IV. Comment en tirer parti pour une exposition politique optimale ?
1. La double présence radio/TV
Bourdin
2012 est à la fois diffusée sur deux médias différents: la radio et la TV.
Ces deux
médias reposent sur des régimes sémiotiques différents (son + image à la TV et
son à la radio). Cette double sémioticité implique donc de réadapter les codes
verbaux et gestuels. C’est un élément qu’il faut prendre en compte si l’on veut
analyser Bourdin 2012 dans son intégralité, et non seulement dans sa
matérialité radio.
Notre
candidat aux élections devra donc prendre note qu’il sera filmé lors de son
apparition. Il lui faudra adopter les codes vestimentaires qui sont ceux du
débat politique, et la gestuelle adéquate également. Il s’agit là d’un premier
entrainement à un débat, Jean-Jacques Bourdin ayant, comme nous l’avons vu, une
attitude oppositionnelle quel que soit le candidat politique qui se présente.
2.
Bourdin et ses auditeurs
Jean-Jacques Bourdin instaure une
relation verticale quasiment nulle avec ses auditeurs. La présence du
vouvoiement marque quand même la formalité exigée par la radio, mais on le sent
globalement proche de ses auditeurs, comme l’analyse de l’extrait avec
Jean-Paul en témoigne.
Ses auditeurs tendent à revêtir le rôle
d’expert, justifiant le fait que Bourdin n’en ait pas sur le plateau. Il
s’agit, dans la plupart des cas, d’auditeurs bénéficiant d’un statut leur
permettant d’apporter des réponses claires aux problématiques posées. A titre
d’exemple dans l’émission du 3 janvier entre 9h et 10h, les auditeurs étaient
ou cadres ou chefs d’entreprise.
Cette ambivalence auditeur/expert est à
prendre en compte si l’on veut analyser l’émission : Bourdin leur laisse
en effet un temps de parole plus important, et ne les coupe que très peu de
fois.
L’erreur à faire pour notre candidat
serait donc de faire des écarts type démagogiques, en prenant le pas d’une
politique conciliatrice et en niant l’évidence de certains problèmes. Les chiffres
médiamétrie ont révélé que l’auditeur moyen de RMC (comme nous l’avons vu plus haut) est un homme, artisan, commerçant
ou de profession intermédiaire, âge de 45ans ou plus.
Ce fait est à prendre en compte, l’auditorat a de l’expérience, et les intervenants auditeurs sont très compétents dans leur domaine. Notre candidat devrait donc axer son discours sur des faits avérés et surtout rester dans son domaine de compétence sans se hasarder sur des positions qui pourraient être démontées facilement soit par l’auditeur, soit par Bourdin.
Ce fait est à prendre en compte, l’auditorat a de l’expérience, et les intervenants auditeurs sont très compétents dans leur domaine. Notre candidat devrait donc axer son discours sur des faits avérés et surtout rester dans son domaine de compétence sans se hasarder sur des positions qui pourraient être démontées facilement soit par l’auditeur, soit par Bourdin.
Il serait également judicieux, pour notre
candidat, de ne pas faire l’erreur de tacler l’opposition politique, mais de
défendre les valeurs de son parti. Notre candidat est ici pour défendre son
point de vue au moyens d’arguments construits et cohérents, et non pour réfuter
celui de l’opposition.
3.
Bourdin face à l’invité politique
Face à l’invité politique du jour,
l’animateur n’a pas la même position qu’avec ses auditeurs. Le ton est
différent. Il se pose en effet face à son invité, à en tant que
représentant de l’opposition politique (peu importe la couleur comme son
discours avec Jean-Paul l’a démontré), et en tant que représentant du peuple. Dans
ce rôle il pose des questions qui sont le reflet des interrogations des
français. Notre candidat politique se trouvera donc face à un homme ayant à
cœur de défendre les intérêts de ses auditeurs, qui n’hésitera pas à poser des
questions qui fâchent. Il l’a dit, comme nous l’avons vu lors de l’intervention
de Jean-Paul, il continuera à malmener ses invités politiques peu importe leur
parti concernant les questions qui tiennent à cœur les français.
Aussi Jean-Jacques Bourdin n’hésitera-t-il pas à se jouer des codes de la communication en prenant une position égalitaire, non distanciée voir supérieure avec son invité. Durant toute la durée de l’interview, il ne change pas de sujet, même si l’invité politique tente de détourner ses réponses. Jean-Jacques Bourdin campe sur ses positions jusqu’à ce que la réponse de l’invité lui convienne. A cet égard l’analyse de l’interview de Nadine Morano du 5 janvier 2012, permettra d’étayer ces propos. En effet, il n’hésite pas à la remettre à sa « place » lorsqu’elle se trompe sur le taux de TVA en Allemagne. (« Mais vous dites des bêtises Nadine Morano, vous ne connaissez pas le sujet »). Notre candidat devra donc faire attention à deux points précis : l’obstination de Jean-Jacques Bourdin ainsi que ses connaissances aiguisées sur les sujets qui préoccupent les français.
Aussi Jean-Jacques Bourdin n’hésitera-t-il pas à se jouer des codes de la communication en prenant une position égalitaire, non distanciée voir supérieure avec son invité. Durant toute la durée de l’interview, il ne change pas de sujet, même si l’invité politique tente de détourner ses réponses. Jean-Jacques Bourdin campe sur ses positions jusqu’à ce que la réponse de l’invité lui convienne. A cet égard l’analyse de l’interview de Nadine Morano du 5 janvier 2012, permettra d’étayer ces propos. En effet, il n’hésite pas à la remettre à sa « place » lorsqu’elle se trompe sur le taux de TVA en Allemagne. (« Mais vous dites des bêtises Nadine Morano, vous ne connaissez pas le sujet »). Notre candidat devra donc faire attention à deux points précis : l’obstination de Jean-Jacques Bourdin ainsi que ses connaissances aiguisées sur les sujets qui préoccupent les français.
Pour l’obstination la meilleure attitude
consiste à ne pas toujours chercher à avoir raison, à inclure une part de
réflexivité et à tenter, pourquoi pas, de déstabiliser Jean-Jacques Bourdin.
Pour les fautes de syntaxes et de prononciation, notre invité doit prendre de
la hauteur et ne pas prendre la mouche. La remarque adressée à Nadine Morano
sur les « cents
euros » aurait pu être déjouée par un peu d’autodérision, par exemple
« Monsieur Bourdin, pensez-vous que les français accordent plus
d’importance à une faute de prononciation plutôt qu’à un point central et
problématique que je suis en train d’exposer ? ».
Quant aux connaissances aiguisées de
M.Bourdin, nous conseillons à notre candidat de reconnaître la légitimité de
l’animateur. Sur la question de la TVA, une attitude noble aurait été de saluer
les connaissances de M.Bourdin. Ce type d’attitude aura probablement pour effet
de réduire la virulence oppositionnelle de M.Bourdin, et a défaut d’avoir cet
effet aura un impact sur l’auditeur, qui comprendra qu’il est en présence d’un
invité politique qui ne cherche pas toujours à avoir le dernier mot.
Notre candidat devra également prendre
conscience de l’importance de la double diffusion radio/TV. Le plateau de
Jean-Jacques Bourdin, télévisé (Cf Photos), s’apparente plus à un plateau de
débat politique qu’à un plateau de radio. La position, de face, nous donne
l’impression que Bourdin incarne plus le rôle de membre de l’opposition
politique que d’animateur radio. L’occasion pour notre candidat de considérer
son passage chez Bourdin comme un premier débat, où l’opposant ne serait pas un
représentant politique mais un homme chargé d’incarner l’opinion protestataire
du peuple.
Pour conclure ce dossier nous pensons que question centrale que devra
traiter notre candidat est la suivante : comment disputer à M.Bourdin son
statut de représentant du peuple ? Sans parler de recherche perpétuelle
d’hégémonie, l’erreur à ne pas faire est d’adopter une posture oppositionnelle
face à l’animateur. En tant que représentant des français, il faut que notre
candidat réussisse à aller dans le sens de M.Bourdin, tout en légitimant son
programme politique. Le discours doit être construit de telle sorte que
l’auditeur comprenne que M.Bourdin n’est pas son seul représentant, il y a
aussi un invité politique présent sur le
plateau qui prend ses intérêts à cœur.
Webographie sélective :