Jean-Michel Apathie et Marine le Pen



Introduction

L’actualité fait partie intégrante de notre société. Elle tente de s’insérer chaque jour dans l’espace public. Lorsque l’agenda médiatique parvient à s’immiscer dans la sphère publique et à en faire la une,  nous assistons à une transformation de l’actualité en véritable problème public. Lors d’une campagne présidentielle, le politique émet une vision de la France qui est la sienne et qui lui est propre. Cependant, chaque campagne connait ses thématiques phares.

Quelques années auparavant, les questions de la Turquie, et du port du voile (2003/2004) étaient les sujets favoris des politiques. Aujourd’hui, les sujets les plus récurrents de la campagne tournent autour de la viande Hallal, de l’islam, des étrangers et de la laïcité. Ces questions sont systématiquement reprises par les journalistes lors des entretiens avec les candidats. Nous assistons donc à une montée en puissance de questions devenant des enjeux et des problématiques récurrents de l’espace public. La question de l’identité française est très présente dans tous les débats politiques durant la campagne présidentielle 2012 et notamment sur le média radiophonique.

Prenons par exemple l’émission de J.-M Aphatie, sur RTL. Le 5 avril dernier, Marine Le Pen était interviewée dans l’émission “L’invité de RTL”. Ils évoquent les sujets portant sur l’immigration, la France et notamment le projet d’un service militaire obligatoire, pour hommes et femmes, d’une durée d’un mois. A ce titre M. Le Pen répond et argumente en faveur de la nation et d’une armée qui lui est chère. Nous sommes donc au cœur de l’identité française, avec une candidate qui revendique en permanence les symboles et valeurs de la France.
 
A partir de cet exemple, plusieurs interrogations se mettent en place. Quelle est la mise en forme proposée par l’instance médiatique? Comment Marine Le Pen parvient-elle à mettre en forme la parole politique dans la sphère médiatique et plus précisément dans cette émission? Quelles stratégies discursives adoptées?
Nous nous intéressons plus particulièrement à la rencontre entre le discours du politique avec l’espace contraignant de la parole médiatique tenue par un animateur. Il sera pertinent de déterminer si le politique impose son espace ou bien si  le média s’impose dans une mise en scène particulière.
Pour cela, nous étudierons dans un premier temps la forme générale du programme de J.-M. Aphatie. Puis nous nous pencherons sur une analyse davantage détaillée de l’émission. Enfin, nous nous consacrerons à la place du journaliste et à la ligne éditoriale du programme radiophonique.

 Partie I : Forme générale du programme

A. Domaine de la pratique sociale
  
L’émission “L’invité de RTL” est un rendez-vous incontournable réunissant prés de deux millions d’auditeurs. Tous les matins à 7h50 sur RTL, Jean-Michel Aphatie reçoit un invité, des personnalités politiques, leaders d’opinion ou grands patrons pour une interview très attendue.
À l’heure de la campagne présidentielle, Jean-Michel Aphatie, ancien membre actif du Parti Socialiste, reçoit les candidats les uns après les autres. Il se doit désormais d’adopter une posture plus neutre vis à vis des politiques qu’il reçoit afin d'offrir aux auditeurs les clés pour situer les politiques dans cette campagne présidentielle 2012. Concernant son domaine de pratique sociale, cette émission relève du domaine de l’actualité et d’un programme d’information. Il pourrait s’agir d’une sorte de rituel d’écoute de la radio avant le travail par exemple.
L’émission du 5 avril 2012 est au cœur du sujet puisque J.-M. Aphatie introduit immédiatement la problématique de l’immigration. Il est intéressant de noter que cette émission a eu lieu à 17 jours du premier tour des élections présidentielles 2012.
La finalité du discours est de donner aux citoyens les moyens de voter et de garantir la démocratie. Si les journalistes souhaitent exercer correctement leur travail, ils doivent impérativement donner aux citoyens les moyens de voter en bonne connaissance de cause.

B. Mise en scène discursive

M. Le Pen domine largement les échanges pendant l’émission. Elle appuie ses propos en prenant le journaliste à partie : La proposition “Monsieur Aphatie” est répétée exactement six fois durant la totalité de l’émission (10min). De nombreuses ruptures de sens sont repérées (“Non il n’y a pas ça” avec un ton descendant, franc, sévère et affirmatif. Elle a une voix grave rendant sont propos davantage crédible. Marine le Pen est dans un exercice de projection vocale donnant de la portée à sa voix et donc à son discours. En revanche, J.-M. Aphatie paraît moins audible que M. Le Pen, avec une voix plus effacée et une articulation moins ample. Parfois, nous avons des difficultés à entendre et à comprendre ce qu’il dit, notamment lorsque M. le Pen couvre sa voix.
Ainsi, elle parle plus fort, elle demeure plus insistante et incisive lui conférant crédibilité et confiance en elle.
De plus, M. Le Pen a réponse à tout, elle utilise des réponses affirmatives telles que “non”,
oui “. C’est le propre du politique d’être en mesure de répondre à toutes les interrogations possibles. De même, elle utilise un procédé courant visant à donner l’illusion d’une réponse par une explication détaillée et à l’allure savante alors que le sujet précis n’a pas été évoqué ou bien n’a pas suscité de réponse satisfaisante. C’est le cas lorsque que J.-M. Aphatie lui demande si la politique pouvait être juge de l’amour. Elle lui rétorque :Si, si elle peut être juge de l'escroquerie... D'ailleurs,...il y a une mesure assez simple, c'est d’allonger le délai de la naturalisation à la suite d'un mariage ; ça permet quand même d'éviter encore une fois l'utilisation du mariage pour obtenir la nationalité française parce que j'ai, tous les jours, moi, monsieur Aphatie...”
Son discours est explicatif et ponctué d’exemples justifiés. Au lieu de desservir les autres candidats, elle s’appuie sur les erreurs de ses adversaires. Grâce à l’enregistrement de la vidéo, nous pouvons visualiser une Marine Le Pen souriante et ouverte. Elle est presque dans la conciliation (“ vous avez raison Mr Aphatie”). Elle maitrise l’exercice de son art et  paraît confiante.

Par ailleurs, nous évoquions que J.-M. Aphatie semblait effacé et dominé par la candidate. Dès le début de l’émission, il tente une thématique originale, celle de l’amour dans un mariage mixte. Cette question semble en décalage puisque nous pouvons supposer que Marine Le Pen ne va pas s’attarder sur des questions sentimentales à quelques jours du premier tour. Cependant, l’animateur n’hésite pas à la questionner concernant le mariage mixte : “ En lisant votre programme, je me demandais si la Politique pouvait être juge de l'amour : Qui aime ? Qui n'aime pas ?  Et la Politique décide.” Il utilise le champ sémantique de l’amour alors que dans sa posture d’animateur et de journaliste, il est censé parler de politique : “Quand les gens déclarent leurs sentiments”, ou encore “ Les gens qui s'aiment ont le droit de se marier s'ils ne sont pas de la même nationalité ? “.
Il paraît assez surprenant et incongru qu’il évoque l’amour et les sentiments dans une émission de petit format à l’approche du premier tour. Il tente de la piéger en la faisant sortir des sentiers politiques mais la candidate le contre assez rapidement.

Enfin, nous pouvons remarquer que Marine Le Pen était plus agressive dans Radio France Politique, en décembre dernier. Elle haussait le ton régulièrement de manière arrogante et paraissait beaucoup plus incisive et sur la défensive.  Aujourd’hui, à quelques jours de la campagne, elle semble moins offensive, davantage dans l’explication constructive que dans la manipulation. Elle parait sereine et moins dans l’attaque permanente. Néanmoins, cela est certainement à mettre en relation avec le format de l’émission (Une heure pour Radio France Politique contre 10 min pour L’invité  de RTL) et de l’échéance politique.

Partie 2 : Forme détaillée du programme   
Nous avons choisi d’analyser de manière plus détaillée les quatre premières minutes de l’émission traitant directement de la question de l’identité française.

A.  Analyse sémio discursive

1. Rôle
Jean-Michel Aphatie est l’animateur de l’émission. L’invité est Marine Le Pen venant défendre son statut de candidate à l’élection présidentielle. Elle se pose également en experte, dans sa manière de s’exprimer, de faire part de ses projets et de répondre au journaliste: “ C‘est à  l avocate que vous parlez”.

2. Visées discursives
Marine Le Pen est présente pour défendre nettement ses idées. Elle affirme sa position mais n’est pas pour autant dans la contradiction virulente. Elle n’hésite pas à rebondir aux propos du journaliste pour mieux y insérer ses propres thématiques. Lorsque J.-M. Aphatie évoque le mariage mixte en employant le champ lexical du sentiment, M. Le Pen, recentre rapidement le sujet sur l'aspect politique en jeu. L’acquisition automatique de la nationalité française par le simple fait de la naissance, les mariages dont vous parliez, les naturalisations massives, les régularisations massives au cas par cas, eh bien,...et bien... il y a peu près 2 millions en un quinquennat de personnes qui entrent sur le territoire français.”
Marine Le Pen semble courtoise vis à vis du présentateur : “c’est important ce que vous dites”, “merci de m’autoriser à le dire”.

J.-M. Aphatie cherche tout de même à piéger M. Le Pen: il lui pose trois fois la question du nombre de mariages mixtes. Il insiste car elle ne répond pas à la question; il semble être sûre que la future candidate ne connait pas la réponse. Il veut prendre l’avantage, lui apprendre un chiffre qu’elle ne maitrise pas. Il continue jusqu’à ce qu’elle daigne répondre à la question par un vague “Beaucoup”.

3. Finalités
Les finalités de J.-M Aphatie sont doubles. D’une part il cherche à éclairer les auditeurs sur le programme de M. Le Pen et sur ses intentions si elle est élue. D’autre part il cherche à faire de l’audience.
Marine Le Pen, quant à elle, cherche à gagner la confiance des auditeurs, dans le but de récolter des voix supplémentaires.

4. Orientations discursives
Le discours de J.-M. Aphatie est hétéro centré. Celui de M. Le Pen est à la fois hétéro centré et égocentré. Hétéro centré car elle débat sur sa campagne et sur un programme destiné aux citoyens français. Mais son discours est également égocentré car elle évoque ses propres idées et la manière dont elle aimerait voir les choses évoluer. Elle est l’initiatrice des idées qu’elle défend.
Les discours de J.-M Aphatie et de M. Le Pen sont à la fois explicatifs et narratifs.

5. Principes
L’émission et la face à face de J.- M. Aphatie et M. Le Pen reposent sur un principe de sérieux et de vérité. Chacun avance des chiffres et des arguments basés sur des faits. Les comportements langagiers en témoignent (“180 000 étrangers”, …) ainsi que le choix des thématiques abordées.

6. Relations
a. Verticale
Dans une émission de ce type, l’animateur est généralement en position haute puisqu’il reçoit l’invité dans son programme. Ici, nous avons l’impression que J.-M. Aphatie s’efface au profit de Marine Le Pen. Celle-ci paraît davantage en position de domination laissant peu la parole à l’animateur. Quoi qu’il dise, elle reprend ses propos pour les amener dans son sens.
 
b. Horizontale
Les deux protagonistes de l’émission semblent éloignés en restant sur leurs positions, chacun dans une sphère qui ne semble pas s’intégrer l’une à l’autre.
Nous assistons ici à un véritable débat. Nous notons des règles de co construction du discours. Elle consiste en l’acceptation d’échanger ensemble. En d’autres termes, ils s’opposent, ils n’ont pas les mêmes points de vue mais ils échangent cordialement. Les deux protagonistes engagent le dialogue social. C’est un espace de discours contradictoires dans lequel chacun argumente selon ses propres convictions. Le débat tourne davantage du côté conflictuel que coopératif puisque leurs avis divergent. En effet, l’animateur n’est pas là pour “boire” les paroles de l’invité mais pour le pousser dans ses retranchements.

7. Capital verbal
a. Nombre de prises de parole et temps de parole
Les tours de parole sont assez bien répartis entre le journaliste et l’invité, en générale une question pour une réponse. Les temps de parole, quant à eux, sont clairement déséquilibrés. La durée des interventions de M. Le Pen est nettement plus longue que celle de  J.-M. Aphatie.

b. Type de prise de parole
J.-M. Aphatie est prenant. Il mène sa propre émission et prend la parole lorsqu’il le désire, la plupart du temps pour interroger M. le Pen. Cette dernière est à la fois sollicitée et prenante. En effet, elle doit logiquement être sollicitée par J.-M. Aphatie pour prendre la parole mais n’hésite pas à s’exprimer lorsqu’elle le décide, parfois même en coupant la parole de l’animateur.

8. Forme argumentative
Marine Le Pen est moins dans le pathos et la manipulation comme nous avions pu le remarquer dans l’émission de Radio France Politique de décembre 2011. Ici, elle est davantage dans des propos d’ordre logique visant à convaincre les auditeurs. Par ailleurs, lorsqu’elle avance des explications sur le mariage mixte simplement en vu d’obtenir la nationalité française, elle rentre dans des propos plus éthiques visant à la persuasion.
Jean-Michel Aphatie est quant à lui davantage dans le pathos lorsqu’il parle d’amour et de sentiments. Il apporte aussi des informations logiques lorsqu’il avance par exemples les chiffres concernant l’immigration. Des propos s’attachant à l’éthos peuvent également être remarqués : « Les gens qui s'aiment ont le droit de se marier s'ils ne sont pas de la même nationalité ?»

B. Analyse discursive

1. Actes interlocutifs
a. Jean-Michel Aphatie
Tout d’abord, nous observons une prise de contact tout à fait cordiale : “bonjour, Marine Le Pen”.
Il existe quelques actes qui gèrent la rencontre : “oui ça dépend”, “vous savez pourquoi je vous pose la question...”.
Nous notons des assertions, actes informatifs autonomes, telles que “ 180 000 étrangers entrent, aujourd’hui régulièrement sur le territoire français ”. Nous repérons également des actes sollicitant des informations telles que des questions “ ça correspond à quoi 10 000? ” ou bien des demandes de validation : “ savez-vous combien il y a de mariages mixtes en France, chaque année ? “.
Des actes qui traitent d’informations émises sont présents. Il s’agit soit d’itérations soit de désaccords. Enfin, le présentateur s’exprime dès le départ sur la question de l’immigration pour y revenir en fin de séquence : “ mais on parle de l’immigration régulière ”.

b. Marine Le Pen
Nous observons des assertions qui viennent émailler son discours souvent après avoir réfuté les propos du présentateur : Non, non, non. Monsieur Aphatie, ce que je voudrais dire, moi, et merci de m'autoriser à le dire, c'est que l'immigration a peut-être ceci de...de... particulier comme problématique qu'à la différence de toutes les autres qui bien souvent sont réversibles, les problèmes économiques que vit notre pays peuvent être réversibles ; l'Immigration, elle, est irréversible “.
Par ailleurs, il est noté des réponses aux demandes de validation de l’ordre du désaccord et de la non réponse à la question précédente du présentateur : “ce n’est pas 180 000, c’est 203 000 ”.
Marine Le Pen ne pose aucune question demandant une réponse mais simplement des questions rhétoriques : “ non mais c’est important, pourquoi ? Parce que …”. Nous ne notons donc pas d’actes sollicitant dans ce passage.
Les actes principaux sont ceux traitant de d’informations déjà émises. Ils sont davantage itératifs ou bien de l’ordre du désaccord.
Enfin, Les actes qui gèrent la rencontre sont présents en répartition quantitative égale à ceux de Jean-Michel Aphatie.

2. Formes d’intervention
Après avoir analysé en détail chaque intervention de nos deux protagonistes, plusieurs éléments peuvent être mis en avant.

a. Jean-Michel Aphatie
Jean-Michel Aphatie est le journaliste et la personne qui régit le débat. La majorité de ses interventions sont de l’ordre de la relance, après avoir introduit une thématique par l’intermédiaire d’une intervention directrice. Ces interventions ont pour but d’ouvrir le débat  En lisant votre programme, je me demandais si la Politique pouvait être juge de l'amour : Qui aime ? Qui n'aime pas ?  Et la Politique décide.” - juste avant le débat portait sur le mariage mixte.
J.-M. Aphatie  reste donc dans la thématique mais il change d’axe.
Nous remarquons également, à plusieurs reprises, la présence d’interventions continuatives.

Exemples :
J.-M. A. : “Chacun doit être aussi responsable de sa vie.
M. Le Pen: C'est vrai, en mariage trompe-qui-peut,  dit le Droit. C'est à l'avocate que vous parlez. Mais monsieur Aphatie, c'est important ce que vous dites.
J.-M. A. : Je vous poste ces questions... Oui, exactement,
M. Le Pen : Non, mais c'est important, pourquoi ? Parce que...
J.-M. A. : ... Parce que quelquefois, on se demande s'il n'y a pas des facilités dans le discours...
M. Le Pen : Non, non, il n'y a pas de facilités.
J.-M. A. : Et si le discours ne nie pas les réalités...
M. Le Pen : ... Non, non, non.
J.-M. A. : ... Dans une société ouverte où chacun est libre de sa vie.”

En effet, J.-M. Aphatie et Marine Le Pen ont tendance à s’interrompre et à continuer de parler chacun de leur coté sans réellement faire attention à la face de l’autre. Chacun tente de s’imposer.

La présence d’interventions non problématisées est également à souligner puisqu’elles ont pour fonction de ponctuer les différentes parties du discours. Elles restent cependant minoritaires puisqu’en 10 minutes chaque partie nécessite d’aller à l’essentiel.
Nous retrouvons donc les fonctions principales du journaliste à savoir faire parler ses invités via des relances sur des thématiques précises poussant ses “adversaires” à la faute et/ou à la confidence. Le tout, en réagissant et en rebondissant sur les interventions de la personne lui faisant face.


b. Marine Le Pen
La plupart du temps M. Le Pen répond aux questions. Elle va droit au but et s’exprime de manière explicative. Par exemple, lorsque J.-M. Aphatie lui demande pourquoi elle veut conserver 10 000 immigrés, elle répond directement “Parce que 10.000, je pense que c'est le seuil incompressible pour ne pas se priver ...de gens de très grand talent qui auraient des compétences... qui n'existent pas en France.”
Bien qu’il existe quelques interventions saltatoires, cela n’est pas représentatif du débat. M. Le Pen ne refuse pas de répondre. Elle rétorque seulement ce qui l’arrange.

Exemples :
J.M. A. : “Votre raisonnement, à votre avis, Marine Le Pen, vaut aussi pour les pays étrangers vis-à-vis des jeunes français qui s'expatrient pour aller travailler. Finalement, chacun chez soi ! Plus personne ne bouge de son pays !
M. Le Pen: Mais je vous signale que les pays étrangers dont vous parlez maîtrisent leur immigration... Et jamais il ne viendrait à l'idée, par exemple, des Etats-Unis, de ne pas mettre à la porte manu militari un jeune Français qui arriverait sans carte verte, sans autorisation de travailler sur le territoire...
J.-M. A. : Mais on parle de l'immigration régulière, Marine Le Pen.”

Dans ce cas,  le rôle du journaliste est de recentrer les propos de Marine Le Pen par le truchement d’interventions problématisées de relance par la reprise.

Encore une fois, les actes non problématisés sont quasiment inexistants. Les rôles ne sont pas renversés. Marine Le Pen reste dans son rôle d’invité en répondant “simplement” aux questions avec la présence majoritaire d’interventions réactives ou continuatives. Elle n’interviendra pas dans le dialogue comme peut le faire J.-M. Aphatie par des interventions problématisées directrices ou par des interventions problématisées de relance par reprise propres à la fonction de journaliste.

3. Actes de parole
a. Sphère de l’information
La sphère de l’information est majoritairement présente puisque, durant l’échange, les deux protagonistes débattent sur des sujets importants de la société, au cœur de la campagne électorale. Ils informent, explicitent, donne des chiffres, confirment ou infirment.
Marine Le Pen parait sûre d’elle et des informations qu’elle avance “ Ce n'est pas 180.000, c'est 203.000. Puis elle poursuit : “Non, non, c'est 203.000 l'année dernière ; c'est 74% de plus qu'en 2000 sous Lionel Jospin” Nous voyons bien qu’elle exemplifie, rectifie l’animateur en citant des chiffres et des pourcentages précis.

Du côté de J.-M. Apathie, la sphère de l’information est moins représentée, excepté au début de l’extrait analysé : 180.000 étrangers entrent, aujourd'hui, régulièrement sur le territoire français. Vous dites que si vous êtes élue à l'Elysée, vous réduirez ce chiffre à 10.000. Pourquoi 10.000, ça correspond à quoi 10.000 ?”. Il pose le cadre et introduit la première thématique de la conversation. Il exprime donc des chiffres, des faits afin que Marine Le Pen puisse répondre et donner sa propre explication.
Concernant le reste du débat, il tente de poser des questions à la candidate et de réagir à certains de ses propos. Mais il ne se situe plus dans cette sphère à l’exception de sa réponse “30 000” qui correspond au nombre de mariages mixtes en France par an.

b. Sphère de l’évaluation
Marine Le Pen use de la sphère évaluative. Elle porte des jugements de valeur et des appréciations sur un état du monde, une thématique précise. Elle exprime ce qu’elle pense et fait part de son mécontentement. Elle prend totalement position lors de la majorité de ses interventions : « Parce que 10.000, je pense que c'est le seuil incompressible pour ne pas se priver ...de gens de très grand talent qui auraient des compétences... qui n'existent pas en France... des chercheurs ou des artistes exceptionnels, voilà... Je pense que c'est un seuil incompressible ».  Elle exprime son opinion et tente de l’expliquer.
Elle marque complètement sa position à l’égard des sujets : Si, si elle peut être juge de l'escroquerie... » puis elle n’hésite pas à renchérir sur une de ses solutions proposées : «  D'ailleurs,...il y a une mesure assez simple, c'est d'allonger le délai de la naturalisation”.

J.-M. Apathie, quant à lui, demeure dans cette sphère de manière plus brève et implicite. Il n’est pas dans une posture où il doit en permanence faire des jugements de valeur. En revanche, par des questions, il porte implicitement un jugement sur un des aspects du programme de la candidate : « ... Les gens qui s'aiment ont le droit de se marier s'ils ne sont pas de la même nationalité ? ». En réalité, il réfute sa politique stricte contre l’immigration et prend le sujet du mariage mixte et de l’amour pour essayer de percuter la candidate et les auditeurs. Nous comprenons bien qu’il porte un jugement car selon lui, les gens qui s’aiment devraient pouvoir se marier, sans que la politique décide de leur avenir : «  ... Les gens qui s'aiment ont le droit de se marier s'ils ne sont pas de la même nationalité ? ».

c.  Sphère de l’interaction
La sphère de l’interaction est évidemment présente puisque nous sommes dans un débat médiatique. J.-M. Apathie se positionne en opposant systématique à la candidate mais de façon discrète et indirecte. Il reconstruit la position du débat lorsque la candidate détourne la question : « Non, là vous parlez de l'immigration irrégulière. Ma question porte sur l'immigration régulière ? ». De même, il tente de la provoquer légèrement : «  ... Parce que quelquefois, on se demande s'il n'y a pas des facilités dans le discours... ». En effet, l’animateur blâme implicitement son programme et le qualifie de douteux. J.-M. Apathie doit être maître de l’interaction même si nous avons repéré à plusieurs reprises qu’il avait des difficultés à s’imposer.

La candidate du Front National se contente de défendre ardûment ses idées tout en étant en permanente interaction avec l’animateur. Elle respecte plus ou moins le contrat de communication puisque J.-M. Apathie lui pose trois de fois de suite une question avant qu’elle y réponde : « Savez-vous combien il y a de mariages mixtes en France, chaque année ? » puis à deux reprises «   Savez-vous combien il y a de mariages ? ». Il tente de garder la dominance de l’échange mais Marine Le Pen tient principalement à aller au bout de ses idées pour ne répondre qu’ensuite aux questions du journaliste.
d. Sphère actionnelle
Contrairement à ce que nous aurions pu penser, la sphère actionnelle est très peu présente. Marine Le Pen explique ses idées mais elle constate également, par exemple, beaucoup la situation des immigrés et des mariages mixtes. Elle n’incite pas vraiment à l’action excepté lorsqu’elle affirme qu’« il faut donc bien réfléchir à qui propose quoi dans cette campagne ». Elle invite les gens à se pencher activement sur les programmes et à réfléchir sérieusement. Pendant l’essentiel du débat, elle explique les faits, la société et son fonctionnement. Elle constate les différents problèmes mais elle n’incite pas vraiment à l’action. J.-M. Apathie n’emploie à aucun moment des actes de parole se situant dans cette sphère actionnelle.

e. Sphère contractuelle
Comme nous l’avons dit précédemment, J.-M. Apathie présente quelques difficultés dans la gestion des tours de parole. Nous le sentons quelque peu désarmé face à Marine Le Pen. Cependant, il tente de la recadrer et de contrôler la conversation : « Vous savez pourquoi je vous pose la question... » ou encore « Mais on parle de l'immigration régulière, Marine Le Pen ».
Nous ne pouvons pas suggérer qu’il régule les tours de parole puisque l’échange se fait de manière assez naturelle. Il se contente de suivre la pensée et les dires de la candidate. Il n’y a pas réellement de pause dans le débat. La conversation est omniprésente. Marine Le Pen est essentiellement dans le constat et les faits explicatifs tandis que J.-M. Apathie tente d’en savoir plus sur le contenu de son programme et de lui poser des questions.

Partie 3 : Problématisation du journaliste et instance médiatique

Dans cette dernière partie, nous allons nous intéresser à la place du journaliste par rapport aux enjeux citoyens et par rapport aux actes interlocutifs identifiés plus tôt.
Nous avons également convenu que nous nous trouvions dans une situation de débat. Cependant la dynamique co-constructive est difficile. Jean-Michel Apathie tente constamment de piéger Marine Le Pen alors que de son coté elle tourne les questions à son avantage.

Ici, l’instance médiatique, représentée par J.-M. Apathie cherche davantage le conflit que la  construction d’un véritable dialogue. Mais il peine à se faire une place face à la candidate.
Nous sortons de la sphère de l’information à plusieurs reprises. Les arguments du journaliste sont souvent de l’ordre de l’émotion. Quand M. Le Pen lui parle de nationalité et de mariage, sa rhétorique se fonde sur les sentiments et plus particulièrement sur le sentiment amoureux. Il cherche à provoquer M. Le Pen en étant dans le jugement. Par conséquent nous sommes davantage dans la sphère de l’interaction. Nous notons donc des émetteurs et des récepteurs issus de la scène publique encadrés par un média, ici RTL, cherchant une situation propice à l’audience.

La place du journaliste n’est plus vraiment d’assurer le maintien de la démocratie mais plutôt d’assurer le spectacle. Recevoir Marine Le Pen s’apparente davantage à un genre de show politique relevant de pathos et de l’éthos que du logos pur. De plus les opinions politiques de Jean-Michel Aphatie semblent transparaitre, au moins en partie, lors de cette interview politique.

Nous pouvons supposer que le format de l’émission y est pour beaucoup. Dix minutes, c’est peu. Les invités politiques n’ont pas réellement le temps de développer leurs arguments. Jean-Michel Aphatie est là pour les déstabiliser. La mise en scène physique (cf la vidéo) y participe grandement. Le journaliste et l’invité sont très proches et en face à face, poussant à l’affrontement. La mise en scène verbale traduit d’ailleurs cette mise en scène physique. Les deux parties ont tendance à interrompre pour se faire entendre.


Conclusion  

La mise en forme de la parole politique dans la sphère médiatique prend une tournure de plus en plus conflictuelle, poussant les candidats dans leur dernier retranchement - avec plus ou moins de réussite. En 10 minutes Jean-Michel Aphatie doit soutirer un maximum d’informations à l’invité quitte à la brusquer.

La mise en forme du discours par l’instance médiatique représentée par J.-M. Aphatie se veut assez pertinent pour pousser les invités aux confidences ou à la faute, suivant les candidats lui faisant face. Il a d’ailleurs remporté le prix Phillipe Caloni de 2011 qui récompense les journalistes les plus émérites et les plus éclectiques.

Par rapport aux émissions précédentes, Marine Le Pen semble plus posée. Elle adapte donc son discours et la façon dont elle le porte suivant les journalistes à qui elle fait face. La mise en scène de l’instance médiatique pèse sur le discours des invités. En 10 minutes il est difficilement possible d’émettre la même chose qu’en une heure d’interview.

Les stratégies discursives sont donc liées au format de l’émission mais pas seulement. Il subsiste tout un contexte autour. Ici nous sommes dans le cadre d’une élection présidentielle. Les invités politiques sont présents pour vendre leur programme. Nous pourrions nous retrouver dans la même émission, mais en dehors de cette course à la présidence, la forme du discours serait certainement encore différente.  

 
ANNEXE : Transcription

Le texte en gras est le discours de Jean-Michel Aphatie
Le texte non gras est le discours de Marine Le pen

Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Marine Le Pen.

Marine Le Pen : Bonjour.

180.000 étrangers entrent, aujourd'hui, régulièrement sur le territoire français. Vous dites que si vous êtes élue à l'Elysée, vous réduirez ce chiffre à 10.000. Pourquoi 10.000, ça correspond à quoi 10.000 ?
= Acte informatif autonome : assertion + acte sollicitant : question
= Intervention problématisée directrice

Ce n'est pas 180.000, c'est 203.000.
= Réponse à la demande de validation : désaccord
= Intervention réaction / assertion complétion

Oui, ça dépend. Enfin ! 
= Acte gérant la rencontre
= Intervention non problématisée

Non, non, c'est 203.000 l'année dernière ; c'est 74% de plus qu'en 2000 sous Lionel Jospin, c'est quand même assez...euh... spectaculaire.
= Acte traitant d’information déjà émise : désaccord + acte informatif autonome : assertion
= Intervention continuative

Réduire à 10.000 ; ça correspond à quoi 10.000 ? Pourquoi pas zéro ?
= Actes traitant d’information déjà émise : questions, itération
= Intervention problématisée de relance par adjonction

Parce que 10.000, je pense que c'est le seuil incompressible pour ne pas se priver ...de gens de très grand talent qui auraient des compétences... qui n'existent pas en France... des chercheurs ou des artistes exceptionnels, voilà... Je pense que c'est un seuil incompressible....
= Réponse en réception
= Intervention réactive

Savez-vous combien il y a de mariages mixtes en France, chaque année ?
= Acte sollicitant : question
= Intervention problématisée directrice / Intervention problématisée de relance par changement de focalisation

Ce qui est sûr, monsieur, c'est qu'il y a beaucoup de mariages euh...qui sont des faux mariages et qui servent à obtenir la la la n...nationalité française ; et là aussi, il faudra …
= Acte gérant la rencontre + acte informatif autonome : assertion
= Intervention saltatoire

... Savez-vous combien il y a de mariages ?
= Acte sollicitant traitant d’information déjà émise : question itérative
= Intervention problématisée de relance par reprise

... Agir. Bon.
= Suite de l’acte précédant + acte gérant la parole
= Intervention saltatoire / non problématisée

Savez-vous combien il y a de mariages ?
= Acte sollicitant traitant d’information déjà émise : question itérative
= Intervention problématisée de relance par reprise

...euh...Enormément.
= acte traitant d’information déjà émise : validation + accord
= Intervention réactive

30.000.
= acte informatif autonome : assertion
= Intervention continuative

Oui. Enormément.
= actes traitant d’information déjà émise : validation + itération + accord
= Intervention réactive

Vous savez pourquoi je vous pose la question...
= acte gérant la rencontre
= Intervention non problématisée

... C'est énorme.
= acte traitant d’information déjà émise : itération
= Intervention continuative

En lisant votre programme, je me demandais si la Politique pouvait être juge de l'amour : Qui aime ? Qui n'aime pas ?  Et la Politique décide.
= actes sollicitants : questions + acte autonome : assertion
= Intervention problématisée de relance par changement de focalisation

Oui, en tout cas, elle peut être juge de l'escroquerie.
= acte traitant d’information déjà émise : désaccord
= Intervention réactive

Pas facilement.
= acte traitant d’information déjà émise : désaccord
= Intervention réactive

Oui si, si, si  elle peut être juge...
= acte traitant d’information déjà émise : itération
= Intervention continuative

Quand les gens déclarent leurs sentiments.
= Acte sollicitant : demande de validation
= Intervention problématisée de relance par adjonction

Si, si elle peut être juge de l'escroquerie... D'ailleurs,...il y a une mesure assez simple, c'est d'allonger le délai de la naturalisation à la suite d'un mariage ; ça permet quand même d'éviter encore une fois l'utilisation du mariage pour obtenir la nationalité française parce que j'ai, tous les jours, moi, monsieur Apathie...
= Acte traitant d’information déjà émise : itération + acte informatif autonome : assertion
= Intervention problématisée saltatoire


... Les gens qui s'aiment ont le droit de se marier s'ils ne sont pas de la même nationalité ?
= Acte sollicitant : demande de validation
= Intervention problématisée de relance par changement de focalisation

Oui, mais tous les jours, moi, j'ai des témoignages de gens qui m'expliquent qu'ils se sont fait avoir, qu'ils croyaient ...qu'ils étaient aimés ; et en réalité, ils se sont aperçus que trois mois ou quatre mois après le mariage, la personne étrangère qui leur avait déclaré leur amour, est parti avec sa nationalité...   
= Réponse à la demande de validation: désaccord + acte traitant d’information déjà émise : explication itérative
= Intervention réactive

... C'est la vie !
= Acte gérant la rencontre
= Intervention réactive

... Française.
= Acte traitant d’information déjà émise : itération
= Intervention continuative

Chacun doit être aussi responsable de sa vie.
= Acte informatif autonome : assertion
= Intervention problématisée de relance par adjonction + continuative

C'est vrai, en mariage trompe-qui-peut, dit le Droit. C'est à l'avocate que vous parlez. Mais monsieur Aphatie, c'est important ce que vous dites..
= Acte traitant d’information déjà émise : itération, désaccord + acte informatif autonome : assertion + acte gérant la rencontre
= Intervention réactive / intervention non problématisée.

... Je vous pose ces questions... Oui, exactement,
= Acte sollicitant : demande de validation + acte gérant la rencontre
= Intervention continuative

Non, mais c'est important, pourquoi ? Parce que...
= Acte sollicitant : demande de validation / question rhétorique
= Intervention continuatives
... Parce que quelquefois, on se demande s'il n'y a pas des facilités dans le discours...
= Acte sollicitant : demande de validation
= Intervention continuatives

Non, non, il n'y a pas de facilités.
= Désaccord
= intervention réactive

Et si le discours ne nie pas les réalités...
= Acte traitant d’information déjà émise
= intervention réactive

... Non, non, non.
= Désaccord
= intervention réactive / continuation

... Dans une société ouverte où chacun est libre de sa vie.
= acte informatif autonome : assertion
= Intervention continuative

Non, non, non. Monsieur Aphatie, ce que je voudrais dire, moi, et merci de m'autoriser à le dire, c'est que l'immigration a peut-être ceci de...de... particulier comme problématique qu'à la différence de toutes les autres qui bien souvent sont réversibles, les problèmes économiques que vit notre pays peuvent être réversibles ; l'Immigration, elle, est irréversible.
= Acte gérant la rencontre + acte traitant d’information déjà émise + acte informatif autonome : assertion

Il faut donc bien réfléchir à qui propose quoi dans cette campagne  parce qu'il est vrai qu'entre le droit du sol, et donc l'acquisition automatique de la nationalité française par le simple fait de la naissance, les mariages dont vous parliez, les naturalisations massives, les régularisations massives au cas par cas, eh bien,...et bien... il y a peu près 2 millions en un quinquennat de personnes qui entrent sur le territoire français...ou qui...et ça, ça fait quand même beaucoup, beaucoup pour un système de protection sociale qui n'en peut plus,...beaucoup pour  un système de logement social qui n'en peut plus, beaucoup pour la Sécurité sociale qui n'en peut plus, beaucoup pour les 5 millions de chômeurs pour lesquels...face auxquels... nous avons quand même des responsabilités... aux 8 millions de pauvres et au 1,2 million de foyers qui attendent un logement social.
= Acte traitant d’information déjà émise : itération  + actes informatifs autonome : assertions
= Intervention non problématisé / interventions problématisées : réactive + continuative + adjonction

Votre raisonnement, à votre avis, Marine Le Pen, vaut aussi pour les pays étrangers vis-à-vis des jeunes français qui s'expatrient pour aller travailler. Finalement, chacun chez soi ! Plus personne ne bouge de son pays !
= Acte gérant la rencontre + acte sollicitant : question / réponse / demande de validation
= Intervention non problématisée + Intervention problématisée de relance par adjonction / Intervention problématisée directrice

Mais je vous signale que les pays étrangers dont vous parlez maîtrisent leur immigration... Et jamais il ne viendrait à l'idée, par exemple, des Etats-Unis, de ne pas mettre à la porte manu militari un jeune Français qui arriverait sans carte verte, sans autorisation de travailler sur le territoire...
= Acte traitant d’information déjà émise : désaccord / itération
= Intervention réactive / intervention saltatoire

Mais on parle de l'immigration régulière, Marine Le Pen.
= Acte traitant d’information déjà émise : désaccord
= Intervention problématisée de relance par reprise

Non, mais que les choses soient claires. Ils ont des règles...
= Acte gérant la rencontre + acte informatif autonome : assertion
= Interventions : non problématisée / continuative

... Non, là vous parlez de l'immigration irrégulière. Ma question porte sur l'immigration régulière ?
= Acte sollicitant : désaccord + acte traitant de d’information déjà émise
= Interventions problématisées de relance par reprise

Mais monsieur Aphatie, ils ont des règles beaucoup plus strictes...
= Acte gérant la rencontre + acte traitant d’information déjà émise : itération
= Intervention continuative + adjonction

... Régulière.
= Acte traitant d’information déjà émise : itération
= Intervention continuative

... Que les nôtres, les autres pays..
= Acte traitant d’information déjà émise : itération
= Intervention continuative

Fin de l’analyse détaillée

Vous mêlez les deux, vous êtes bien d'accord.

Et jamais - encore une fois - il ne viendrait à l'idée, par exemple, des Américains, prenons-le ; mais il y en a d'autres ; de verser, de..de...d'éduquer les enfants de clandestins, de prendre en charge leurs soins...

... Je vous parlais d'immigration régulière.

Mais non, mais même...
  
Régulière !

Non, mais même, monsieur Aphatie !

D'accord.

Est-ce que vous croyez que quand on va dans un pays étranger et qu'on est (et là, je parle à tous les Français qui travaillent à l'étranger), vous croyez qu'on est pris en charge en matière de santé, vous croyez qu'on a un logement qui est accordé...

... Vous avez les droits comme tous les gens sur le territoire, voilà.

Non, monsieur Aphatie, ça n'est pas vrai.

On mélange un peu tout. Une autre question ?

Et j'espère que tous les Français qui travaillent à l'étranger vont appeler votre standard pour vous expliquer que quand on vit à l'étranger, qu'on est Français, on subvient à ses propres besoins et en aucun cas, l'Etat qui vous a accueilli, et qui vous permet d'être là, subvient à vos besoins.

Votre directeur de campagne, Florian Philippot, a annoncé, le lundi 26 mars, sur LCI, une mesure que je n'ai pas trouvée dans votre programme : un mois de service militaire obligatoire pour les jeunes filles et les jeunes garçons. Je n'avais pas vu ça ; ça n'est inscrit nulle part !Vous confirmez, Marine Le Pen, que vous souhaitez qu'un mois de service militaire obligatoire figure parmi vos propositions ?

Oui, un service national ; et je pense d'ailleurs qu'il devrait être...

... "Service militaire obligatoire", a-t-il dit. Civil ou militaire ?

Ce qu'on appelle...de qu'on appelle un service militaire national.

Mais militaire ?

L'idée, si vous voulez,

Militaire, on est d'accord ?

Oui, oui. Oui, pour leur apprendre... Oui, ça a l'air de vous...
Oui, mais bon !

Ah bon ! D'accord.

Un mois, je ne vois pas bien à quoi ça sert ?

Mais moi, je suis attachée à l'Armée et à la relation qui existe entre l'Armée et la Nation.

Donc, c'est une nouvelle proposition que vous faites ?

Je pense que la suppression du service militaire a été, c'est vrai, une erreur, puisque cette graine de patriotisme qui était plantée dans le cœur de nos jeunes à ce moment-là, eh bien manque bien aujourd'hui. Ce creuset républicain qui permettait aussi...

Mais, un mois seulement ?

Oui, parce que je pense que c'est suffisant...

... Ca suffit un mois ?

... Parce qu'après, il y a... vous savez dans mon programme, une Garde nationale ; et puis, ce bilan fait peut-être de la jeunesse aussi, savoir où en est le niveau d’illettrisme chez les jeunes parce qu'il est probablement beaucoup plus important qu'on ne l'imagine ; détecter peut-être ceux qui sont sensibles aux thèses fondamentalistes islamiques qui soi-disant n'existaient pas mais qui pour finir existent puisqu'on en arrête tous les jours.

Si vous faites entrer 800.000 jeunes dans un circuit pour un mois, c'est très minoritaire, voire marginal ce type de comportement !

Oui, mais c'est...vous voyez que je pense qu'il est important que tous ces jeunes, peut-être, se fréquentent aussi, se voient pendant un mois, et sachent qu'il existe encore une Nation...

... D'accord.

... Il existe encore une Patrie...

Le coût ? Combien ça coûte ?

Ah ça, ça coûte un certain.... C'est vrai que ça va coûter... Ca va coûter, mais je pense que c'est utile ; et après l'affaire Merah, il est des sacrifices budgétaires qui sont, je crois, importants pour la cohésion de notre société.

Enfin, l'affaire Merah, ça ne résume quand même pas la société française  !Jean-Luc Mélenchon, hier soir, je vous le fais écouter. Il y a eu un problème entre un cadre du Front National et des gens du Front de Gauche. Il racontait l'histoire, il y a eu une bagarre ; et il finit son histoire comme ça : "Ce sont des sauvages, des brutes, des bons à rien, des gens foutres ; travailleurs qui avaient cru peut-être, un instant, être représentés par cette bande de branquignoles, tachez de vous trouver des représentants de plus haut niveau que ces poivrots..." Un mot de commentaire, Marine Le Pen ?

Ca tombe bien parce qu'hier, il y avait un énorme Poivrot  qui criait "Mélenchon, Mélenchon au Tréport !". C'est rigolo ! Euh..Monsieur Mélenchon a tombé le masque hier.  Lui et son équipe, ils ont dit  que leur seul objectif c'était de battre Marine Le Pen. Ah, vous parlez d'un programme révolutionnaire ! C'est ce que fait le système depuis trente ans : tenter de battre le Front National et de limiter son...son.. influence.

Cet homme est... euh outrancier, c'est le moins qu'on puisse dire ; mais ça a l'air de plaire au système puisque tout le monde lui trouve toute une série de qualités ; mais ça ne plaira pas aux classes populaires parce qu'ils savent que, eux, ils veulent des candidats qui luttent contre le chômage, contre l'insécurité, contre la disparition du système de protection sociale, pas contre Marine Le Pen.

Bonne journée