Problématisation : la présence française
en Afghanistan
I. Situation
a. Le
domaine de la pratique sociale
L’émission
de Jean-Jacques Bourdin présente les sujets de l’actualité politique,
médiatique et sportive. Des experts et/ou des personnalités politiques sont
régulièrement invités pour prendre part au débat. Ici à l’occasion des
élections présidentielles de 2012 l’émission change de nom et devient :
Bourdin 2012. Cependant l’émission ne change pas dans ses contenus, il s’agit
toujours d’actualité, d’information. L’émission propose des « entretiens
d’embauche »[1]
des différents candidats qui annoncent ainsi leurs programmes et leurs opinions
quant aux thèmes abordés par Jean-Jacques Bourdin. L’invité est Nicolas Sarkozy
qui endosse ici le double statut de président sortant et de candidat à la
présidentielle. Plusieurs thèmes sont donc abordés et celui que nous avons
choisi concerne la guerre en Afghanistan.
b. Les principes
Les principes présents dans cette émission sont en accord avec le programme lui même, il y a donc des principes de réalité, de vérité et de sérieux. Ces principes sont inhérents au débat politique.
c. Les finalités
D’un point de vue de l’animateur il s’agit de faire de l’audience, séduire
un public, il y a là une finalité marchande. Mais il s’agit aussi de faire
connaître les positions et arguments de ses invités politiques.
Quant à l’invité Nicolas Sarkozy, les finalités sont
multiples : il s’agit d’être exposé médiatiquement, de convaincre, de
défendre les opinions et positions de son parti qu’est l’UMP lorsqu’il endosse
le rôle de candidat. Il cherche à promouvoir son parti afin d’être réélu en
2012. Nicolas Sarkozy est toujours président de la République, ainsi, en raison
de ce double rôle, il a aussi la finalité de justifier le bilan de son mandat, ses
actes et décisions prises lors de ces cinq dernières années aux des Français.
d.
Les visées discursives
Jean-Jacques Bourdin anime le débat, il cherche à faire parler son
invité, à obtenir des informations claires et précises afin de satisfaire et
d’informer son audience. Il cherche à obtenir des réponses claires là ou
parfois le flou règne, parfois sous forme de provocation. Nicolas Sarkozy lui
cherche à convaincre en tant que candidat. Il cherche également à expliquer et montrer
qu’il maîtrise le sujet.
II. Niveau
discursif
a. Les orientations discursives
a. Les orientations discursives
Le
discours de Jean-Jacques Bourdin est orienté vers la réflexion, l’actualité et
la connaissance du monde. Il est hétérocentré et informatif.
Celui de
Nicolas Sarkozy est explicatif et informatif. Narratif, quand il parle de son
expérience personnelle en Afghanistan. Son discours est à la fois hétérocentré
et égocentré. Hétérocentré quand il parle de la situation en Afghanistan en
général, égocentré quand il parle de son vécu de président :
Sarkozy : « Permettez moi de vous dire que j ai été 4 fois en Afghanistan », « J’ai présidé chaque cérémonie et je peux vous dire que c’est le moment le plus difficile pour le président de la république ».
Jean-Jacques
Bourdin avec son discours se situe dans le coopératif lorsqu’il acquiesce, confirme
une information donnée par Nicolas Sarkozy :
Sarkozy : « Permettez moi de vous dire que j ai été 4 fois en Afghanistan », « J’ai présidé chaque cérémonie et je peux vous dire que c’est le moment le plus difficile pour le président de la république ».
Bourdin :
Oui.
Cependant
Jean-Jacques Bourdin est réputé pour son discours conflictuel comme ici :
S :
plusieurs dizaines, je ne me souviens pas à l’unité prés
B :
vous ne connaissez pas le nombre de soldats français tués en Afghanistan?!
S :
monsieur Bourdin, monsieur Bourdin permettez moi
B ;
Nicolas Sarkozy permettez quoi ?!
S :
monsieur Bourdin, monsieur Bourdin, monsieur Bourdin ne faites pas .. c’est pas un jeu
S :
monsieur Bourdin nous savons…
B le
coupe : je vous pose des questions, est ce qu’ils sont morts pour
rien ?
b. Les dimensions du discours
Pour argumenter en faveur du rapatriement complet en 2013 des soldats français (à l’instar de François Hollande qui lui préconise un retrait au plus tard fin 2012) Nicolas Sarkozy construit son argumentation à la fois à travers l’utilisation de l’éthos :
« Ce
que je ne veux pas c’est que nous partions d’une façon indigne, que nous
abandonnions nos alliés, nos amis les
démocraties du monde, 56 qui sont avec nous là bas »
Nicolas
Sarkozy se fait le détenteur de l’éthique de la France, son argument est de ne
pas entacher la vertu du pays.
Après
avoir essayé de convaincre avec des arguments de l’ordre de l’éthos, Nicolas
Sarkozy cherche à persuader en s’adressant aussi aux sentiments des auditeurs
et en utilisant donc le pathos lorsqu’il parle de sa personne avec le pronom
« je », qu’il parle de son rôle en tant que président de la
République, de ses difficultés mais aussi de la situation en Afghanistan avant
l’arrivée des troupes :
«
J’ai présidé moi même chaque cérémonie et je peux vous dire que c’est le moment
le plus pénible pour un président de la république parce que ca engage ma
responsabilité. »
«C’est
un pays où avant que nous soyons là, on coupait les mains des petites filles
parce qu’elles avaient mis du vernis à ongles ! »
Bourdin réfute d’ailleurs
cette argumentation en rappelant que ce genre de choses arrivent aussi
aujourd’hui et ce malgré la présence des troupes françaises.
Le
discours se trouve dans diverses dimensions, celles-ci varient selon le sujet
et l’angle d’approche choisi par l’interlocuteur. Jean-Jacques Bourdin est dans
le logos, dans l’explication générale, ceci allant avec son rôle de journaliste
se devant d’être neutre. Nicolas Sarkozy quant à lui se trouve dans le logos
lorsqu’il parle en tant qu’expert, qu’il donne des explications :
Sarkozy : Et le rapatriement sera complet disons à la fin de 2013.
Sarkozy : Et le rapatriement sera complet disons à la fin de 2013.
c. Les
rôles attendus
Le rôle
attendu de Jean Jacques Bourdin est celui du journaliste, de l’animateur du
débat, de l’interviewer.
Nicolas
Sarkozy endosse lui le rôle de l’invité, de l’interviewé en tant que candidat
aux élections présidentielles mais aussi en tant que président sortant.
Ces
rôles là sont connus des auditeurs, cependant Jean-Jacques Bourdin lors de
l’ouverture de son émission présente toujours la personne du jour invitée,
ainsi que son statut qui définit son rôle attendu. D’ailleurs Nicolas Sarkozy
rappelle à certains moments son rôle :
Sarkozy :
« Pour le président de la république etc»
d.
Le capital verbal
Les tours de parole
Au début
de la séquence, les tours sont distribués de manière assez classique et régulière
pour un discours de type questions/réponses. Cependant, Jean-Jacques Bourdin
amène une tension quand il questionne le président sur les soldats tués en
Afghanistan, c’est à partir de ce moment que les interruptions (surtout de la
part du journaliste) deviennent incessantes et que les tours de paroles sont
définis non plus par le schéma question/réponse habituel mais par celui qui
arrivera à dire ce qu’il a à dire, celui qui parlera le plus fort ou qui ne laissera
pas l’autre prendre les devants.
BOURDIN
2012
|
Jean-Jacques
Bourdin
|
Nicolas
Sarkozy
|
Total
|
Temps de parole
|
1min12
|
3min18
|
4min30
|
Nombre d’intervention
|
22
|
16
|
38
|
Interruptions
|
14
|
3
|
17
|
Le temps de parole
Le temps
de parole est ici divisé comme il se doit, l’invité ayant plus de temps pour
répondre aux questions du journaliste. Cependant, bien que le temps de parole
de Bourdin représente moins de la moitié de celui de Sarkozy, le journaliste
est tout de même très présent et organise (sauf à la fin) le débat. De manière
vive, il relance, coupe, commente et complète les dires de Sarkozy.
Types de prise de parole
Nicolas
Sarkozy répond aux questions de Jean-Jacques Bourdin, il répond donc quand
il est sollicité par le journaliste.
Bourdin : Et est ce que vous allez fin mai au sommet de l’OTAN annoncer
à nos
partenaires une accélération du départ des soldats français ?
Le
journaliste animateur est lui prenant, il se doit en effet d’animer le
débat :
Bourdin : il y a 2 jours à Kabul, je vais vous parler de l’Afghanistan, il y a 2 jours a Kabul : offensive des talibans, dans Kabul même, l’offensive la plus complète depuis 10 ans que nous sommes en Afghanistan. Comment justifier vous encore notre présence en Afghanistan ?
Cependant,
à la fin de l’entretien, Nicolas Sarkozy essaye de retourner la situation et d’endosser
le statut de journaliste en prenant la parole :
Sarkozy : A mon tour de vous poser une question
Il modifie
ainsi son type de parole, la prenant au lieu d’attendre qu’on la lui donne. Il ne
fait d’ailleurs pas qu’endosser le statut du journaliste en posant une question
mais en déterminant aussi ce qu’il a à dire et à quel moment :
Sarkozy : Et je voudrais
dire autre chose
Jean-Jacques
Bourdin valide, autorise la prise de parole :
Bourdin : bien sûr Nicolas Sarkozy
e. Types d’interventions
Les
types d’intervention des deux hommes varient à mesure que l’émission se
déroule. Voyons donc ici en détails les types d’interventions de chacun des
interlocuteurs.
Les
interventions de Jean-Jacques Bourdin sont directrices, il ouvre un domaine
thématique, lance un thème, il applique son devoir de journaliste, animer
l’émission, poser des questions:
Bourdin : Je vais vous parler de l’Afghanistan.
Elles
sont également des interventions de relance, car l’invité ne répond parfois pas
à la question posée, ainsi Bourdin le relance :
Bourdin : je vous pose des questions, est ce qu’ils sont morts pour rien ?
Enfin
la marque de fabrique de l’animateur Bourdin est avant tout l’intervention
réactive, ici la contre assertion :
Nicolas Sarkozy (quant au nombre de soldats morts) : 80 et quelque chose
Bourdin : 80 et quelque
chose, 70, combien Nicolas Sarkozy ?!
Bourdin : 83 ont étés
tués en Afghanistan. Sont ils morts pour rien?
En fin
d’émission l’intervention de Bourdin se veut non problématisée :
Bourdin : Merci Nicolas Sarkozy d’être venu nous voir.
Les
interventions de Nicolas Sarkozy sont réactives, il réagit aux thèmes proposés
dans le cadre de l’échange. Certaines interventions du candidat sont
continuatives, il reprend la parole là où il l’a laissée et par la même
occasion saltatoire dans le sens où il ignore le propos de l’autre et reste sur
sa position, il continue son discours imperturbable :
Sarkozy : Il y a eu ..
Bourdin : ca vient de
se produire la veille hier dans le nord de l’Afghanistan !
Sarkozy : raison de
plus de ne pas partir n’importe comment. Il y a eu 450 nouvelles écoles qui
ont été créées. Il y a eu des dizaines d’hôpitaux qui ont été engagés etc.
A la fin
de l’interview Nicolas Sarkozy inverse les rôles et pose une question au
journaliste en changeant de sujet et en passant de l’Afghanistan à la Lybie,
qui est un sujet qui le met plus en valeur, cette intervention est
directrice :
Sarkozy : A mon
tour de vous poser une question. Combien y a t il eu de victimes en Lybie?
Nicolas
Sarkozy intervient également avec une contre assertion :
B : et où les jeunes filles se font encore empoisonner Nicolas Sarkozy parce qu’elles vont à l’école.
S :
non, non ce n’est pas exact.
Et aussi
par des apports autonomes informatifs, soit des assertions :
S : Il y a eu 450 nouvelles écoles qui ont été créées. Il y a eu des dizaines d’hôpitaux qui ont été engagés.
f. Actes interlocutifs
Les
actes interlocutifs présents dans cet extrait sont divers. Nous avons à faire à :
- des
actes de validation, d’accord comme ici :
Sarkozy : Bon c’est pas moi
qui ai décidé que nous allions en Afghanistan. Ca a été décidé par
Bourdin le coupe :
par Jacques Chirac et Lionel
Jospin
Sarkozy reprend : par Lionel Jospin et Jacques (+signe de
tête ok)
- des
actes de désaccord:
Sarkozy : Non ce n’est
pas exact.
- des
actes interlocutifs de réception:
Sarkozy : Non permettez
moi de vous dire que j ai été 4 fois en Afghanistan !
Bourdin: oui
- des
actes de prise de congé, gérant la rencontre :
Bourdin : Et après on termine. Merci Nicolas Sarkozy.
g.
Types de relations
Relation
Verticale
Bien que candidat, Nicolas Sarkozy endosse également le statut de président
de la République, donc d’expert qui a été au cœur des sujets politiques pendant
les cinq dernières années, cela lui confère une position supérieure. Cependant
Jean-Jacques Bourdin comme à son habitude, dans ses interviews se place parfois
pendant quelques instants en position haute du fait qu’il donne des chiffres
exacts et récents que son interlocuteur ne maîtrise pas. Ainsi il endosse
quelques instants la position d’expert. On pourrait cependant penser que Jean-Jacques
Bourdin est en position haute du fait qu’il anime, questionne très vivement (parfois
un d’une manière un peu agressive) son invité, il donne le ton, cependant du
simple fait de son statut, Nicolas Sarkozy se voit attribuer une réelle
supériorité, un figure d’autorité dans cette relation verticale.
Relation
Horizontale
Relation distanciée, le ton se veut formel et respectueux (en majeure
partie), les deux hommes se vouvoient. Cette relation de distance est accentuée
par les nombreuses interventions de Nicolas Sarkozy qui lorsqu’il s’adresse à
son interlocuteur le nomme « Monsieur Bourdin, Monsieur Bourdin », il cherche
à garder de la distance, il s’agit en effet d’un débat politique et non d’une
conversation de comptoir. Alors que Jean Jacques Bourdin, à l’inverse appelle
son interlocuteur par son nom et prénom, donnant une sensation davantage de
proximité et d’égalité.
h.
Sphères
Nicolas Sarkozy se situe dans la sphère de l’évaluation, ne
pouvant se situer simplement dans celle de l’information puisque son avis est
toujours donné et que ses paroles ne sont pas des constats mais des points de vue subjectifs. Il prend
position et donne son avis :
« C’est les Afghans qui doivent
défendre leur pays et assurer la sécurité de leur pays mais ce que je ne veux
pas c’est que nous partions d une façon indigne »
Jean-Jacques Bourdin se situe lui en particulier dans la sphère de
l’interaction, cette sphère est typique pour les débats médiatiques. Bourdin se
place souvent en opposant, remet en cause les propos de l’invité, le blâme même
parfois pour son incompétence. Il cherche simplement à animer un débat, à le
rendre intéressant et complet d’où la nécessité de l’interaction. Il fait
preuve de jugement et demande à Nicolas Sarkozy, comme un reproche :
« Vous ne connaissez pas
le nombre de soldats français tués en Afghanistan ?! »
Cependant le journaliste est, comme son rôle l’implique, dans la
sphère contractuelle puisqu’il régule
la conversation, amène les sujets et gère le temps :
« Il y a 2 jours à Kabul, je vais vous
parler de l’Afghanistan », « Et après on termine »
La
sphère actionnelle est elle aussi présente quand Nicolas Sarkozy s’engage à
rapatrier tous les soldats d’ici 2013 :
« Nous avons rapatrié 4 à 600 soldats
d’Afghanistan et nous allons continuer. Et le rapatriement sera complet disons
à la fin de 2013 »
III. Conclusion
Au
croisement entre les acteurs et les supports se dégage une production
médiatique spécifique qui produit des univers de discours particuliers, nous
avons ici pu analyser de près l’une de ces productions, entre Jean-Jacques
Bourdin et Nicolas Sarkozy à l’antenne de bfm.
Cette
séquence radiophonique passée au microscope des analyses des débats médiatiques
nous permet de prendre conscience des ficelles des débats politiques et
également de faire un portrait précis des interlocuteurs. Grâce à l’ensemble
des analyses, il est intéressant de mettre en
perspective le comportement de Jean-Jacques Bourdin et celui de Nicolas
Sarkozy. On a pu en effet, lors des discussions avec le groupe
« Bourdin » se rendre compte que le comportement adopté face à
Nicolas Sarkozy : questions pièges, insistance pour obtenir des
réponses ; marque de fabrique de l’émission de Bourdin, n’a pas été
remarqué lors des interviews avec les autres candidats. Bourdin aurait été plus
coopératif, laissant la parole à ses invités. Les questions pièges de Boudin
les plus célèbres sont celles relatives aux sous-marins nucléaires lors de la
campagne de 2007, les candidats piégés étaient Ségolène Royale et Nicolas
Sarkozy. Plus récemment on garde en mémoire la question piège posée à Nadine
Morano concernant la TVA en Allemagne, Bourdin finissait par dire « mais
vous dites des bêtises Nadine Morano ! ». Et cette année pour les
présidentielles on remarque ce même type de comportement mais uniquement à
l’encontre de Nicolas Sarkozy. Mais pourquoi ? On peut émettre l’hypothèse
que l’audience majoritaire de Bourdin vienne des extrêmes, que ce soit de
droite ou de gauche, ainsi Marine Le Pen et Jean-Luc Mélanchon pouvaient
s’exprimer sans trop de difficultés. Ou mais alors pourquoi François Hollande
aurait lui eu droit à un « traitement de faveur » n’étant pas des
extrêmes ? Les sondages le voyaient déjà président, monsieur Bourdin
n’aurait alors peut-être pas souhaité se mettre à dos l’éventuel futur
président. Nicolas Sarkozy critiqué de tout part, il n’était donc pas très
risqué pour Bourdin de continuer à critiquer le candidat que les sondages
voyaient perdant et donc la côte de popularité avait chuté.
L’émission
de Jean-Jacques Bourdin qui propose des interviews avec chacun des candidats à
la présidentielle se veut sérieuse, imprégnée de vérité et de réalité. Afin
d’attirer et de conserver un certain type d’audience, le journaliste n’hésite
pas à provoquer, à poser des questions pièges à ses invités, ce qui en fait sa
marque de fabrique. C’est dans cette position de force, de celui qui
connait la réponse, que le journaliste n’hésite pas à interrompre, couper,
relancer et remettre en cause le statut et les connaissances de ses invités. Cette
position entraine donc des tensions et il est intéressant de voir comment chaque
invité réagit face au journaliste.
Ici
Nicolas Sarkozy est invité en tant que candidat, il répond donc aux questions
qu’on lui pose, sa parole est alors en majeure partie sollicitée. Bien
qu’invité comme candidat, on constate aisément qu’il est également questionné
en tant que président sortant.
Il
est une autre dimension que nous ne prenons ici pas en compte, et qui serait
intéressante à analyser pour dégager une étude complète : la dimension
sémiotique du langage verbal, des visuels, etc, également processus de
signification. En effet l’émission est filmée et diffusée sur bfmtv, nos deux
candidats en étant conscients, il est alors légitime de se demander si hors
caméra le débat aurait gardé les mêmes allures, les mêmes rythmes, les mêmes
types d’interventions, les mêmes dimensions discursives, etc.
Rôles
|
Bourdin : Journaliste
Nicolas Sarkozy : Président sortant et candidat aux présidentielles |
Problématisation de l'animateur
|
"Comment justifiez-vous encore
notre présence en Afghanistan ? "
|
Visées discursives
|
Bourdin : Poser des questions, parfois
pièges
Nicolas Sarkozy : répondre et se justifier, convaincre les auditeurs |
Finalités
|
Bourdin : Faire de l'audience, revenir
sur le bilan du président
Sarkozy : défendre ses idées et revenir sur son bilan, convaincre les français pour être réelu |
Orientations discursives :
égocentré ou hétérocentré |
Le discours de Bourdin est orienté vers
la réflexion, l’actualité et la connaissance du monde. Il est hétérocentré
Son discours est à la fois hétérocentré et égocentré. |
Orientations discursives :
narratif ou explicatif |
Bourdin : informatif Nicolas Sarkozy :
Informatif et explicatif
|
Principes
|
réalité-vérité-sérieux
|
Relations horizontales
|
Relation distanciée, le ton se veut
formel et respectueux
(en majeure partie), les deux hommes se vouvoient. |
Relations verticales
|
Bien que candidat, Nicolas Sarkozy
endosse également le
statut de président de la République, donc d’expert cela lui confère une position supérieure. Cependant Jean Jacques Bourdin se place parfois pendant quelques instants en position haute du fait qu’il donne des chiffres exacts et récents que son interlocuteur ne maitrise pas. Ainsi il endosse quelques instants la position d’expert. Nicolas Sarkozy se voit attribuer une réelle supériorité, un figure d’autorité dans cette relation verticale. |
Coopératif ou conflictuel
|
Vite conflictuel dans ce passage.
|
Temps de parole
|
Bourdin : courts mais nombreux : 1min12, Sarkozy : longs : 3min18
|
Nombre de prises de parole
|
Bourdin : 22 Sarkozy : 16
|
Types de prises de parole : prenant
sollicité, autorisé
|
Bourdin : Prenant et sollicité une fois
à la fin,
Sarkozy sollicité et prenant une fois |
dimensions dominantes du discours :
ethos, logos, pathos? |
Bourdin : Logos, Sarkozy : pathos, ethos
|
Actes informatifs autonomes :
assertions |
Bourdin et Sarkozy : assertions et
contre assertions
|
Actes sollicitants :
questions/réponses |
Bourdin pose les questions et Sarkozy
répond,
à la fin Sarkozy pose une question à Bourdin |
Actes sollicitants :
demande de validation/validation + accord/désaccord |
des actes de validation, d’accord comme
ici :
Sarkozy : Bon c’est pas moi qui ai décidé que nous allions en Afghanistan. Ca a été décidé par Bourdin le coupe : par Jacques Chirac et Lionel Jospin Sarkozy reprend : par Lionel Jospin et Jacques (+signe de tête ok) - des actes de désaccord: Sarkozy : Non ce n’est pas exact. |
Actes traitant d'info. déjà émises :
validation, réception, iteration, accord, désaccord |
des actes de validation comme ci-dessus
- des actes de désaccord: Sarkozy : "Non ce n’est pas exact. " |
Actes gérant la rencontre +
prise de contact |
Bourdin présente Nicolas Sarkozy
|
Interventions
problématisées directrices |
Bourdin, question du retrait des troupes en Afghanistan
|
Interventions problématisées
de relance par reprise |
Bourdin : Combien de soldats sont mort,
Combien, 70 ou 80, combien ?
|
Interventions problématisées
de relance par adjonction |
Bourdin : +++
|
Interventions problématisées de
relance par changement de focalisation |
Sarkozy : A mon tour de vous poser une
question.
Combien y a t il eu de victimes en Lybie? |
Interventions réactives
|
Bourdin : ++ Sarkozy : +++++
|
Interventions continuatives
|
Sarkozy : Il y a eu ..
Bourdin : ca vient de se produire la veille hier dans le nord de l’Afghanistan ! Sarkozy : raison de plus de ne pas partir n’importe comment. Il y a eu 450 nouvelles écoles qui ont été créées. Il y a eu des dizaines d’hôpitaux qui ont été engagés etc. |
Interventions saltatoires
|
Certaines interventions du candidat sont
continuatives, il reprend la parole là où il l’a laissée et par la même
occasion saltatoire dans le sens où il ignore le propos de l’autre et reste
sur sa position, il continue son discours imperturbable :
Sarkozy : Il y a eu .. Bourdin : ca vient de se produire la veille hier dans le nord de l’Afghanistan ! Sarkozy : raison de plus de ne pas partir n’importe comment. Il y a eu 450 nouvelles écoles qui ont été créées. Il y a eu des dizaines d’hôpitaux qui ont été engagés etc. |
Interventions non problématisées
|
non
|
actes de parole dominants de
la sphère de l'information |
Bourdin :" 83 morts, Nicolas
Sarkozy"
|
actes de parole dominants
de la sphère de l'évaluation |
Bourdin : "Vous ne connaissez pas
le nombre de soldats
morts en Afghanistan ?" |
actes de parole dominants
de la sphère de l'interaction |
Remise en question de Bourdin à travers
la question sur les soldats morts |
actes de parole dominants
de la sphère contractuelle |
Bourdin : "Je vous pose une
question Nicolas Sarkozy"
Bourdin pose des questions et Sarkozy répond mais losqu'il se trompe Bourdin repose la question jusqu'à révéler lui même la bonne réponse |
actes de parole dominants
de la sphère actionnelle |
Sarkozy revient sur son bilan et plus
particulièrement
sur ses décisions pour l'Afghanistan |
Synthèse (grands points à retenir)
|
Sarkozy s'explique et se justifie auprès
de Bourdin quant à sa position
sur le retrait des troupes en Afghanistan pour fin 2013. Passage assez tendu puisque Bourdin semble ne pas partager les idées de Sarkozy et les remet en question |
[1] Terme employé par Jean-Jacques Bourdin dans l’émission